Si vous pensiez qu’acheter un sapin artificiel et ainsi sauver un sapin naturel était le meilleur choix écologique, de récentes études semblent indiquer le contraire. Il faut cependant être regardant sur la provenance de l’arbre, et son mode de culture. Des options allant du sapin en pot, au changement plus profond de la tradition, en passant par la possibilité de location de sapin, sont envisageables pour passer un heureux Noël en diminuant son impact écologique. Enquête sur le sapin le plus écolo.

Forêt de conifère en montagne
Photo: Pxhere

1 – Mon beau sapin, quel impact ?

À l’approche de Noël, l’épineuse question de l’achat du sapin se pose. Comme chaque année, près de six millions d’arbres seront vendus à l’occasion des fêtes de 2019, un million d’entre eux en plastique. Mais quel est le meilleur choix d’un point de vue écologique? Nous pouvons facilement penser que ne pas couper un arbre est la solution, et pourtant acheter un sapin artificiel est moins écologique suivant les études réalisées ces dernières années.

L’arbre en plastique est essentiellement composé de produit dérivés du pétrole. En résumé, un sapin artificiel de 2 mètres a une empreinte carbone de 40 kilos d’émissions de gaz à effet de serre, ce qui représente le double de celle d’un sapin naturel de taille équivalente que l’on jettera après les fêtes. L’empreinte carbone d’un sapin en plastic reste également supérieure à celle d’un vrai sapin que l’on brûle. Pour compenser, il vous faudrait garder votre sapin artificiel pendant une vingtaine d’années. De plus le recyclage d’un sapin naturel est très facile, et si il est en pot, il vous sera possible de le replanter.

Attention. Dans de nombreuses villes, les habitants risquent une amende s’ils abandonnent leur sapin sur le trottoir. La plus part des grandes villes ont mis à disposition de leurs habitants des points de collecte afin de recycler les sapins. Une seule « contrainte » : les sapins doivent être déposés sans décoration ni peinture, nus (sans emballage). Ils seront transformés en compost pour les espaces verts.

2 – Résultats des études

L’étude la plus fiable sur les arbres de Noël est une analyse du cycle de vie(ACV). L’ACV est une méthode d’analyse du développement durable. Elle permet de prendre en compte l’ensemble des impacts environnementaux d’un produit de sa conception à sa fin de vie. Et l’analyse sur les impacts est générale c’est à dire qu’elle prend en considération la santé humaine, l’épuisement des ressources, les émissions de CO2, entre autres.

Une analyse a été menée par un cabinet de conseil en développement durable canadien, Ellio. L’étude a porté sur un sapin artificiel conservé durant 6 ans (une moyenne occidentale), et d’autre part sur un sapin naturel effectuant 150km de transport.

Le transport, en plus d’être un casse-tête logistique, a aussi un coût financier et écologique
Photo : Blog.allianz.com

Il en ressort que le sapin naturel est plus écologique que le sapin artificiel, notamment ;

Sur la santé humaine : un sapin artificiel est un savant mélange de plastique, d’aluminium, de peintures toxiques mais aussi d’autres composés très volatiles comme la dioxine, le dichlorure d’éthylène, ou encore des microparticules de plomb contenus dans les fausses aiguilles. Je ne peux pas encourager les gens à respirer toutes ces particules fines pendant un mois. Un bon point pour l’arbre naturel.

Sur la consommation d’énergie et des ressources durant la production : c’est un peu kif-kif pour les 2 types de sapin. N’oublions pas qu’un sapin naturel c’est quantité d’eau, d’énergie et d’épuisements des sols qui seront nécessaires limitant ainsi un peu son côté plus écolo. Bien entendu, l’arbre artificiel est lui aussi gourmand en énergie et en matières premières polluantes.

Sur les émissions de CO2 : c’est sur ce point que la différence bascule nettement en faveur du sapin naturel, qui participe à la captation du CO2 durant sa croissance, comme tous les végétaux. À contrario, le sapin artificiel participera directement, et uniquement aux émissions de CO2.

La phase de fabrication est donc la grande différence entre les deux types d’arbres : un sapin naturel de 150 cm aura en moyenne contribué à capturer 3 kg de CO2 dans l’atmosphère. En arrivant chez vous, le sapin naturel aura malheureusement consommé 3kg de CO2, soit tout de même bien moins que les 8kg du sapin artificiel. Évidemment, ce chiffre varie en fonction du lieu de fabrication : si vous achetez un sapin artificiel « made in China » au lieu d’un sapin naturel local, la différence sera bien plus grande.

