
Lorsque l’on veut démarrer une production potagère en permaculture, l’une des règles élémentaires, est de préserver au maximum la vie présente dans le sol. Les insectes, vers de terre, et autres organismes fongiques(champignons), ou micro-organismes tels que bactéries, nématodes, et amibes sont à l’œuvre en permanence dans un sol en bonne santé. Ils maintiennent le terrain fertile, bien structuré, et surtout décompacté. Préserver la terre est donc un objectif, doublé d’un impératif qui commence par un paillage efficace. Autonomie Jardin fait le point sur cette méthode de plus en plus plébiscitée.

1 – Pourquoi faut-il pailler ?
Le sol d’un jardin devrait toujours être à l’abri d’une couverture organique afin de préserver au mieux son activité biologique, et donc son potentiel productif. C’est le bel exemple de la forêt. Dans la nature, le sol n’est jamais nu, sauf en zone désertique.
Il s’agit donc d’un cercle vertueux : la matière organique nourrit les plantes en se décomposant au sol, et améliore la capacité de rétention en eau de celui-ci(de belles économie d’arrosage à long terme). Vos cultures seront plus vigoureuses, ombrant à leur tour le sol et le protégeant ainsi des intempéries. Les déchets produits se compostent sur place. Au fil des ans, votre sol deviendra de plus en plus humifère et sa productivité augmentera. Mais pour arriver à de bons résultats, il faut être généreux avec le paillage, tant en quantité, qu’en diversité. Dans l’idéal, il doit être maintenu à l’année, il peut ponctuellement être remplacé par de denses semis d’engrais vert.
En forêt, l’activité microbiologique est présente jusqu’à plus de 2 m de profondeur. Au contraire, le sol d’un jardin entretenu de façon « conventionnelle » voit son potentiel biologique concentré dans les 20 premiers centimètres de terre cette microbiologie diminue nettement en dessous. Le paillage permanent vise à empêcher cette « stérilité des sols en profondeur » .
En résumé, un bon paillage présentera 4 gros avantages :
- il limitera la levée des herbes indésirables ;
- réduira la fréquence d’arrosage (évaporation divisée environ par 4) ;
- protégera le sol (du tassement, du froid, du soleil, de l’érosion) et préservera la microbiologie du sol,
- et nourrira les différents organismes qui travaillent dans le sol ce qui le maintient vivant et fertile.

Photo : Flickr.com
2 – Pailler n’est pas payer !
L’aspect financier du maintien permanent d’un paillage conséquent peut faire peur. Surtout si l’on pense exclusivement paille à proprement parler. Le prix de la paille est assez prohibitif surtout quand il vous en faut en grande quantité. Quelques conseils pour ne pas finir soi-même sur la paille :
- La paille utilisé de façon unique, et exclusive, protégera bien le sol, et jouera un rôle isolant indiscutable, tout en limitant l’évaporation des réserves d’eau du sol. Cependant cette matière sèche carbonée, ne nourrira pas votre terre. De plus, elle se décompose lentement, et prendra donc plus de temps avant de s’incorporer à votre sol, et ainsi lui être bénéfique. La paille seule est donc une mauvaise solution, bien qu’il ne soit pas mauvais d’en apporter un peu.
- Mélangez, et diversifiez les matières organiques tels que feuilles mortes, tonte, déchets de taille(Bois Raméal Fragmenté) directement sur le sol (compostage de surface). C’est la meilleure façon de mettre toutes les chances de votre côté. Variez donc vos paillis, comme dans une forêt. Avec un mélange de matières sèches(paille, bois sec, copeaux, feuilles sèches….), et de matières organiques fraîches(tonte, bois vert, feuilles fraîches, déchets verts….)vous maintenez un bon équilibre carbone/azote .
- S’il n’est pas couvert d’une pellicule plastifiée, ou d’encre le carton épais peut constituer une base carbonée à votre paillage. Simple à poser, il sera parfait pour empêcher la levée des adventices. Mais comme la paille, il ne suffira pas tout seul. Ses apports aux sol seront bien minces. Il sert aussi de refuge aux limaces qui s’y abritent au frais. Évitez donc de l’employer seul. Couvrez-le de feuilles, de tontes de gazon, et de divers déchets verts que vous produisez en entretenant vos cultures par exemple. Je pense que cette méthode est très bien pour démarrer juste après un décompactage. On se contentera ensuite d’alimenter la litière organique en surface.

