LES LAVANDES;

Alliées de notre santé depuis l’antiquité

De nos jours les lavandes sont avant tout cultivées pour leur jolie floraison violine et leur puissant parfum. Son utilisation en médecine douce, longtemps oubliée par le grand public fait son retour progressif dans la pharmacopée populaire. Les huiles essentielles, en vogue ces dernières années ont beaucoup contribué à nous rappeler les nombreuses vertus de cette superbe plante.

Champs de lavandes – Photo: Jordi BRIO – Flickr.com

1 – Description botanique

Officinalis, Stoechas, Aspic , Grosso, ou Dentata, les souches et cultivars sont nombreux (point 4) mais peuvent tous être utilisés en phytothérapie. Je décrirais ici la lavande Officinalis, la plus couramment utilisée en tant que médicinale. Bien que l’aspect de ces différentes sortes de lavandes diffère par la dimension, la teinte et la taille des fleurs, ainsi que par les nuances de senteurs, les conditions de culture seront sensiblement similaires(Point 2).

La lavande officinale, aussi appelée Lavandula Angustifolia ou Officinalis, est une plante vivace de la famille des lamiacées, qui prend la forme d’un sous arbrisseau. Elle produit en été des hampes florales ne comportant qu’un seul épi. Elle mesure 30 à 60 cm de haut pour 40 cm de large. Ses hampes florales violines sont très parfumées et apparaissent de juin à août. Ses feuilles linéaires sont persistantes, d’un vert grisâtre aux reflets argentés. La base de la plante est ligneuse, et aura donc tendance à faire beaucoup de bois si elle n’est pas régulièrement taillée.

Originaires des zones rocailleuses et ensoleillées de l’ouest méditerranéen, elles se sont naturalisées ailleurs en Europe, en Australie, ou aux États-Unis.

Lavandula Officinalis

Gravure botanique lavande Officinale – Photo: Pinterest.com

– Famille : Lamiacées

Origine : Ouest du bassin méditerranéen

– Hauteur : Jusqu’à 60 cm

Floraison : En épis bleu-mauve en été

– Exposition : Ensoleillée

– Sol : Calcaire à acide, bien drainé

– Multiplication : Semis et boutures

– Rusticité : – 20°c

2 – Culture et entretien

Facile à cultiver, la Lavande s’installera en pleine terre ou en pot. C’est une plante qui apprécie le plein soleil, et les terrains drainant.

Au jardin comme au potager, ses fleurs parfumées et d’esthétiques s’intégreront bien dans les massifs ensoleillés. De plus, cette plante mellifère attirera à coup sûr les insectes pollinisateurs. Les abeilles qui butineront ses fleurs, produiront un miel clair et savoureux. En association de culture la lavande se plaira bien aux cotés d’autres aromatiques de terrains secs tels que thyms, sauges, origans, santolines, sarriettes, ou romarins.

Cultivée en pot, elle agrémentera les terrasses et les balcons. Veillez à choisir un pot de dimension pas trop petite, un diamètre 30 cm est une bonne dimension. Le substrat doit être drainant, mais pas trop, sans quoi, il vous faudra constamment arroser durant l’été. En ajoutant 1/3 de sable de rivière et graviers à un bon terreau issu du compost, vous obtiendrez un drainage correct. Billes d’argiles, ou cailloux au fond du pot sont également à prévoir. La Lavande officinale est rustique, supportant des températures jusqu’à -20°C, pourvu que ce soit bref, et que le sol soit bien drainé.

Photo: Autonomie Jardin

Le rythme d’arrosage d’une lavande en pot dépendra de différents facteurs, l’ensoleillement, l’exposition au vent, les températures atteintes, la pluviométrie, le drainage du substrat, et de la taille du contenant. Cependant, 2 arrosages par semaine durant l’été me semblent être une bonne cadence. Le terreau doit pouvoir sécher entre deux arrosages, donc le seul principe à tenir est de toujours vérifier sur quelques centimètres de profondeurs l’humidité du terreau. Dans tous les cas évitez les soucoupes, à moins de les vider consciencieusement après chaque arrosage. L’hiver réduisez les arrosages, en fréquence ainsi qu‘en quantité d’eau, surtout si vos lavandes reçoivent l’eau de pluie.

N’oubliez pas de nourrir vos lavandes en pot à l’aide de fertilisants organiques durant le printemps et l’automne.

En situation de pleine terre on arrosera un pied de lavande durant les deux premiers été, puis en principe la lavande ne s’arrose plus. La plantation s’effectue idéalement à l’automne mais l’opération peut être réalisée au printemps, avant que la chaleur ne s’installe.

La taille s’effectue après la floraison, on rabat la plante de moitié de sa hauteur, ce qui lui permettra de rester bien touffue l’année suivante. Cette taille peut également être réalisée au tout début du printemps, avant la reprise végétative.

Photo: Autonomie Jardin

Les lavandes peuvent se multiplier par semis ou bouturage de jeunes pousses au printemps.

