LA ROTATION DES CULTURES ; Pas toujours indispensable

Le principe d’assolement est indispensable aux monocultures à grande échelle, mais également dans un potager conventionnel. L’application des principes de la permaculture permettent globalement de s’affranchir de cette pratique un peu contraignante sur le plan de l’organisation des cultures.

Dans quels cas vaut-il mieux organiser une rotation, ou au contraire s’en passer ?

Voici quelques éléments de réponse pour y voir plus clair dans ce casse-tête.

Photo : Autonomie Jardin
Hyères 2019

1 – Les bénéfices de la rotation des cultures

Pour la faire courte, la rotation des cultures consiste à changer tous les ans le type de légume cultivé sur une parcelle donnée. En évitant de planter chaque année le même légume au même endroit, vous limitez l’installation de ravageurs, et des maladie fongique. En outre cela permet au sol de se régénérer, étant donné que les végétaux, selon l’espèce, ne prélèvent pas, ni n’apportent les mêmes proportions d’éléments nutritifs dans le sol.

En plus de contribuer à rompre le cycle vital des organismes nuisibles aux cultures, tels que doryphores, punaises, pucerons et autres organismes fongiques, la rotation présente bien d’autres avantages ;

  • Certaines plantes ont un effet répressif, direct sur les ravageurs, c’est le cas du radis chinois sur certains nématodes, et du sarrasin sur certaines adventices (effet d’allélopathie).
  • la succession de plantes de familles différentes (par exemple alternance de graminées et de crucifères, type blé et colza) et de périodes de croissance différentes (culture de printemps et culture d’hiver) permet de rompre le cycle de certaines herbes indésirables
  • grâce aux systèmes racinaires différents, le sol est mieux infiltré, et exploré, ce qui se traduit par une amélioration des caractéristiques physiques du sol et notamment de sa structure (en limitant le compactage et la dégradation des sols). Elles permettent de réduire voire d’abandonner le travail du sol.
  • l’emploi de légumineuses (fabacées) permet l’ajout d’azote symbiotique dans le sol. D’une façon générale, la composition des différents résidus de cultures participe à la qualité de la matière organique du sol à travers le rapport carbone/azote.

Tous ces bénéfices sont incontestables, et trouvent tout leur sens sur les grandes parcelles cultivées de façon conventionnelle, avec les rangées de tomates, celles des laitues, des carottes, des pois etc

Potager divisé en zones
Photo : Flickr.com

2 – La rotation en pratique

Il existe plusieurs méthodes de rotation des légumes. Je vous en présente ici quelques-unes à titre informatif. Pour pouvoir être appliquées, ces méthodes demandent de diviser la surface de culture en plusieurs parcelles de même taille(on est pas au mètre près non plus).

La rotation pour la fertilité du sol

La zone n° 1 reçoit les légumes gourmands en éléments nutritifs(tomates, courges, épinards, choux…)

La zone n° 2 reçoit les légumes qui ont des besoins modérés (carotte, céleri, salade…)

La zone n° 3 reçoit les légumes dont les besoins en éléments nutritifs sont faibles (pois, haricots, oignons…).

Dans cet exemple, un apport annuel de compost frais, n’est fait que sur la parcelle recevant les légumes gourmands.

La rotation selon la famille botanique 

La zone n° 1 reçoit les Alliacées (ail, oignon, échalote, poireau…)

La zone n°2 reçoit les Solanacées (tomate, pommes de terre, aubergine…)

La zone n° 3 reçoit les Fabacées (pois, haricot…)

La zone n° 4 reçoit les Brassicacées (chou, radis, navet…)

La zone n° 5 reçoit les Cucurbitacées (courgettes, concombres, potirons…).

La zone n° 6 reçoit les laitues

La zone n° 7 reçoit les ombellifères (carottes, persil, panais).

La rotation par type de légume 

La zone n° 1 reçoit les légumes-racines (betteraves, carottes, navets, radis…)

La zone n° 2 reçoit les légumes-fruits (aubergines, concombres, courgettes, tomates…)

La zone n° 3 reçoit les légumes feuilles (choux, épinards, poireaux, salades…) et les légumes-grains ou légumineuses (haricots, pois…).

Et l’année d’après, on fait tourner : les légumes racines seront cultivés sur la zone n° 2, les légumes-fruits sur la zone n° 3 et les légumes-feuilles sur la zone n° 1.

Des planches de cultures bien définies vous aideront à organiser au mieux vos rotations
Photo : Plantsdelegumes.org

3 – S’affranchir de ce casse-tête ; 2 cas de figure

Plus le potager est petit et plus le nombre de légumes différents est grand, plus il sera compliqué d’appliquer ces principes de rotation. Sur les surfaces restreintes(moins de 100m2), on oubliera donc cette option.

Dans un petit potager, il faudra donc des apports fréquents de matières organiques, ce qui évitera l’apparition de carences. Et cela limitera également l’apparition de maladies, car ces deux problèmes sont souvent liés.

Ces matières organiques peuvent être apportées sous la forme de  :

  • Paillages sur toutes les zones de culture
  • Compostage en surface
  • Apport de compost frais, bien décomposé
  • Culture d’engrais verts rapides sur les parcelles non cultivées
  • La mise en jachère  : laisser se reposer une parcelle pendant une année en y faisant pousser une succession d’engrais verts.

En permaculture, les plants cultivés sont toujours associés à d’autres végétaux. Dans ces conditions là, où les cultures sont variées, et mélangées, il est quasi impossible de savoir exactement d’une année sur l’autre, où était planté tel légume. La probabilité de planter 2 fois de suite un légume au même endroit est très mince.

De plus, dans une optique d’amélioration permanente du sol, par le paillage, les engrais verts, et le compostage de surface, le permaculteur ne verra pas sa terre s’appauvrir. En cultivant la biodiversité, et en mélangeant les espèces cultivées, le risque de voir les ravageurs s’installer en masse, et de façon durable est aussi très faible.

En revanche, il est préférable d’effectuer une rotation de la zone des pommes de terre, que l’on cultive souvent à part, pour en simplifier la récolte. De même on essaie de déplacer les lignes de carottes, et les choux qui sont très gourmands.

Certains permaculteurs s’organisent en 4 zones, chaque zone recevant une association de familles différentes :

Zone A : Solanacées – alliacées – ombellifères

Zone B : Maïs – Haricots à rames – cucurbitacées

Zone C : Chénopodiacées – brassicacées

Zone D : Pommes de terre – Laitues – fabacées

Pour rappel, les fabacées(pois, haricots, fèves.. .),

leschénopodiacées(chénopodes, tétragone, épinards),

les brassicacées( choux, cressons, moutardes, radis, roquettes…),

les cucurbitacées (courges, courgettes, melons, pastèques, concombres…),

les ombellifères(persil, céleri, carottes, panais…),

les alliacées (ail, oignons, poireaux, ciboulette),

et les solanacées(tomates, poivrons, aubergines, …).

Bien sûr tout ceci est adaptable, on peut très bien, en zone B, remplacer le maïs par des tournesols, et mettre les solanacées au lieu des cucurbitacées. Où encore intégrer des laitues à la zone A, et quelques carottes en zone C.

À vous de voir ce qui vous est le plus pratique, et ce qui marche bien chez vous.

La permaculture c’est avant tout savoir s’adapter à l’environnement.

Ben. Mason

Publié par Ben. Mason

Jardinier autonome, spécialisé en éco-jardinage, et en permaculture.

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