Les méthodes de jardinage respectueuses de l’environnement, et favorisant la présence d’une biodiversité optimale, sont de plus en plus adoptées par les jardiniers particuliers. Le commerce tente de s’adapter à ces nouvelles aspirations écologiques, et proposent aujourd’hui couramment toutes sortes de nichoirs, hôtels à insectes, et autres abris pour différents animaux du jardin allant de la chauve-souris au hérisson. Les prix pratiqués par les jardineries nous inciteraient presque à exiger un loyer de la part de la faune sauvage. Un petit hôtel à insectes de 30 par 40 cm vous coûtera pas loin de 40 Euros. À ces tarifs là, mieux vaut se questionner quant à la pertinence, et la nécessité réelle d’un tel objet, ainsi qu’à ses bénéfices potentiels… La fabrication artisanale maison de ce type d’abris est également envisageable, peu coûteuse, voire même gratuite si vous optez pour des abris moins sophistiqués, mais mieux adaptés aux animaux que vous voulez protéger.

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1 – Considérations préalables
Avant de vous lancer dans la réalisation tous azimuts de complexes immobiliers pour nos amis les bêtes, demandez vous simplement quel type de faune est absente de votre jardin. Si vous vivez en campagne, et que vous observez des nombreuses espèces d’insectes, oiseaux, et mammifères, vous vous doutez bien que ceux-ci ne vous ont pas attendu pour se faire un abri. Dans les jardins plus citadins, où la faune a souvent plus de difficulté à maintenir une population stable, notamment à cause de la réduction de leurs espaces vitaux naturels, les dispositifs favorisant leur présence, et leurs allés et venues peuvent se révéler très bénéfiques pour la santé générale de ce type de jardin.
Sur des espaces tels que les petits balcons, il est pour ainsi dire impossible de reconstituer l’ écosystème complet et diversifié d’un jardin. Plus votre espace vert sera confiné, restreint, et isolé de la nature sauvage, plus l’installation d’abris sera inefficace, tout simplement parce qu’il faut avoir des clients potentiels pour peupler vos hôtels. L’ambiance hostile du petit balcon du 8ème étage est difficilement compatible avec la présence de beaucoup d’animaux, et insectes. Des nichoirs à oiseaux peuvent toutefois y être envisagés, à condition que le balcon soit spacieux, vous pouvez dans ce cas poser un nichoir dans un angle calme où vous ne passez pas trop fréquemment. Cela permet d’aider certains oiseaux à nicher, mais ne sera pas forcément utiles à vos cultures végétales.

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L’endroit où l’abri a le plus de sens, c’est là où précisément la faune existe, mais rencontre un déclin de sa population. Par exemple si vous observez moins qu’auparavant tel où tel type d’insecte, d’oiseau ou autre, il est alors pertinent de les aider à prospérer.
Chaque situation est donc différente, et l’aménagement de ces abris divers n’est pas forcément souhaitable, et parfois même infaisable, ou inutile.
2 – Mieux valent des arbres que des nichoirs
Tout le monde n’a pas la chance d’avoir l’espace suffisant à la plantation d’arbres ou de haies denses. Pour ceux d’entre vous qui bénéficient d’une surface bien arborée, sachez que la présence de végétaux diversifiés, notamment arbres, et haies, sont des nichoirs naturels de premier ordre, et de véritables villes pour bon nombre d’insectes qui s’y réfugient.
Favoriser les plantes endémiques de votre région, ainsi que tolérer les herbes et plantes sauvages constituent le meilleur moyen d’assurer abri et nourriture à la faune locale.
En l’absence d’arbres, on essaiera néanmoins de diversifier les végétaux plantés, privilégiez les plantes et arbustes vivaces, et alliez les espèces caduques et persistantes qui abriteront respectivement des insectes et animaux différents.
Le paillage permanent des cultures, pratiqué en association d’un compostage de surface régulier permet également à beaucoup d’insectes et petits animaux de trouver refuge et nourriture.
Les plantes grimpantes, notamment lierres et vignes, sont aussi de parfait palace pour nos amis insectes, et araignées. Les végétaux tapissant font également office de gîte à des insectes variés.
Quelques monticules de pierres, ou des murets en pierre sèche permettront à beaucoup d’espèces de se mettre en sécurité, insectes, araignées, mais aussi reptiles apprécieront ce type d’environnement minéral, surtout en situation ensoleillée.
En fonction de l’espace dont vous disposez, les possibilités peuvent être nombreuses afin de favoriser la présence d’une faune auxiliaire. L’aménagement d’une mare, ou d’un étang permettra une diversité plus grande car la présence d’un point d’eau est un plus pour beaucoup d’espèces, et une absolue nécessité pour d’autres tels que batraciens, cistudes, libellules, qui eux mêmes attireront d’autres espèces qui leur sont prédatrices. Les oiseaux s’établiront également plus volontiers à proximité d’un point d’eau.

