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BILL MOLLISON; Un pionnier de la permaculture

Bruce Charles Mollison, dit Bill Mollison
Photo: Rightlivelihoodaward.org
Bruce Charles Mollison, dit Bill Mollison, est né le 4 mai 1928 à Stanley en Tasmanie et est décédé en septembre 2016 à Hobart dans sa région natale. Ce scientifique australien engagé dans la cause environnementale, a notamment reçu le prix Nobel alternatif, et est connu pour être le cofondateur de la permaculture.
1 – Biographie
Né en 1928 à Stanley (Tasmanie), Bill Mollison arrête l’école dès ses 15 ans et enchaîne différents boulots, d’abord comme boulanger dans la pâtisserie familiale, puis portera successivement les casquettes de marin, chasseur de requins, ouvrier, meunier, trappeur, tractoriste, souffleur de verre, avant d’ effectuer des travaux d’aménagement pour le Service des pêcheries intérieures. À 26 ans, le jeune Mollison a donc déjà bien bourlingué, et possède à ce titre un CV conséquent.
À partir de 1954, il se stabilise, et travaille en tant que biologiste durant 9 ans dans la brousse australienne pour le compte d’une organisation environnementale. En 1963, il travail en tant que biologiste marin pour le gouvernement australien, et ce pendant 3 ans . C’est à cette époque qu’il se joint aux manifestations contre les systèmes politiques et industriels qui tuent les humains et la planète avec. Mollison comprend toutefois bien vite que cette contestation ne mène à rien de concret, et se coupe de la société durant une période de 2 ans, décidé à ne plus jamais protester. Il se fait cependant la promesse de revenir avec quelque chose de plus positif, une solution qui permettrait d’éviter l’effondrement complet des systèmes biologiques.
En 1966, il retourne à l’école et vit grâce a de petits jobs, le trentenaire s’accroche. Il obtient brillamment son diplôme de biogéographie et devient, en 1968, professeur, et directeur d’études à l’université de Tasmanie où il crée le département de Psychologie Environnementale. Il devient alors auteur, et publie quelques ouvrages sur les peuples aborigènes de Tasmanie, ainsi que sur les petits vertébrés, et marsupiaux de la région. C’est à cette période qu’il fait la connaissance d’un jeune étudiant australien, David Holmgren, venu à Hobart pour étudier le design environnemental. Mollison et Holmgren partagent la même passion, et la même vision pour la question des liens entre l’être humain et les systèmes naturels. Leurs expériences en matière de jardinage, ainsi que leurs grandes conversations biologiques, et philosophiques, les conduisent à développer un système pour une agriculture durable basé sur une polyculture pérenne, composée d’arbres, de buissons, d’herbes, de légumes, de champignons et de racines, auquel Mollison donne le nom de «permaculture ».
En 1974, Bill Mollison entame donc avec David Holmgren le développement du concept de la permaculture.
À partir de 1978, il consacrera tout son temps au développement de cette discipline, il crée la même année la communauté Tagari à Stanley. En mettant en pratique les 12 principes de la «permaculture», la Communauté parvient à l’autosuffisance sur ses 28 hectares de terres isolées . Bill Mollison reçoit en 1981, pour ses travaux concernant la permaculture, le prix Nobel alternatif, il a alors 51 ans.

Photo : Credo.library.umass.edu
Ce personnage a donc structuré et permis la formation des professionnels de la permaculture, notamment en publiant « Permaculture – A Designer’s Manual ». Il a été le premier scientifique étranger admis à l’Académie russe des sciences de l’agriculture. Il s’y est d’ailleurs distingué, et a reçu bien des honneurs, dont la médaille Vavilov décernée par l’Académie russe des sciences naturelles (RANS), pour sa ténacité, son courage et sa contribution au développement de la biologie et de l’agriculture.
Pendant que Bill Mollison voyageait autour du monde pour promouvoir et enseigner la permaculture, David Holmgren concentrait ses efforts à tester et à raffiner leur idée originale commune, et à développer un ensemble de douze principes sur lesquels s’appuyer pour concevoir une société durable. Voici les 12 points mis en lumière par ces travaux :
1. Observer et interagir
2. Capter et stocker l’énergie
3. Obtenir un rendement
4. Favoriser l’autorégulation et accueillir la rétroaction
5. Utiliser et mettre en valeur les ressources et les services renouvelables
6. Ne produire aucun déchet
7. Aller du général au spécifique
8. Intégrer au lieu de séparer
9. Utiliser des solutions lentes et de petite taille
10. Favoriser et valoriser la diversité
11. Utiliser les bordures et valoriser le marginal
12. S’adapter au changement et l’utiliser avec créativité