Mais d’un autre côté, certains experts estiment à raison, que la capacité de stockage d’un sapin dépend surtout de la nature du sol dans lequel il est cultivé, et que plus un sol est riche en biodiversité et en vie, plus il stockera de CO2. Les forêts sauvages disposent donc d’un sol bien plus efficace pour stocker le carbone que les parcelles cultivées. Beaucoup producteurs de sapins sont d’ailleurs conscients de cela, et travaillent, dans certaines régions, à l’amélioration de leurs pratiques de culture afin d’enrichir et de protéger leur sol afin qu’il soit plus efficace pour stocker le carbone.

La capacité de stockage d’un sapin dépend surtout de la nature du sol dans lequel il est cultivé
Photo : Jardinsdefrance.org

Considérations sur la fin de vie des arbres naturels : les chiffres sont à regarder avec prudence, en premier lieu parce qu’il s’agit d’une étude nord-américaine. En France, 80% des sapins naturels achetés sont cultivés en France, donc avec un transport bien plus court. Il y a également des paramètres à géométrie variable à prendre en considération : si le sapin est brûlé après les fêtes, vous réduirez à néant son bénéfice « captage du CO2 » (autrement dit, vous rejetez directement dans l’atmosphère ce qu’il a pu capter pendant sa croissance). Pour qu’un sapin naturel soit plus écologique, il faut donc aussi prendre en compte sa fin de vie : soit le replanter s’il est en pot, ou le composter.

3 – Les solutions les plus propres

Vous l’aurez bien compris, si on veut un sapin écolo, on le choisira naturel. Mais on le choisira avec soin : choisissez un producteur certifié forêt durable comme l’Association française du Sapin de Noël naturel ou France Sapin Bio (on peut même se faire livrer). Recherchez s’il n’y a pas des producteurs locaux autour de chez vous, votre arbre vous reviendra moins cher, et fera moins de trajet.

Et si jamais vous avez un sapin artificiel dont vous voudriez vous défaire pour préserver votre santé, ne le jetez pas n’importe où, déposez le dans un point de revente(retour à l’envoyeur) ou dans une déchetterie.

Vous pouvez aussi acheter, et même louer votre sapin en pot, les initiatives ont l’air de se développer ! Chez treezmas, ou Ecosapin par exemple, vous louez votre sapin, vous en profitez durant les fêtes, puis ils viennent le récupérer chez-vous afin de le replanter. Treezmas conserve les arbres pour les relouer d’année en année, tant qu’ils repoussent. Chez Ecosapin, votre arbre sera replanté dans la nature. L’intérêt écologique est évident ! Non seulement aucun arbre n’est détruit (si vous en prenez soin), mais en plus, ces entreprises vous livrent le sapin. Elles font ainsi des économies importantes au niveau du CO2 émis durant le transport. Et vous pouvez même(en théorie) retrouver votre sapin chaque année, vous le verrez grandir Noël après Noël, un concept plutôt sympa, mais très théorique !

Vous pouvez aussi acheter, et même louer votre sapin en pot
Photo : Lunion.fr

Enfin, pour un arbre de Noël encore plus écolo, vous pouvez aussi vous tourner vers les sapins alternatifs ! Fait maison, en carton, en bois ou avec des matériaux de récup, un sapin personnalisé, original, et unique, décorera tout aussi bien votre intérieur pour Noël que le sapin naturel, tellement plus majestueux dans sa forêt. Et puis cela vous évitera le traditionnel ramassage des aiguilles !

Si vous optez pour replanter votre conifère au jardin, soyez prévenus, un sapin maintenu de longues semaines dans un environnement sec et chauffé, a souvent du mal à repartir. Éviter donc de placer l’arbre à proximité d’une source de chaleur, ne surchauffez pas la pièce(max.20°c), et n’oubliez pas de l’arroser. On peut placer le pot dans une grande bassine pour se faciliter la tâche. Sortez le au plus vite après les fêtes, et plantez le si le temps le permet, le sol ne doit pas être gelé. Si il se plaît, et repart n’oubliez pas qu’un sapin devient vite conséquent. Il est également déconseillé de déplanter l’arbre chaque année pour Noël, ce traitement fini par les tuer. Raison pour laquelle je précise plus avant que la probabilité de retrouver chaque année son « sapin de location », est plaisante, mais très théorique. Arrosez bien votre arbre durant les 2 premiers étés pour l’aider à prendre racine. Plantez le de préférence à mi-ombre, ou à l’ombre.

