HUGELKULTUR : La butte autofertile

Conceptualisée initialement par Sepp Holzer, permaculteur Autrichien, cette méthode de butte de culture autofertile est devenue progressivement, à tort, l’un des symboles de la permaculture. La technique a en effet été adoptée par beaucoup de permaculteurs, qui en l’adaptant à leurs besoins, et à leurs types de sols respectifs, ont donnés lieu à de nombreuses variantes , dans leurs formes, mais également dans leurs compositions. Le point commun à toutes, est une base de bois, troncs et bûches en décomposition, éléments essentiels à ce type de buttes. Autonomie Jardin vous explique comment réaliser vous même ces supports de cultures, leurs fonctionnements, mais également dans quels cas il vaut mieux, raisonnablement, y renoncer.

Culture sur butte autofertile
Photo : commons.wikimedia.org

1 – Hügelkultur, was ist das ?

Ce terme qui claque, provient de l’Allemand, et signifie littéralement « culture sur butte ». Popularisé par le fermier Autrichien Sepp Holzer qui à développé la méthode dès les années 70 sur son exploitation en montagne, après que les méthodes conventionnelles eurent été un échec. Il a réussi par cette technique à rendre une incroyable fertilité à son sol de montagne ingrat, et caillouteux. Il fait depuis figure de pionnier dans le développement des techniques d’agriculture naturelle, notamment en milieu alpin. Il est une référence pour beaucoup de permaculteurs, adeptes de la butte ou pas.

Son système ingénieux s’inspire de la simple observation des mœurs de la nature, en particulier dans les forêts, où le sol est frais, fertile, humide, et humifère, grâce à la décomposition naturelle de la bio masse s’accumulant au sol. Dans la nature, le bois mort représente un pilier fondamental pour certains cycles écologiques.

Le bois mort, sert de support à la vie
Photo:Fne.asso.fr

Le principe est donc de reproduire le même système écologique forestier au jardin, en intégrant notamment du bois spongieux, en décomposition, dans une butte. La terre de jardin, associée à du compost, et des déchets verts variés composent également ce type de butte que l’on couvre en général d’un bon paillage.

Longtemps restée très théorique, et contestée, la méthode de Holzer à depuis été testée, et éprouvée. Il a été constaté sur des buttes témoins, qu’aucuns végétaux cultivés ne présentaient de carence. Les permaculteurs particuliers sont nombreux à également témoigner de son efficacité. Les échecs constatés sont peu nombreux, et sont dus notamment à un mauvais équilibre des composants organiques de la butte, à un sol inadapté car trop rétenteur, ou à une exposition quasi permanente aux vents dominants.

2 – Des avantages multiples, mais quelques inconvénients

Le principal avantage d’une butte autofertile réside dans sa capacité d’hydro-rétention. Les bûches et rondins de bois en décomposition sous la butte agissent tels des éponges, et contribuent ainsi à maintenir le sol humide. La décomposition lente de ce bois spongieux, et des divers éléments organiques intégrés à la butte, alimentent la butte de manière constante, et diffusent, en éléments nutritifs, bactéries, champignons, et autre micro-organismes du sols, indispensables au développement des végétaux. La butte s’autofertilise ainsi durant une période allant de 5 à 15 ans, suivant sa taille, et sa composition. On notera aussi qu’une butte bien orientée, et exposée au soleil se réchauffera plus rapidement au printemps.

Le gain de place est un des points forts de la culture sur butte, puisque la butte permet de planter le double de plantes que sur une même surface plane.

Enfin pouvoir travailler debout et à hauteur d’homme est un plus non négligeable.

Le système de butte permet un travail plus aisé sur les cultures
Photo : Sud-ouest.fr

Dans la série des principaux inconvénients, on retiendra en premier lieu que son adaptabilité n’est pas universelle. En fonction de votre type de sol, et de votre climat, sa pertinence peut être discutée. Il faut donc avant tout se demander quels seraient les avantages, et les intérêts d’une butte, au regard de votre cas personnel, de la topographie du terrain, et de ses conditions propres.

La mise en place d’une butte implique souvent de creuser un trou dans le sol, car il faut décaisser un peu pour pouvoir placer du bois au fond. Ce travail de la terre perturbe la vie du sol, et crée un déséquilibre momentané, certes, mais réel. Il implique également des efforts physique, et un investissement de temps dans sa réalisation.

En région très venteuse, la butte représente une prise au vent considérable, ce qui atténue, voire annule totalement l’intérêt hydrorétenteur. Mieux vaut alors s’abstenir de monter un tel dispositif. Pour finir, il est vrai que certains rongeurs(souris et campagnols) prennent parfois l’habitude d’élire domicile dans les buttes, non sans occasionner quelques dégâts et chapardages.

Tous ces éléments doivent être pris en compte avant de décider de monter une butte.

3 – Comment procéder au montage?

– l’emplacement :

En premier lieu, sélectionnez un endroit bien exposé au soleil(sud/sud-ouest), et abrité des vents dominants. La surface doit être plate, si votre terrain présente une pente, il vous faudra terrasser, et niveler, afin que l’eau de votre butte ne file vers le bas de la pente. Prévoyez de l’espace entre vos buttes, vous devez au moins pouvoir passer à l’aise avec une brouette. Pour les petits espaces, il est judicieux de réaliser un coffrage en bois, qui délimitera parfaitement le contour, et votre butte ne s’affaissera pas dans les allées. Les dimensions d’une butte peuvent beaucoup varier en longueur, la largeur de la base ne doit pas excéder 1 mètre, en général on la limitera à 80 cm. Une butte trop large, et trop haute compliquera beaucoup la plantation, l’entretien, et les récoltes.

