
Lorsque l’on veut entreprendre une culture sur une nouvelle parcelle, il est primordial, dans une démarche agroécologique, d’en connaître la nature, et la structure. Chaque terrain a ses propres spécificités qui lui confèrent toutes ses qualités, mais aussi tous ses inconvénients. Ainsi, il n’y a pas selon moi de mauvaise terre en soit. Il existe en revanche des sols morts, pollués, et/ou très abîmés pour des raisons diverses. La clé d’un sol fertile réside en grande partie dans l’humus qu’il contient. La biodiversité de votre parcelle au point de vue végétal, ainsi que la capacité de votre sol à retenir les éléments nutritif sont également des facteurs qui ont leur importance dans la fertilité d’une terre de jardin. Suivant la nature du sol cultivé, les méthodes de culture, de fertilisation, et d’arrosage ne seront pas comparables d’une parcelle à l’autre.
Autonomie Jardin vous aide à identifier précisément votre sol, à le comprendre, et le respecter afin d’en obtenir les meilleures récompenses.

1 – Déterminer le type de sol
Le sol est la matière organique et minérale juste sous nos pieds. Il se divise en plusieurs couches. L’humus est la première couche en surface puis se succèdent un ou plusieurs horizons.
Humus : l’ensemble des résidus végétaux et animaux, plus ou moins décomposés, à la surface du sol minéral.
Horizons : ils forment la portion minérale du sol et se caractérisent en outre par leur texture.
Il n’est pas nécessaire de disposer de grandes connaissances en botanique pour savoir identifier le type de sol que vous cultivez. Il faut cependant bien observer la couleur de votre terre et identifier les végétaux qui s’y développent spontanément.
Il existe en résumé 6 grands types de sols :
– Le sol argileux : Un sol argileux est composé d’une grande quantité de particules fines de roches de diamètre inférieur à 2 microns. La finesse de ces particules en fait un sol lourd et compact très imperméables à l’eau. En période de sécheresse, il devient très dur et laisse apparaître des crevasses. Par contre en période humide, il devient étanche et retient en surface l’eau qui ne peut plus s’infiltrer en profondeur. Il est alors boueux, extrêmement collant et difficile à travailler. Le pH de ce sol est entre 6 et 7,4.

Photo : Pxhere.com
– Le sol calcaire : Un sol calcaire se reconnaît à sa couleur blanchâtre. Il est principalement composé de carbonate de calcium (CaCO3) qui provient de l’accumulation de dépôts marins lors des périodes géologiques anciennes. Il est donc fréquent dans ce type de sol de découvrir toutes sortes de fossiles. Pour détecter facilement si un sol est calcaire ou pas, il suffit de verser du vinaigre blanc sur un échantillon. Une réaction chimique se produit alors et dégage une mousse blanche. Un sol sera d’autant plus basique (PH = 7 à 14) qu’il contient beaucoup de calcaire. Pour déterminer son degré de calcaire, on effectuera une mesure de PH. C’est un sol qui craquelle en été et peut être boueux en hiver.

Photo : Agritruffe.eu
– Le sol sableux : Les sols sableux sont souvent secs, pauvres en matières organiques, aérés et très drainants. Ils ne sont pas aptes à transporter l’eau par capillarité jusqu’aux couches profondes ce qui les rend instables. Lorsqu’on le prend dans les mains, il s’effrite. Le pH de ce type de sol est de 6,2 à 6,6.

Photo : Pxhere.com
– Le sol humifère :Un sol humifère est un sol communément appelé « Terre Végétale ». C’est la terre de forêt. Il est riche en matières organiques, de couleur brune à noire. Il se travaille facilement. Il est meuble, spongieux, ne colle pas, s’aère facilement, et dégage une odeur de sous bois après la pluie. On mesurera un pH inférieur à 6,6.

Photo : Jardipartage.fr
– Le sol limoneux :On appelle « sol limoneux » un sol riche en limons. C’est un sol dont les grains sont de taille intermédiaire entre les argiles et les sables. Ce sol s’est constitué par dépôts sédimentaires le long des cours d’eau. On le trouve donc en zone fluviale. Pour bénéficier de l’appellation « sol limoneux », ce sol doit renfermer moins de 10% d’argile. Ce type de sol est doux au toucher. Il est poudreux, et poussiéreux, en période de sécheresse. Il est léger et facile à travailler. Lorsqu’on malaxe une poignée de ce sol, il ne ne compacte pas, mais s’émiette. Par contre, lorsqu’on le piétine, il se tasse et se compacte rapidement.

