LA PUNAISE DU CHOU : Savoir la gérer

Sur les cultures de choux, on entend surtout parler de la fameuse pyrale, une chenille défoliatrice. Il existe pourtant d’autres plaies inhérentes à ce légume-feuille, l’une d’elles, la punaise du chou, peut faire de gros dégâts, dès lors que sa présence vire à l’invasion. Pourquoi apparaît-elle, et comment limiter la casse ? Autonomie Jardin vous livre les secrets de cet insecte flashy, à l’odeur peu sympathique !

1 – De quoi s’agit il ?

Il existe en réalité trois espèces de punaises(Eurydema) qui occasionnent des dégâts sur les choux. La punaise du chou, la punaise verte du chou, et la rouge du chou. Le cycle de vie ainsi que les dégâts causés par ces trois espèces sont très similaires. Ces punaises, sont petites, moins d’1 cm. Elles portent de jolis motifs sur le dos, et ont des couleurs vives. Au moins, elles ne sont pas traître, on les voit bien se balader sur les feuilles délicieuses des Brassicacées !

Les adultes sortent à partir de mi-mars, dès que les températures sont en hausse, pour se nourrir sur le chou, et d’autres crucifères(radis, navets, moutardes..). Après la reproduction, les femelles fécondées déposent les œufs sous les feuilles de la plante hôte. Les œufs sont blancs et cerclés de noirs. Ils sont disposés les uns à côté des autres en 2 rangs. Après 3 à 5 jours, les œufs éclosent et délivrent des larves jaunes et noires qui ressemblent déjà aux adultes. Au mois de juin, après plusieurs mues, les larves sont adultes, de couleur rouge et noire. Cette génération d’adulte se reproduit à son tour. Les larves de la 2ème génération sont adultes au mois d’août. En automne, dès que les températures baissent, les punaises se mettent à l’abri pour passer l’hiver (fissures du sol, des murs ou des troncs, sous les pierres ou les feuilles mortes).les adultes qui ont survécus à l’hiver ressortent à partir du mois de mars, et recommence le cycle.

2 – Quels sont les dégâts occasionnés ?

Les dégâts dus à cet insecte sont à relativiser, elles n’occasionneront pas de dégâts très importants sur vos cultures, sauf en cas d’invasion de masse. Les punaises du chou se nourrissent de la sève des plantes qu’elles attaquent. Elles percent les feuilles des plantes à l’aide de leur organe buccal suceur(rostre) pour pomper de la sève. Des taches jaunes ou blanchâtres en mosaïque apparaissent alors sur les feuilles de vos choux. Lorsque celles-ci sont nombreuses, elles peuvent faire rapidement sécher les feuilles, et parfois provoquer la mort du végétal infesté. La croissance, et le développement des pieds atteints est nettement ralenti, voir même stopper en cas de forte infestation. Il faut donc se montrer vigilant.

Eurydema ornatum, est une des 3 espèces de punaises qui parasitent les choux
Photo : Wikipedia.org

3 – Comment la gérer ?

Pour cohabiter pacifiquement avec cette punaise fréquente, il vous suffira de les enlever régulièrement à la main et de les relâcher à bonne distance de votre potager(en campagne, pas chez le voisin!). Surtout, ne les écrasez pas car leur odeur est réellement horrible et vous risqueriez d’en contaminer vos choux. Ces collectes régulières limiteront leur nombre, et donc les dégâts subis. Des filets anti insectes que l’on place sur les cultures sont efficaces pour empêcher l’accès à ces ravageurs. Il ne vaut mieux pas les éradiquer de façon radicale, et quasi totale, sinon vous ne favoriserez pas la présence de leurs prédateurs naturels. Le risque d’invasion sera alors maximum l’an suivant.