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Pour les insectes, et les gastéropodes, une simple souche est déjà un hôtel, si vous disposez d’un tas de bois… c’est Byzance !
Bien sûr l’ajout de nichoirs, notamment en l’absence d’arbres à proximité, est une aide précieuse pour les oiseaux, un nichoir en soit n’est pas bien complexe à réaliser. Il suffit de six planchettes, et quelques clous ou vis pour faire un coffrage. Il faut ensuite percer un trou circulaire qui fera office d’entrée. Les dimensions du nichoir, ainsi que le diamètre de l’entrée varient en fonction de l’espèce d’oiseau que l’on cherche à protéger.

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Dans tous les cas, un nichoir doit être placé en hauteur, exposé au sud, si possible à l’abri des vents dominants et des intempéries, dans un endroit calme, où l’oiseau se sentira en sécurité. Encore une fois, la proximité d’un point d’eau augmentera les probabilités qu’un oiseau vienne s’y installer. Il est rare que l’on observe une fréquentation du nichoir avant la seconde année, patience donc.
3 – Mieux valent des planques que des hôtels
Comme vu plus avant, les animaux, dont les insectes font partie, n’aiment pas trop les structures artificielles, bien que certains savent s’y adapter.
En gardant ce principe à l’esprit, mieux vaut alors aménager diverses petites planques à insectes, faites d’éléments végétaux, et minéraux de votre jardin plutôt qu’un palace centralisé qui deviendra vite le garde manger de tous les insectivores du coin.
Vous pouvez par exemple dispatcher sur votre parcelle, des pots en terre cuite remplis de paille, de foin, de brindilles, d’écorces, ou encore de pomme de pin. Disposez les pots ainsi remplis, à l’envers, trou de drainage vers le haut. Ces dispositifs peu coûteux sont un bon complément au paillage, qui je le rappelle sert aussi d’abri aux insectes.
Enfin, certaines structures déjà existantes peuvent déjà être plus ou moins peuplées (granges, abris de jardin, serre, et autres structures du jardin). L’exemple des guêpes que l’on veut à tous prix éliminer est un classique, tout comme celui de la fourmi. Pourtant ces deux espèces rendent l’une comme l’autre de grands services écologiques au jardin. Sur la parcelle que je cultive, c’est ainsi un vieux tracteur à l’abandon de puis une trentaine d’années qui sert d’hôtel à pas mal d’insectes tels que osmies(abeilles sauvages), différents coléoptères, mais aussi des guêpes, qui participent activement à la régulation des chenilles.

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La présence d’un espace laissé à la nature sans intervention humaine, est également une bonne solution pour constituer un petit réservoir de biodiversité en bordure de votre espace cultivé. C’est le principe de la zone 5 en terme de conception permaculturelle d’aménagement(design).

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Si toutefois vous décidiez d’ériger un hôtel à insectes, pensez à la possibilité de le réaliser vous même, à l’aide de palettes par exemple. La fabrication n’est pas compliquée, et assez ludique, en outre vous réaliserez des économies. La méthode la plus simple est sans doute d’empiler 5 où 6 palettes sur un socle fait de bûches. Remplissez ensuite les espaces vides entre les planches avec différents éléments tel que paille, brindilles, et branches de différents diamètres, cailloux, écorces, pomme de pin, briques etc. Il ne vous reste plus qu’à couvrir avec des branchages, et à disposer une planche inclinée par dessus qui maintiendra l’abri au sec.
L’hôtel à insectes est avant tout un dispositif qui facilitera la survie hivernale, des insectes souhaités dans des écosystèmes où la pollinisation et la biodiversité sont recherchées. L’été, il servira de support de ponte à des espèces comme les abeilles sauvages(osmies).
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Dispositifs à prévoir pour attirer les espèces suivantes :
- chrysopes : des morceaux de cagettes cassées, brande de bruyère et quelques branchages, ou une boîte rouge remplie de paille, avec quelques ouvertures en fente.
- bourdons : une boîte avec un trou de 1 cm de diamètre et une planchette d’envol.
- abeilles et guêpes solitaires :
- diptères divers, notamment les syrphes : des tiges à moelle (ronce, rosier, framboisier, sureau, buddleja, renouée, fenouil, bambou, osmanthus, etc.).
- forficules (perce-oreille) : un pot de fleurs retourné, rempli de foin ou de fibres de bois.
- carabes : mousse, branches en décomposition et écorces ou des morceaux de branches.
- coccinelles : planchettes séparées par des ardoises
- papillons : planche percée de fentes sur une largeur de 1 cm
- insectes xylophages : morceau de bois en début de décomposition

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Un seul principe à respecter, placez l’hôtel à insectes sur un lieu exposé au sud, à l’abri des vents dominants, et si possible dissimulés dans de la végétation. Enfin, veillez à ce que des plantes à fleurs soient disponibles à proximité.

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En ce qui concerne nos amis hérissons, eux aussi apprécient les hautes herbes où ils peuvent chasser discrètement, cachés de leurs prédateurs, ainsi que les buissons, et les haies sous les quelles ils se réfugient, et hibernent. Si vous avez des haies, contentez vous de laisser des amas de feuilles mortes dessous durant l’automne, les hérissons sauront très bien utiliser ces feuilles pour se faire leur abri hivernal. Les tas de branche, ou de bûches sont souvent élus par les hérissons pour passer l’hiver à l’abri du froid, et des prédateurs.
Ben. MASON
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