Dépaysez-vous !

OSEZ LE PALMIER AU JARDIN

Pour apporter une note d’exotisme et un peu de dépaysement au jardin il faut oser le palmier.

Trop fragile ! Pas forcément, mais pour éviter les pertes il faut être sélectif. Quels que soit votre type de jardin, le climat de votre région, et vos goûts personnels, il existe un palmier pour chaque situation, ou presque. Seules conditions à l’installation d’un palmier, une belle exposition plein sud, et un peu d’espace. En prenant quelques précautions durant l’hiver il vous sera possible d’acclimater un palmier chez vous. La seule limite étant les climats extrêmes comme en haute altitude, où les gelés sont fortes et s’installent durablement.

Washingtonia centenaires à Hyères(83)
Photo: Autonomie Jardin

1 – Description botanique générale

Les palmiers sont souvent vu comme des arbres au vu de leur dimension qui peuvent être importante. Du point de vue botanique il s’agit pourtant d’une herbe géante qui tient plus de la graminée que de l’arbre à proprement parler. Bien sûr les palmiers développe souvent un tronc en vieillissant, on appelle cela un stip. Certains palmiers sont néanmoins acaules, c’est à dire qu’ils ne développent pas, ou peu ce fameux stip caractéristique des grands palmiers.

On distingue également deux types de feuillages, le feuillage dit penné, en forme de peigne comme celui du dattier ou du cocotier, et le feuillage en éventail que l’on observe sur les palmiers de Chine(Trachycarpus fortunei), les palmiers de Californie (washingtonia), ou encore les palmiers (chamaerops humilis).

Les palmiers sont des plantes fossiles en ce sens qu’ils font partie des plus vielles plantes qui peuplent la planète aux cotés des fougères, prêles et cycas, ce dernier d’ailleurs souvent confondu avec le palmier mais qui tient pourtant plus de la fougère.

On trouve des palmier sur tous les continents, et leurs caractéristiques sont le fruit de l’adaptation à la région dans laquelle ils évoluent.

Plante de soleil, les palmiers ont ainsi leurs limites géographiques naturelles. En règle générale ils sont absent des régions au climat difficile, où les hivers sont longs et froids. Certaines espèces sont tropicales, comme le cocotier et ne se développent qu’au niveau de l’équateur. D’autres sont plus tolérants à la sécheresse et évolue en zone subtropicale, et méditerranéenne.

Quelques espèces ont su s’adapter aux climats continentaux, et à ce titre peuvent supporter le froid hivernal de pas mal de nos régions. C’est le cas du palmier de Chine par exemple, qui encaisse sans broncher des températures négatives pouvant aller jusqu’à -20°c, à condition que ces températures ne s’éternisent pas.

Le palmier de Chine (Trachycarpus fortunei), une espèce bien adaptée aux climats rigoureux
Photo : Selectree.calpoly.edu

Le développement classique d’un palmier est de produire ses feuilles depuis ce qu’on appelle le cœur, lorsque les températures sont suffisamment douces, il produit ses palmes une à une depuis le cœur. Les palmes les plus anciennes finissent par faner et tombent, développant ainsi au fur et à mesure le stip caractéristique. Il est à noter que certaines espèces gardent les palmes fanées le long du stip, formant ainsi un manchon protecteur qui ne peut être détruit que par le passage du feu. C’est le cas des palmiers des régions arides comme les Washingtonia, ceux ci sont adaptés au feu, et repartent sans problème après un incendie bien que leur stip puisse être complètement calciné.

Certaines espèces comme le palmier nain(Chamaerops humilis), seul palmier endémique aux côtes nord de la méditerranée, forment des rejets à la base du stip ce qui leur donne parfois une allure très touffue, en bouquet. La souche Vulcano est endémique des pentes de l’Etna, et sera plus coriace face au froid, mais également la sécheresse et la chaleur estivale.

Les palmiers adultes forment des hampes florales, souvent blanc crême qui peuvent être plus ou moins impressionnantes suivant les espèces. Elle produisent parfois des fruits comestibles, qui renferment la graine. Parfois le fruit lui même peut être la graine, comme la noix de coco(cocos nucifera).

2 – Quel palmier pour ma région ?

Comme indiqué en préambule, il existe un palmier adapté à presque toute situation. Cela est dû à la grande diversité génétique de ces plantes qui ont su relever les défis de l’évolution dans de nombreuses zones géographiques de la planète.

Pour savoir quel palmier choisir pour votre région il est important de tenir compte de votre zone climatique. Ces zones vont de 1 à 10, 1 étant les zones aux climats extrêmes, et 10 les zones bénéficiant de plus d’ensoleillement et de chaleur.

En France, nous avons des zones climatiques grossièrement comprises entre 6 et 10.