Une fois le sapin planté au jardin, vous pourrez décider simplement de faire dorénavant le sapin à l’extérieur, il sera chaque année plus haut, et plus beau. Dresser un sapin à l’intérieur est malgré tout une contrainte, de place, de ménage(aiguilles), et autres déconvenues tel que le sapin sec le soir de Noël, ou l’arbre qui refuse de tenir debout sur sa bûchette trop petite…

Une fois le sapin planté au jardin, vous pourrez décider simplement de faire dorénavant le sapin à l’extérieur, il sera chaque année plus haut, et plus beau
Photo : Aquamondo.fr

Le sapin en pleine terre au jardin, si l’on en dispose, est donc pour moi une excellente solution, si ce n’est la meilleure. Après tout, à quoi bon fêter la joie, et la nativité autour d’un arbre agonisant près du radiateur ? À méditer…

4 – Le sapin sauvage, pas touche !

Si l’on souhaite prélever un sapin sauvage, attention : les forêts en France sont souvent gérées par les acteurs publics (communes, État…). Elles disposent donc de gardes forestiers et il est strictement interdit d’y couper un arbre quel qu’il soit sans autorisation des pouvoirs publics. Évidemment, si vous avez la possibilité de couper un sapin dans une forêt appartenant à un particulier, c’est possible avec son autorisation. Dans ce cas, il vaut mieux choisir les sapins les moins bien portants, et qui poussent très près d’autres arbres. Vous favoriserez ainsi le renouvellement des végétaux et contribuerez à éviter la compétition entre les arbres, bien que la forêt n’aie pas besoin de notre assistance.

Le sapin devient un arbre imposant
Photo : Pxhere.com

5 – Soyez regardant avec les décorations

Les boules, guirlandes, et autres accessoires qui ornent l’arbre de Noël, sont également souvent faits de matériaux plastics, et synthétiques, pas très féeriques, et extrêmement polluants. Il existe pourtant des solutions peu coûteuses et faites maisons, qui peuvent être réalisées avec des matières moins toxiques, tel que papier, coton, ruban, mais aussi confiseries, comme des bâtons de réglisse, et de cannelle, des chocolats, et pourquoi pas, des fruits d’hiver, agrumes, pommes, et poires, comme cela ce faisait autrefois. Jadis ces confiseries étaient dégustées en famille, à l’occasion de l’épiphanie, le démontage du sapin était ainsi moins triste, plus convivial, et festif. C’est sûr qu’en procédant ainsi, le dépouillement de l’arbre s’apparente moins à une corvée.

N’oubliez pas non plus qu’un sapin écologique c’est aussi un sapin qui ne necessitera pas durant un mois la consommation d’électricité annuelle du Qatar ! Si vous souhaitez absolument illuminer votre œuvre végétale éphémère, optez pour des guirlandes à ampoules LED(attention, j’ai pas dit des ampoules laides!).

Ben. MASON

Publié par Ben. Mason

Jardinier autonome, spécialisé en éco-jardinage, et en permaculture.

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6 commentaires

  1. Quand ma fille était petite, j’ai choisi de lui créer des souvenirs plus écolos lors du temps des Fêtes en ne célébrant plus Noël. Donc exit le sapin et autres décorations. Nous avons donc choisi de célébrer « l’amour » à l’année. 😉🌲 Aujourd’hui elle est adulte et n’a aucun souvenir nostalgique et artificiel lié à cette période festive. Nous fêtons la venue du Nouvel An simplement avec joie et bonheur. Merci pour ce merveilleux blogue que je découvre.

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    1. Bonjour Toutarmonie,
      merci pour votre lecture, et votre mot. L’amour à l’année est une belle idée qui je l’espère fera son chemin et beaucoup d’adeptes. J’adhère complètement.
      Bravo à vous pour vos efforts, et votre blog que je découvre également avec plaisir.
      Bonne journée
      Benjamin

      Aimé par 1 personne

  2. Je suis attachée à Noël mais je conçois que ce ne soit pas la même chose pour tout le monde c est souvent une période difficile pour beaucoup ( traumatismes souvenirs mitigés d enfance dépressions saisonnières) sinon pour l’aspect consumériste c est quelque chose qui m’a tôt mise mal à l’aise et me révolte à présent. Je te remercie Ben pour cet article que je relis mais que j avais un peu oublié notamment le fait que les sapins peuvent être compostés je croyais que le sapin était trop acidifiant. Je vais me renseigner pour savoir ce que ma commune fait des sapins c’ est tous les ans une énorme gabegie. Des sapins devant tous les commerces, des sapins tout le tour du marché de Noël…

    Aimé par 1 personne

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