Peu sujette aux maladies et ravageurs, la lavande peut néanmoins attirer pucerons et cicadelles durant la période printanière. Les lavandes peuvent aussi être touchée par l’inquiétante xyllela fastidiosa, une bactérie tueuse d’oliviers. Prudence car il n’existe à ce jour pas de moyen de traitement curatif pour cette bactérie.

3 – Utilisations médicinales

Les Romains de l’Antiquité se servaient déjà de la lavande pour parfumer les thermes ainsi que le linge et connaissais ses vertus thérapeutiques. Sainte Hildegarde de Bingen, une religieuse bénédictine mystique du XIIe siècle, lui attribuait déjà une place importante dans sa pharmacopée naturelle et, à la même période, elle était cultivée dans les monastères pour ses propriétés thérapeutiques. Dès le Moyen-Age, la lavande était employée en Provence dans la confection de divers remèdes mais aussi de parfums. C’est à partir du XIXe siècle que cette plante a vu sa culture s’étendre à de nombreux pays d’Europe ainsi qu’en Amérique. Le Pays de Grasse, dans le département français des Alpes-Maritimes, constitue aujourd’hui un lieu important de la lavande, de par sa grande production d’huile essentielle, utilisée en phytothérapie mais aussi en parfumerie.

La Haute-Provence est également très réputée pour ses magnifiques champs bleu-violets. L’homme de lettre Raoul ARNAUD avait bien raison de dire : « C’est dans ce cadre sauvage, austère et noble que la Lavande est chez elle. On dirait presque, tant qu’elle n’est pas en fleur que la Lavande fait du mimétisme. »

Les pratiques de culture des lavandes dans les Alpes-de-Haute-Provence ont été inscrites à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel national en France en 2018.

« C’est dans ce cadre sauvage, austère et noble que la Lavande est chez elle. On dirait presque, tant qu’elle n’est pas en fleur que la Lavande fait du mimétisme. » – Raoul ARNAUD –
Photo : Jennifer CAMPBELL – Pinterest.com

La lavande est également produite dans les pays suivants : Portugal, Espagne, Italie, Baléares, Somalie, Inde, Sahara et Australie.

Parties utilisées :

Les sommités fleuries constituent la seule partie prélevée sur cette plante.

Principes actifs :

Acides phénols ; alcools terpéniques :linalol, géraniol ; alcool périllique ; coumarine ; ombelliférone ; tanins ; esters ; oxydes ; cétones ; aldéhydes

Propriétés médicinales de la lavande

Utilisation interne :

Léger effet narcotique (coumarine) : insomnie, hystérie, troubles nerveux.

Effet anti-spasmodique, grâce aux esters que la plante contient.

Troubles digestifs : digestion difficile liée au stress ou à la nervosité, ulcérations.

Troubles respiratoires : rhume, asthme. Apaise en cas de vertiges.

Troubles cardio-vasculaires : calme un début d’angine de poitrine.

Traitement des migraines et céphalées.

Utilisation externe :

Soulage certaines affections de la peau : eczéma, acné, brûlures légères, psoriasis, piqûres d’insectes.

Cicatrise et assainit les plaies.

Douleurs articulaires : entorses, foulures, contusions et rhumatismes.

Action antivenimeuse sur la morsure de vipère.

Antiparasitaire (poux) et vermifuge.

Indications thérapeutiques usuelles :

Problèmes dermatologiques (bactéricide, antiseptique).

Douleurs articulaires et rhumatismales.

Irritation et/ou inflammation respiratoire.

Nervosité, anxiété, angoisse.

Insomnie : favorise l’endormissement.

Autres indications thérapeutiques démontrées:

Bactéricide et antiseptique efficace, il assainit les plaies et les ulcères de la peau.

Antiparasitaire, il élimine les poux.

Neutralise le venin en cas de morsure de vipère.

Contribue à soulager les dystonies neurovégétatives.

Son huile essentielle est notamment employée en massothérapie.

Fleurs de la lavande Stoechas
Photo : Autonomie Jardin

Utilisation et posologie de la lavande

Dosage :

– En poudre sèche micronisée (gélules) : 1 à 2 g par jour en trois prises.

– Extrait sec (gélules) : 200 à 400 mg par jour en trois prises.

– En infusion : 2 c. à thé dans 150 ml d’eau chaude. Jusqu’à 3 tasses par jour entre les repas pour contrer ou prévenir les problèmes digestifs et pour soulager la migraine, les vertiges ou un début d’angine.

– Alcoolature : pour les frictions locales dans le cas de douleurs articulaires (matin et soir).

– Pour assainir le cuir chevelu : en friction légère du bout des doigts, trois fois par semaine.

– En huile à massage : 2 à 4 gouttes par 60 ml de base neutre (par exemple, huile d’amande douce) pour soulager les douleurs liées aux foulures, entorses et crampes musculaires.

– En inhalation : pour contrer l’insomnie et la nervosité, 2 à 4 gouttes versées dans un diffuseur ou 1 ou 2 gouttes sur un tampon de ouate placé dans un oreiller.

Précautions d’emploi de la lavande

Même si l’huile essentielle de lavande peut être appliquée directement sur la peau, il est recommandé de la mélanger à une huile de base telle que l’huile d’amande douce, lorsque la personne a une peau sensible ou très réactive (irritation, démangeaison).