Les régions en zone 6 sont les plus fraîches, climat montagnard, et ne permettent pas l’acclimatation d’un palmier. Seule possibilité dans ces régions aux climat très froids, faire hiberner la plante en intérieur durant l’hiver.

Les zones 10 ne sont pas légions dans l’hexagone, elles se cantonnent au littoral de la côte d’azur, des Pyrénées Orientales, ainsi que les littoraux basques et corses. Les possibilités en termes d’espèces adaptables y sont évidemment plus nombreuses. Ci-dessous une carte qui vous permettra de savoir dans quelle zone climatique se situe votre région.

Carte des zones de rusticité en France métropolitaine
Image de Thoby.com

Pour vous simplifier un peu la tache, je vous présente un aperçu des espèces qu’il vous sera possible de tenter en fonction de la zone climatique de votre région.

Les rustiquesZone 678910
Rhapidophyllum hystix*+++
Nannorrhops ritchiana+++
Sabal minor
+++
Trachycarpus fortunei
*++
Chamaerops humilis
++
Serenoa repens
++
Brahea armata

++
Butia capitata

++
Jubaea chilensis

++
Trithrinaxcampestris

++
Chamaedorea microspadix

*+
Phoenix canariensis

*+
Phoenix dactylifera

*+
Washingtonia filifera et robusta

*+
Livistona chinensis

+
Syagrus romanzoffiana


+
Les frileux
Zone 678910
Chamaedorea elegans


*
Archontophoenix cunningham.


*
Dypsis decaryi


*
Howea forsteriana


*
Lytocaryum weddelianum


*
Phoenix roebelenii


*
Ravanea rivularis


*
Rhapis exelsa


*
Caryota mitis



Cocos nucifera



Dypsis lustescens



Euterpe edulis



Hyophorbe lagenicaulis



Licuala grandis



Légende :
+ Aucun risque de gel
* Risque de gel sans protection
– Protection hivernale nécessaire

3 – Conseil de plantation

Pleine terre :

La plupart des espèces apprécieront un emplacement très ensoleillé. Les dattiers(Phoenix canariensis et dactylifera), les washingtonia, les palmiers nain, et les majestueux cocotiers du Chili (Jubaea Chilensis), pour les plus courants, sont clairement des plantes adaptés à la sécheresse. Il faut cependant veiller à ce que les jeunes sujets aient de l’eau durant les deux premières années après la plantation. Prévoyez de l’espace pour son développement. Si vous optez pour une allée, espacez les en ligne tous les 3 à 5 mètres suivant l’espèce plantée.

Celles précédemment citées ne seront pas trop exigeantes sur la nature du sol, pourvu qu’il soit profond et relativement drainant.

Washingtonia Robusta
Photo : Autonomie Jardin
Chamaerops humilis
Photo : Wikipedia.org
Phoenix Canariensis
Photo : Autonomie Jardin
Phoenix dactylifera produit les dattes comestibles à condition que les automnes soit chaud, et les hivers très doux
Photo : Midvalleytrees.com

À moins de débuter avec de très jeunes pousses, il vous faudra creuser un trou suffisamment important pour pouvoir placer la motte. Après avoir remblayé soigneusement autour des racines, former une cuvette autour de la plante afin qu’elle puisse bénéficier aux mieux de vos arrosages. Un bon apport de compost, ainsi qu’un bon paillage, diminueront vos fréquences d’arrosage, et vous dispenseront de fertiliser trop souvent.

En région froide, cet épais paillage limitera aussi le risque de dégâts au niveau racinaire en cas de fort gel.

Constituez une cuvette autour du palmier pour optimiser son irrigation
Photo : Oriotconsulting.com

D’autres espèces apprécieront un sol plus humifère, et des ambiances mi ombragée durant leurs premières années de croissance. Les régions aux climats doux et humide conviendront bien au palmier de chine, et au sabal minor. Le Dattier du Laos(Phoenix roebelenii) peut supporter des gelées à +7°c, si l’épisode est bref. Dans l’idéal on le tient hors-gel, et on le protège l’hiver.

La période de plantation idéale me semble être l’automne, vous bénéficierez ainsi des pluies plus fréquentes qui favoriseront l’enracinement de vos palmiers.

Pour réaliser des allées n’hésitez pas à espacer les plantes de plusieurs mètres
Photos : Autonomie Jardin

En pot :

Il est possible de cultiver ces plantes hors-sol, cependant les contraintes seront plus nombreuses pour maintenir la plante en bonne santé, et permettre son développement.

Il vous faudra souvent à terme de grands bacs, et il conviendra de fertiliser le substrat à l’aide de compost, ou de fumier, plusieurs fois par an(2 fois durant le printemps, 2 fois durant l’automne). Vous pouvez aussi opter pour les purins végétaux d’ortie et de consoude.