En bio-contrôle, il existe de petites mouches tels que Trissolcus simoni, ou encore Trissolcus basalis, entre autres, qui parasitent les larves de ces punaises en pondant leurs œufs dedans. Ces parasites ne sont pas commercialisés, mais ils sont présents dans la nature. Certains oiseaux, mais aussi des araignées de jardin se nourrissent des punaises adultes. Enfin, le traitement à base de bactérie : poudre qui contient des cristaux et la bactérie Bacillus thuringiensis. Il suffit de pulvériser sous forme de poudre sur les plants infectés. Il s’agit là d’un simple apport complémentaire, puisqu’on retrouve ce bacille en plus faible concentration dans pratiquement tous les sols, l’eau, l’air et sur le feuillage des végétaux.

Les Trissolcus sont de minuscules mouches qui parasitent les punaises.
Photo : Commons.wikimedia.org

La pulvérisation d’une décoction à base d’ail est aussi un bon moyen d’éloigner la punaise du chou naturellement. En effet, elles n’aiment pas l’odeur de l’ail et auront tendance à fuir rapidement. Il vous suffit de mélanger de l’ail en poudre avec de l’eau, laissez macérer 24 heures, et de mettre cette préparation dans un vaporisateur pour pulvériser sur vos choux. Plus simple, l’huile essentielle d’ail, quelques gouttes dans une noix de savon naturel, dilué à un litre d’eau, fera le même effet répulsif.

Punaise rouge du chou au stade juvénile
Photo : Flickr.com

En dernier recours, si l’invasion est massive, il est possible d’appliquer un insecticide végétal à base de tabac, ou de pyrèthre.

En préventif, il faut compter sur un hiver froid pour éviter la résurgence des adultes de l’an passé, et en tous cas favoriser la biodiversité régulatrice de tous parasites, et nuisibles. La rotation régulière de vos cultures est une méthode simple, et efficace pour éviter leur réapparition, et endiguer leur prolifération.

Ben MASON

Bonjour Samy,
face aux invasions de punaises il est vrai que la situation peut devenir décourageante. Il est aussi vrai que les dégâts ne sont pas négligeables lorsque ces ravageurs sont nombreux. Je ne cherchais pas à minimiser le problème, j’observe simplement qu’il existe des parasites bien plus inquiétants pour les cultures.
Je vous prie de bien vouloir m’excuser si j’ai pu laisser entendre que ces ravageurs ne sont pas trop nuisibles. Je tâcherai de clarifier l’article concernant ceci.
J’admet que je n’ai pas toutes les solutions, comme vous je suis parfois dépassé par les ravageurs. Je pense que lorsqu’on décide de faire sans produits phyto, il faut accepter que les bestioles bouffent une partie de nos productions.
Les pertes sont plus conséquentes qu’en culture conventionnelle, j’en conviens, personnellement je fais énormément de semis pour être certains qu’un certain nombre de cultures passent entre les griffes impitoyables de dame nature. Dernièrement ce sont mes semis de carottes qui ont été dévalisés par des cohortes de fourmis! Que voulez vous, j’en ai fait mon deuil. Il y a des années avec et des années sans!
j’ai eu quelques punaises l’an dernier, elles ne m’ont causé que peu de pertes, et cette année je n’en ai pas vu une seule. Les huiles essentielles d’ail semblent donc avoir bien fonctionné dans mon cas, où l’invasion était limitée.
Une solution alternative en cas de forte infestation consiste à ne pas faire de choux, et plantes apparentées durant une ou deux saisons afin de faire décliner la population de punaises. Bien sûr c’est une contrainte, mais sans doute vaut il mieux renoncer aux choux que de cultiver du chou imbibé d’insecticides. Vous faites bien de ne pas utiliser de tels produits.
Si le rave se montre plus vaillant face aux punaises, privilégiez donc cette variété l’an prochain. Ceci dit, si il n’y a pas leurs choux de prédilection, il est possible qu’elles se rabattent sur le chou-rave, je n’en suis pas certain.

L’installation de nichoirs peut également contribuer à mener la vie dure à ces insectes, mais si les punaises sont bien installées, cela peut prendre plusieurs années avant que le problème ne soit régulé significativement.
Bonne continuation dans vos cultures.

Bien à vous
Benjamin

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