Le botrytis est un champignon ascomycète de la famille des sclerotiniacées. L’espèce la plus couramment rencontrée par les jardiniers et les maraîchers est Botrytis cinerea, également nommée « pourriture grise ». Les vignerons, qui maîtrisent son développement afin d’élaborer des vins liquoreux, lui préfèrent le qualificatif de « pourriture noble ». Comme tous les parasites fongiques, la lutte passera avant tout par des actions préventives. Vous découvrirez ici quelques bons conseils pour éviter la propagation de cet organisme sur vos cultures.

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1 – Comment l’identifier ?
Le botrytis est capable de coloniser les végétaux sains, mais aussi les tissus déjà infectés par d’autres pathogènes, ou les tissus morts. Ce champignon se révèle donc très polyvalent en ce qui concerne l’hôte, le type d’organe infecté et le type de symptôme. Botrytis cinerea attaque au moins 270 espèces de plantes, dont les fraisiers, les tomates, le cyclamen et autres bulbeuses, la vigne, les rosiers etc.
Les symptômes avant coureur seront donc un peu différent d’une plante à l’autre. En général, on observe d’abord des nécroses sur les feuilles, fruits, et tiges, qui ont l’aspect de taches variant du beige, au gris, parfois marron, ou rougeâtre suivant le végétal infecté. Ces nécroses se couvrent rapidement d’une matière duveteuse, blanche à grisâtre. Les dépôts de cette matière s’épaississent, et deviennent gris plus foncé. Les parties infectées se ramollissent, et deviennent gluantes au fur et à mesure que le champignon les décompose.
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En manipulant une plante infectée, on peut remarquer une poussière grise très volatile se diffuser. Ce sont les spores du champignon, qui auront vite fait d’être véhiculés sur d’autres matières végétales à parasiter. Le vent dissémine très facilement ces spores, ce qui explique la vitesse à laquelle la pourriture grise se propage, d’une plante à l’autre, puis d’un massif à l’autre.
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2 – Les actions préventives
Son développement est favorisé par une humidité relative de l’air supérieure à 93 % et une température comprise entre 18 et 20 °C durant 24 h. C’est donc au printemps et en automne qu’elle apparaîtra le plus souvent en extérieur.
Il faut savoir qu’il est impossible de s’en débarrasser définitivement, car les spores de Botrytis à partir desquelles ils se développent sont présentes en abondance dans la nature. Elles peuvent rester en dormance durant plusieurs années dans l’environnement, sur les plantes, et dans le sol, avant de se développer lorsque des conditions favorables se présentent. En préventif, on s’attachera donc avant tout à empêcher que ces conditions favorables se réunissent. Quelques conseils ;
En règle générale
- Ne plantez et ne semez pas trop serré. Vous pouvez également à cette occasion mélanger votre terreau avec de la cendre de bois qui contient de la potasse. Cela diminuera les risques de maladies, dont la pourriture grise.
- Désherbez soigneusement au pied des plants cultivés, la présence d’herbes hautes favorisant l’humidité.
- N’apportez pas trop d’engrais, ou éléments organiques azoté.
- Paillez en vous adaptant au type de sol et de culture. Pour la culture de fraisiers par exemple, l’usage d’un paillis minéral sera un bon moyen de prévention.
- Vous pouvez en plus procéder une fois par mois à une pulvérisation de décoction de prêle ou une décoction d’ail, au printemps, et en automne. La prêle, riche en silice, jouera un rôle protecteur contre de multiples maladies cryptogamiques.
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Au verger, et au jardin
- Taillez régulièrement les rameaux dirigés vers l’intérieur de la plante, de façon à aérer la ramure et à maintenir une bonne ventilation.
- Évitez de maintenir humide le feuillage trop longtemps et pour cela, préférez les arrosages matinaux.
Au potager
- Pratiquez régulièrement la rotation des cultures.
- En cas d’épisode climatique exceptionnellement pluvieux et humide (brume, et brouillard) vous pouvez procéder préventivement à une application de bouillie bordelaise.
- En culture biologique, en biodynamie, et en permaculture, on fera pousser de l’ail, et des moutardes à proximité des plantes à protéger, se basant sur les propriétés antivirales et antifongiques reconnues de ces végétaux.
Sous serre
- Maintenez toujours une bonne aération autour des végétaux. Ventilez votre serre régulièrement. Pensez également à tailler ou supprimer l’excès de feuillage durant la croissance de vos plantes.

3 – Les traitements curatifs
Pour stopper le champignon, il faut agir dès les premiers symptômes décrits plus haut. Plus le laps de temps de réaction sera grand, plus la propagation sera étendue, et difficile à endiguer. La réactivité s’impose donc.
- Taillez toutes les parties infectées.Procédez délicatement afin de ne pas propager le champignon en répandant ses spores.
- Nettoyez bien, et désinfectez bien votre sécateur après utilisation.
- Veillez à ce qu’il ne reste plus de pourriture sur, et à proximité de la plante, notamment sur le sol.

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- Quelques jours après la taille curative, appliquez en pulvérisation un antifongique à base de lait dilué à de l’eau(10 à 20 cl/1L), ou un mélange d’eau vinaigrée et de bicarbonate de soude(1Litre d’eau – 10ml de vinaigre blanc – 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude). Vous éviterez ainsi la bouillie Bordelaise, même si celle-ci est tolérée en agriculture biologique.
- Les décoctions de racines d’ortie ou d’oseille sont très efficaces : faire tremper dans un litre d’eau, 100 g de racines pendant 24 h. Faire frémir 30 minutes, laisser refroidir, et utiliser pur en pulvérisation.
- L’utilisation en pulvérisation d’une infusion d’huile essentielle d’ail additionnée de lait (le lait servant d’adjuvant d’adhérence et aussi d’antifongique ), permettra également de détruire le botrytis tout en préservant l’environnement et la fertilité de votre sol.
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N’oubliez pas que les antifongiques, même naturels, sont à utiliser avec retenue. Ces produits sont néfastes aux bons champignons du sol, comme aux indésirables. Prudence donc !
4 – Une pourriture anoblie dans certains vignobles
Le Botrytis cinerea est parfois volontairement favorisé dans la culture de certains vignobles destinés à produire des vins liquoreux comme le Sauternes, et d’autres vendanges tardives.
La moisissure se développant sur les grains de raisin, permet d’augmenter le taux de sucre et de favoriser l’apparition d’arômes complexes appréciés des connaisseurs. Évidemment, ce processus se fait au détriment du rendement des vignes, ce qui entraîne une hausse du prix de vente de certains crus.
Photo : Ephytia.inra.fr Pourriture noble sur Sauternes
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Les vignerons parlent dans ce cas précis de pourriture noble !
Ben. MASON