Photo : Flickr.com
Beaucoup de mes confrères permaculteurs déconseillent l’usage du foin, ou des herbes sauvages fauchées, au seul prétexte qu’ils répandent ensuite des graines d’adventices indésirables. Pour ma part, j’encourage au contraire l’usage de ces foins sauvages, diversifiés, et très bénéfiques au sol.Des graines de ces espèces germent, et certaines poussent au travers du paillage, je ne le conteste pas. Seulement, je me contente à titre personnel de les arracher très facilement au fur et à mesure qu’elles se présentent, puis les intègre au paillage. J’en oublie, souvent volontairement, certaines qui ne me dérangent pas, et qui même m’intéressent pour leur capacités à attirer les pollinisateurs, éloigner les ravageurs, ou encore leur pouvoir racinaire décompactant.
3 – Privilégiez et valorisez les matières organiques disponibles
On peut aisément comprendre qu’il n’est pas, dans le concept de permaculture, logique, ni souhaitable de pailler avec une paille hors de prix venue de l’autre bout du pays ou du continent voisin. Il faut en premier lieu valoriser nos propres déchets organiques, et privilégier les ressources disponibles sur votre parcelle ou aux environs les plus proches. À ce titre évitons de nous ruiner en mono-paillages onéreux vendus dans les jardineries.
Les déchets de vos diverses tailles ne doivent surtout pas être jetés, ainsi, vous pouvez facilement les débiter en petits morceaux. Il suffit de couper les tiges en segments de 15-20 cm pour en faire un bon paillis. Chaque déchet vert compte, même ceux issus des tailles de conifères, à petite dose toutefois car ils sont acidifiant. Ces déchets de résineux sont du coup très intéressant pour pailler les plantes dites de terre de bruyère(hortensia, érables, azalées, rhododendrons, camélias etc.) .
Les petits apports réguliers font de grands paillages permanents ! Et si votre composteur déborde, rien ne vous empêche de compléter vos litières organiques avec les restes de cultures en fin de cycle.

Photo : Pixabay.com
4 – pailler c’est économiser, et augmenter la productivité
Pour conclure ce sujet très étendu du paillage, il faut garder en mémoire que le paillage à un but écologique, et un objectif économique. Je déconseille donc vivement ;
- L’utilisation exclusive de paille, certes très esthétique, mais qui coûte très cher, et ne nourri pas suffisamment le sol. Le mono-paillage est de manière générale à proscrire.
- Les paillages minéraux pour de raisons similaires à la paille, une différence, les paillages minéraux ne nourrissent pas du tout le sol, et finissent avec le temps par s’y ensevelir, ce qui rendra votre sol caillouteux, et très drainant.
- À bannir absolument, tous les paillages plastics, et ceux soit disant écologiques, à base d’amidon, car ils empêchent la bonne oxygénation de votre sol. La terre sous ce type de paillage hideux, surchauffe en été, et l’air ne circule pas, la vie du sol en est très négativement impactée. L’utilisation temporaire d’une bâche durant l’hiver peut se justifier, par dessus un paillage, et ce dans le but d’accélérer la décomposition de ces matières organiques .
- Enfin, les écorces de pin, et autres paillis à base de conifère, et résineux, peuvent être ajoutés en petite quantité, et à fréquences espacées dans le temps. Seuls les végétaux dits de terre de bruyère toléreront un apport régulier et fréquent de ces matières.

Photo : Pixabay.com
En adoptant une bonne habitude de paillage régulier, et diversifié, vos cultures gagneront progressivement en productivité ce qui amplifiera vos économies réelles dans le cadre d’une production permanente de fruits et légumes. Le paillage est tout aussi bénéfique aux jardins ornementaux, dont la luxuriance finit par occulter totalement l’aspect peu glamour de ces amas de matières organiques.
Ben Mason
Contributeurs: Je remercie mes parents Dominique & Dieter Mason pour leur soutien, et leur participation à la continuité de ce blog. Merci pour votre aide.