Contre-indications

La lavande n’est pas recommandée aux personnes prenant des produits naturels ou médicamenteux à effet anticoagulant. Le lavandin ne convient pas aux femmes enceintes dans les trois premiers mois de leur grossesse.

Effets indésirables

On ne connaît pas d’effet indésirable connu relié à la lavande. Par ailleurs, certaines personnes réagiraient trop fortement à son effet narcotique, bien que léger.

Interactions avec des plantes médicinales ou des compléments alimentaires

La lavande est incompatible avec les sels de fer et l’iode.

Interactions avec des médicaments

Ne pas consommer de lavande, en infusion ou autrement, en même temps que des médicaments anticoagulants (en raison de la coumarine qu’elle contient).

Fleurs de la lavande anglaise (L. Dentata)
Photo : Autonomie Jardin

4 – Lavande ou lavandin ? Le dilemme

Pour faire simple, sont considérées comme lavandes les plantes évoluant en zone montagneuse de moyenne altitude. Ce sont des plants généralement plus compacts, aux épis floraux plus petits, et dont les parfums sont très prononcés. Ces souches sont idéales pour l’usage médicinal mais sont moins indiquées pour la fabrication d’huiles essentielles, qu’elles contiennent en quantité moindre que les lavandins. Les variétés Stoechas, Angustifolia, ou Aspic font partie de ce type de lavandes. La souche Stoechas, appelée également lavande papillon, est une lavande sauvage des massifs littoraux de basse à moyenne altitude, présente par exemple sur le massif des Maures dans le Var, ou sur les massifs corses.

Lavandula Stoechas à l’état sauvage dans le massif des Maures (Var)
Photo : Autonomie Jardin

Quant à la lavande Dentata dite anglaise, mais pas britannique du tout, c’est un hybride entre la souche Angustifolia et lavandula lanata Boiss. Lavandula Dentata possède un feuillage gris, dentelé, une senteur bien particulière, et en dépit d’une rusticité moindre(-6°c), se montre très florifère tout au long de l’année si le climat le permet.

Lavandula Dentata
Photo : Autonomie Jardin

Les lavandins pour leur part sont des plantes de littoral, généralement hybridés, au développement plus ample, et aux épis floraux épais, plus allongés et plus haut sur tige. Ces souches sont nettement moins parfumées que les lavandes de montagne, mais ont un aspect esthétique plus impressionnant, et produisent beaucoup d’huiles essentielles.

Le Lavandin (L. Grosso)
Photo : Autonomie Jardin

La variété Lavandula Grosso, souvent proposée en jardinerie, est un lavandin issu d’un croisement entre la souche Aspic, et la lavande officinale.

Je vous souhaite une Week-end ensoleillé, et bleu azur.

Ben. MASON

Avant toute automédication, parlez-en à votre médecin, et ou consultez un phytothérapeute agréé.

Sources médicales : Doctissimo.fr

Publié par Ben. Mason

Jardinier autonome, spécialisé en éco-jardinage, et en permaculture.

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5 commentaires

  1. Je ne connaissais que le sachet de lavande que l’on glisse sur le linge dans les armoires. C’est facile à faire avec un petit sac de tulle et quelques brins de lavande ou de lavandin. Merci de nous faire connaitre toutes les autres utilisations, notamment thérapeutiques de cette belle fleur très parfumée. De plus, c’est un plaisir des yeux de voir l’étendue des champs comme vous le montrez en début de votre article. C’est la saison pour y aller.

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    1. Merci pour votre mot Elienad 🙂
      Il est vrai que l’on peut assainir les armoires et parfumer le linge avec des sachets d’inflorescences séchées. Quelques gouttes d’huile essentielles ajoutées à une lessive neutre parfumeront également agréablement votre linge.
      La première photo est une œuvre de Jordi Brio, j’invite les lecteurs à aller découvrir son travail sur Flickr (lien sous la photo). Ce talentueux photographe espagnol réalise des clichés vraiment magnifiques.
      Je vous souhaite un bon Week-end

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  2. Merci Benjamin pour ce bel article sur une plante que j’aime particulièrement. Chacun de tes articles est une mine d’informations, un document que l’on peut consulter à tout moment si on en a besoin. Je te suggère de créer un livre sur les plantes. Tu as de quoi faire maintenant;). Bonne journée. Alan

    Aimé par 1 personne

  3. Salut Alan, un grand merci pour tes compliments et encouragements. J’entends ta suggestion de livre, j’y pense depuis un moment, je vais donc réfléchir à une manière originale d’aborder le sujet.
    Dans l’idéal j’aimerais faire quelque chose de pratique, original, concis, instructif, et agréable à consulter(rien que ça). Je pense mettre l’été à profit pour relever ce défi, et mettre tout ça au point. 🙂 Va y avoir du pain sur la planche!
    De ton coté j’espère que ton second blog prend forme, et que nous pourrons bientôt avoir le plaisir de lire tes incroyables textes, nouvelles, et récits.
    Je te souhaite un beau Week-end.
    Ben

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