Photo : Apdma.fr
Bill Mollison considérait les valeurs morales comme des « actions » en faveur de notre survie sur la planète. La permaculture comprend selon lui une éthique à trois volets : le soin de la terre, le soin des gens et la redistribution de nos surplus de temps, d’argent et de matériel pour assurer les deux premiers volets.
Il s’est éteint paisiblement à Hobart dans sa Tasmanie natale, le 24 septembre 2016 , à l’âge de 88 ans, non sans laisser au monde une vision et un système de mise en œuvre pour un futur durable mais aussi de l’espoir pour l’avenir. Avec humour, il acheva sa vie, dit-on, par ces mots :
« Si on vous dit que je suis mort, dites-leur que ce sont des menteurs ».

Photo:Exhibits.library.umass.edu
L’œuvre survivra effectivement très longtemps à l’Homme qu’il fut. À travers la permaculture son lègue le plus précieux, est une solution pour l’avenir.
2 – Citations de Bill Mollison
« C’est notre responsabilité envers les générations à venir que de ne pas laisser derrière nous un champ stérile. »
« La richesse c’est une profonde compréhension du monde naturel. »
« J’enseigne l’autonomie, la pratique la plus subversive du monde. J’enseigne aux gens comment cultiver leur propre nourriture, ce qui est scandaleusement subversif. Donc, oui, c’est séditieux. Mais c’est de la sédition pacifique. »

Photo : Permaculturesydneyinstitute.org
« Il n’y a qu’une seule véritable décision éthique, celle de prendre la responsabilité de notre existence et de celle de nos enfants. »
« Si nous perdons les forêts, nous perdons nos seuls enseignants. »
« Le plus grand changement que nous devons faire est de passer de la consommation à la production, même si c’est sur une petite échelle, dans nos propres jardins. Si seulement 10% d’entre nous faisait cela, il y aurait assez à manger pour tout le monde. D’où l’inutilité des révolutionnaires qui n’ont pas de jardins, qui dépendent du système qu’ils attaquent, et qui produisent des mots et des balles, pas de la nourriture et des habitations. »
3 – Œuvres littéraires
Ouvrages traduits en français :
–Permaculture 1 : une agriculture pérenne pour l’autosuffisance et les exploitations de toutes tailles « Permaculture One: A Perennial Agriculture for Human Settlements », Éditions Charles Corlet, 2011, 220 p. ( lire en ligne )

–Permaculture 2 : aménagements pratiques à la campagne et à la ville « Permaculture Two: Practical Design for Town and Country in Permanent Agriculture », Éditions Charles Corlet, 2011, 192 p. (lire en ligne)

–Introduction à la permaculture : Préface de Claude et Lydia Bourguignon « Introduction to Permaculture », Passerelle Éco, 2012, 240 p.
Ouvrages originaux (en anglais) :
–Permaculture One: A Perennial Agriculture for Human Settlements (avec David Holmgren, Trasworld Publishers, 1978)
–Permaculture Two: Practical Design for Town and Country in Permanent Agriculture (Tagari Publications, 1979)
–Permaculture – A Designer’s Manual (1988)
–Introduction to Permaculture (1991, éd. révisée 1997)

The Permaculture Book of Ferment and Human Nutrition (1993, éd. révisée 2011)
Travels in Dreams: An Autobiography (1996)
Je recommande évidemment la lecture de ses ouvrages, qui constituent une vrai bible en matière de permaculture. Ils demeurent à ce jour les travaux les plus aboutis sur la question, et vous feront mieux comprendre la personnalité très humaine de ce grand Monsieur.
L’une des dernières photos de Mr Mollison
Photo : Commons.wikimedia.orgPhoto : Veganfirst.com
Ben. MASON
C’est là une personne et une personnalité très intéressantes que je découvre via votre article
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Merci pour votre lecture, je vous souhaite un beau dimanche
Benjamin
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j’ai loupé des articles. je reviens dessus plus tard.
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