– préparation du sol

Bien que je déconseille la réalisation d’une butte sur sol très argileux, il sera préférable, si vous décidez tout de même de sa mise en place, de ne pas creuser de fondations. Commencez votre montage directement sur le sol, afin d’éviter sa mauvaise décomposition, due à une mauvaise oxygénation en sol lourd, et rétenteur.

Dans les autres cas, vous commencerez par dégager la surface des herbes indésirables.

Vous creuserez ensuite une fosse sur toute le surface de votre future butte. Cette fosse doit être peu profonde, 20 à 30 cm, 50 maximum si votre sol est très drainant. La largeur de votre fosse ne doit pas dépasser 1m.

Conservez la terre, les herbes, et les mottes, tout sera plus tard intégré à la butte. Pour limiter davantage la pousse d’herbes indésirables sur votre butte, enlevez le maximum de grosses racines, et rhizomes.

Sur sol argileux, et rétenteur, on procède au montage directement, à même le sol.
Photo:Deskgram.net

– montage de la butte

Placez vos bûches, souches, et rondins au fond de la fosse jusqu’à ce que ceux-ci dépassent un peu de la surface du sol. Arrosez copieusement le bois, si il est trop sec, il pompera systématiquement toute l’eau que vous apporterez à la butte, au lieu d’en diffuser.

Il faut éviter toute poche d’air entre les rondins, couvrez le gros bois avec des déchets verts (tonte, adventices arrachées, chutes de taille, feuilles vertes, ou mortes). Les interstices comblés au mieux, ajoutez une bonne couche de Bois Raméal Fragmenté qui activera la décomposition, et l’apparition des mycéliums.

Placez troncs, bûches, et rondins en décompositions au fond de la fosse
Photo : Toulouse.entransition.fr

Placez ensuite par dessus les grosses mottes avec herbes dégagées lorsque vous creusiez la fosse. Disposez ces mottes sur la butte, en veillant à ce qu’elles soient retournées, ainsi les herbes se décomposeront plus rapidement, et apporteront aussi des éléments fertilisants à votre butte. À ce stade vous pouvez disposer des branches, et des rondins autour de la butte pour stabiliser sa base.

Arrosez bien à nouveau, afin que les premières couches se tassent. Poursuivez le montage, en ajoutant la terre de jardin conservée, mélangée avec un bon compost, et des déchets verts, (tontes, feuilles fraîches, et brindilles encore vertes).

Je précise que les matériaux utilisés peuvent varier, tout peut être utilisé, à l’exception du cèdre, des résineux, et du noisetier. Certains ajoutent du fumier au mélange, il faudra alors patienter quelques mois avant de mettre la butte en culture. On procède dans ce cas à l’automne, pour pouvoir planter au printemps.

Pour terminer votre hügelkultur, recouvrez la base créée avec un mélange terre/compost jusqu’à la hauteur souhaitée. Il est préférable de ne pas dépasser 1m30, ce qui est déjà une très belle butte. Dans l’idéal, les faces de votre butte doivent avoir une inclinaison d’environ 45°.

Vous pouvez optimiser en rajoutant une couche de 3 cm de bon compost, avant d’isoler votre butte avec un épais paillage.

– le coffrage

Le coffrage de la butte n’est pas indispensable, dans la majorité des cas, on se contentera de coffrer la base avec des rondins, et de grosses branches. Cependant, dans des espaces réduits, on peut réaliser un coffrage en planches. Celui ci se réalise après avoir creusé la fondation de la butte. Il suffit de 4 piquets que vous enfoncerez de 40 à 50 cm dans le sol, aux 4 coins de la fosse. Placez ensuite des madriers, que vous visserez aux piquets. Les madriers doivent avoir de bonnes dimensions, afin qu’ils puissent tenir quelques années(largeur 7 cm). Empilez les madriers sur une hauteur de 30 cm environ. Votre coffrage effectué, vous pourrez procéder au montage de la butte tel qu’indiqué plus haut.

Un coffrage en bois peut se révèler idéal pour les espaces restreints
Photo : Untoitpourlesabeilles.fr

4 – Dois-je faire une butte ?

Vous l’aurez compris, en permaculture, faire des buttes n’est pas un but, ne soyez donc pas butté.

-Si votre terre est lourde, et souvent imbibée, on évitera cette technique, ou on la fera au dessus de la surface, nous serons alors davantage dans un mode de culture plus ou moins hors-sol(selon moi).

-Si vous vous situez en climat venteux, l’option ne sera pas très adaptée non plus, à moins d’avoir un endroit abrité du vent par un mur, un bâtiment, une forêt, ou simplement d’une épaisse haie coupe-vent.

-Si vos besoins en légumes sont faibles, ou que vous disposez de beaucoup de place, demandez vous si il est vraiment utile d’entamer le montage de buttes.

Photo : Jardinature.net

Pour conclure, la culture sur butte autofertile est une solution qui marche, et un outil de culture naturel performant, mais avant tout un choix qui doit être raisonnablement justifié.

Ben MASON

Publié par Ben. Mason

Jardinier autonome, spécialisé en éco-jardinage, et en permaculture.

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