Photo : Arvalis-infos.fr
– Le sol franc ou terre franche : c’est véritablement le sol idéal qui mélange l’ensemble des caractéristiques précédentes. Il s’agit d’une terre composée de mottes brunes équilibrée : majoritairement sableuse (entre 40 et 80%), contenant de l’argile (entre 15 et 20%), un minimum d’humus (environ 5%) et un peu de calcaire. En plus de ces grandes catégories, il existe bien sûr des déclinaisons (argilo-limoneux, limono-sableux, etc) en fonction des proportions relatives des éléments. Il faut en revanche garder à l’esprit qu’il n’y a pas de mauvais sols pour cultiver, juste des sols auxquels il faut savoir s’adapter en jouant avec les engrais verts, le compost(humus), et les paillis pour obtenir la texture désirée.
Enfin, il existe quelques tests simples à réaliser pour connaître la structure de votre sol, et savoir si celui-ci est plutôt acide, ou basique. En l’absence de test PH plus précis vendus dans le commerce, ils permettront au moins de connaître la tendance de votre terre.
2 – Quelques tests simples à réaliser
Le test de la bouteille :
Le test de la bouteille est un test simple pour séparer les différents composants du sol, voici comment procéder :
– prenez une bouteille (ou un bocal) transparent et non teinté.
– remplissez-la à moitié de terre
– comblez le restant avec de l’eau
– secouez énergiquement pendant trois minutes.
– laissez reposer la mixture durant une heure
– secouez à nouveau pendant trois minutes.
– laissez reposer à plat pendant 24h au moins.
Logiquement au bout de ce laps de temps les différents composants du sol se sont séparés par décantation.Tout en bas les sables, au dessus les limons, la limite est difficile à voir mais pour simplifier, dès qu’on ne voit plus les grains à l’œil nu on est dedans. Et pour finir les argiles qui forment une masse compacte au dessus du reste. La matière organique(humus)flotte quant à elle à la surface.

Illustration : Wikipedia.org
Il faut ensuite calculer le pourcentage de chaque composant. Voici un tableau(triangle des textures) qui vous aidera à repérer facilement quel type de sol vous avez, en fonction des pourcentages obtenus.

Image: ceraue.fr
Le test du vinaigre :
Pour savoir si le sol est calcaire, versez un peu de vinaigre blanc dessus :
- Si une réaction effervescente se produit, le sol est calcaire
- Si la réaction est très faible, il est alors proche de 7 (PH Neutre)
- En l’absence de réaction, il peut être neutre ou acide, seul le test au bicarbonate vous permettra de le déterminer.
Le test au bicarbonate :
Un test au bicarbonate vous indiquera si le sol est acide :
- Mélangez dans une bouteille un peu de votre terre avec de l’eau déminéralisée (au PH neutre) puis mélangez bien
- Versez du bicarbonate sur le mélange
- Si vous observez une réaction, la terre est acide
3 – Les plantes bio-indicatrices
Répertorier toutes les plantes qui poussent spontanément sur votre sol doit se faire sur la durée, saison après saison, hors période de fauchage ou de tonte, en tenant compte de la concentration de chacune : quelques pieds épars de mouron à un seul endroit ne sera pas significatif au regard d’une prairie truffée de fleurs jaunes de pissenlits !
N’hésitez pas à faire des photos et mesurer les plantes dont vous n’êtes pas sûr de connaître l’identité précise ou la variété : vous pourrez vous renseigner auprès d’un ami plus connaisseur que vous en botanique, en envoyant une photo à autonomiejardin@gmail.com ou en consultant une encyclopédique des plantes(« L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices » de Gérard Ducerf, ancien agriculteur, botaniste de terrain – 3 tomes – Éditions Promonature).
Ci-après, découvrez quelques-unes des plantes les plus couramment rencontrées dans les jardins, et bio-indicatrices de votre sol :
- bourse à pasteur (Capsella bursa-pastoris) : sol compacté riche en calcaire
- bouton d’or (Ranunculus repens) : terre à pH acide, humide, lourde et argileuse
- céraiste commun (Cerastium triviale) : sol riche en matières organiques et en azote
- chardon des champs (Cirsium arvense) : sol compacté calcaire, avec excès de matière organique, de fumier non décomposé, d’engrais azotés
- chien-dent (Elytrigia repens) : sol compacté très riche en azote

photo : villesaint.fr
coquelicot (Papaver rhoeas) : sol à tendance calcaire

Photo : Pxhere.com
- datura (Datura stramonium) : sols pollués
- gesse (Lathyrus) : terre lourde et argileuses
- grand plantain (Plantago major) : sol trop tassé manquant d’oxygène, gênant le développement de la vie bactérienne

Photo : Pinterest.com
- lamier pourpre (Lamium purpureum) : sol lessivé, riche en calcaire, avec excès d’azote et de matières organiques
- liseron des champs (Convolvulus arvensis) : sol compacté très riche en azote

Photo : Pixabay.com
mouron blanc (Stellaria media) : sol équilibré, bien minéralisé

Photo : loisillon.fr
- moutarde (Sinapis arvensis) : sol à tendance calcaire
- ortie (Urtica dioca) : sol humifère, avec excès d’azote, de fer, de matière organique animale
- oxalis pied-de-chèvre (Oxalis pes-caprae) : sol victime d’érosion, sans doute trop laissé à nu, sol siliceux avec bonne vie microbienne aérobie
- pâquerette (Bellis perennis) : sol lourd, argileux et acide
- pissenlit (Teraxacum officinale) : sol riche en humus, prairie riche sauf s’il est extrêmement dominant
- pourpier potager (Portulaca oleracea) : sol victime d’érosion, sans doute trop laissé à nu
- prêle des champs (Equisetum arvense) : terre lourde, acide, humide, tassée
- renoncule rampante (Ranunculus repens) : sol engorgé d’eau manquant d’oxygène, empêchant toute vie bactérienne
- rumex à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius) : sol asphyxié à cause d’un excès d’eau et de matière organique animale
- spergule des champs (Spergula arvensis) : sol pauvre en argile et en matière organique
- trèfle blanc (Trifolium repens) : sol à tendance calcaire, compacté

Photo : Jacques-Briant.fr
4 – Conclusions
Vous l’aurez compris, la fertilité d’un sol est due principalement à la biomasse qui se décompose à la surface de celui-ci. Quelle que soit sa nature, et sa structure, la solution optimale sera de mon point de vue toujours la même Un apport régulier de compost, ou mieux, comme je le préconise personnellement, un épais paillage permanent, diversifié dans sa composition, allié à un compostage de surface directement sur zone de culture(sous le paillage) seront la clé pour obtenir une terre de bonne qualité.
Bien sûr, si votre terrain est caillouteux, et drainant, il faudra un certains temps avant que les apports de matières organiques changent sa structure, et le rendent plus spongieux, et rétenteur. Idem sur un sol très argileux, la patience s’imposera avant que votre terre devienne plus légère, et aérée. Les améliorations seront constatées dès la seconde année, cependant, il faut au moins 5 ans pour avoir des résultats vraiment flagrants.
En permaculture, nous avançons avec la nature, et non contre elle, ce qui implique de respecter son rythme, un sol frais et humifère ne se constituera pas d’une année sur l’autre. Beaucoup de personnes ont abandonné la solution permaculture suite à une première saison forcément bien moins productive que les précédentes en mode conventionnel. Ce manque de patience et de persévérance est classique. Pour ma part je préfère avoir une ou deux saisons médiocres, puis de belles productions stables sur le long termes, que de bousiller mon sol, et devoir chaque année mettre toujours plus d’engrais, plus de produits, et toujours plus d’amendements minéraux inutiles.
De petits amendements de sable, gravier, ou argile peuvent parfois se justifier de manière ponctuelle, au pied de plantes spécifiques, mais ne changeront rien à la fertilité de votre terre. Ils n’en changeront que temporairement, et sensiblement la structure.
Si votre sol est de nature très argileuse, vous aurez beau apportez tous les ans des centaines de kilos de sable, il restera toujours argileux, il faudra tous les ans du sable, qui rendra certes votre terre plus drainante,mais n’en changera pas la composition générale déterminée par le type de roche mère sous-jacente.
J’insiste, seul l’amendement humique est bénéfique, et peut améliorer un sol durablement, sur le long terme, quelle qu’en soit la composition prédominante. L’humus est également nécessaire au maintien d’une bonne biologie du sol, qui assure le bon fonctionnement de celui-ci.
Le sujet du sol étant complexe, et très vaste, je ferai prochainement un article à propos du principe de « sol vivant », et sur la régénération d’une terre morte, ou abîmée.
Des précisions sur les notions de PH et EC(électro-conductivité) seront également publiées très prochainement.
Je remercie chaleureusement Mme REMY, pour son aimable participation au blog, et le suivi de mon travail, en dépit de ses ennuis de santé. Je lui souhaite de rapidement aller mieux. Merci de votre gentillesse.
Ben MASON
Merci pour la revue des plantes bio-indicatrices ! Je suis sûre qu’elle me sera très utile car, dans un même jardin, il y a de grosses différences de qualité de sols.
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Avec plaisir! Merci à vous pour votre lecture
Bonne journée
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