La fréquence d’arrosage en été sera également plus importante, en plein été, 5 à 10 litres tous les 2 à 3 jours en moyenne. La tolérance à la sécheresse de certains palmiers (Chamaerops humilis, Washingtonia, Brahea armata…) vous permettra de l’oublier un peu plus longtemps (1 arrosage hebdomadaire de 10L). L’hiver on n’arrose bien moins, surtout si le palmier est exposé aux pluies. L’avantage du pot est que vous pouvez facilement abrité la plante si l’hiver devient très rude. Les palmiers hiberneront très bien dans une pièce lumineuse, tenue hors gel, mais non chauffée. Laissez la terre sécher entre deux arrosages à cette période.

Dattier du Laos en pot
Photo : Autonomie Jardin

4 – Culture et entretien

Globalement de nombreuses espèces sont de culture facile, mais nécessiteront beaucoup de chaleur et d’ensoleillement pour se développer pleinement. Néanmoins leur croissance demeure longue, surtout les premières années, raison pour laquelle je déconseille les semis. Si vous souhaitez tout de même tenter l’expérience, vous pouvez vous référer à l’article sur les semis.

Les jeunes pousses ressemblent à de petites graminées les premières palmes n’apparaissent pas avant la seconde année, la croissance est longue
Photos : Autonomie Jardin

Arrosez bien les palmiers durant les 2 à 3 premiers étés pour les aider à s’enraciner. Les années suivantes, les palmiers ne nécessiteront en principe plus d’arrosage de votre part.

Tous les ans, voire deux ans pour certaines espèces, il faut effectuer une taille d’entretien, qui consiste à couper les palmes sèches et abîmées. Attention beaucoup de palmiers possèdent des épines très acérées, intervenez toujours avec précaution, notamment pour vos yeux.

La taille peut s’effectuer durant la période où la plante est en développement, soit de mai à octobre.

Brahea armata
Photo : Palmtalk.org
Butia capitata
Photo : Crawfordferns.co.uk
Sabal minor
Photo : Palmiers.jardins-japonais

En hiver :

Dans les régions où le gel est très fréquent et durable (pas de dégel en journée, plusieurs jours ou semaines consécutives) il est plus que conseillé de protéger vos palmiers.

Vous pouvez regrouper les palmes autour du cœur à l’aide de solides liens(attention aux épines), puis enveloppez le cœur et le stip dans un voile d’hivernage.Un épais paillis au pied du palmier est conseillé pou protéger efficacement son système racinaire. Il est aussi important de noter qu’un palmier bénéficiant d’un sol bien drainé supportera mieux un épisode de gel.

Suite à plusieurs années d’acclimatation votre palmier supportera mieux les aléas de votre climat.

Dans les régions aux climats chaud et sec vous pouvez associés certains palmiers avec des plantes de terrain sec telles que les agaves, les érythrines, les agapanthes, les aloés , les grevillea, ou les Phormium. Effet dépaysant garanti.

Dans les zones côtières plus régulièrement arrosées comme en Bretagne, ou encore en Vendée, il est possible d’acclimater les dattiers, aussi bien que le palmier de chine, ou encore les Butias.

Pour clore ce dossier sur les palmiers je vous invite à bien vous renseigner sur les soins et besoins inhérents à chaque espèce. je vous recommande par ailleurs le livre très complet de Patrice Fauchier « Les palmiers d’intérieur et d’extérieur » aux éditions Ulmer.

Le sujet des palmiers étant si vaste et intéressant, il est en effet impossible d’en faire le tour en un article. Il faudrait bien un article par espèce. Cet article se veut donc très général, tout en résumant les grandes lignes qui permettent de partir sur de bonnes bases dans la culture de ces magnifiques végétaux.

🌴Je vous souhaite un beau week-end🌴

Ben. MASON

Publié par Ben. Mason

Jardinier autonome, spécialisé en éco-jardinage, et en permaculture.

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7 commentaires

  1. Dans le jardin normand de Flanel j’ai un palmier (acheté tout petit à Hyères il y a bien 25 ans) . Il est magnifique. Un jour je ferai un billet des promenades de Flanel dans le jardin et vous pourrez le voir. Merci pour cet article et bonne journée

    Aimé par 3 personnes

  2. Il y a 2 ans, un jardinier professionnel m’a planté un petit palmier sur ma terrasse. Beau développement, tout allait bien , et puis un jour il a décliné pour se retrouver très abimé. Sur son conseil (celui du jardinier).je l’ai bichonné comme j’ai pu car je ne dois pas être très douée et voilà qu’il repart à la base; je suis très contente.
    En tous cas, vos photos sont superbes ,en particulier l’allée de palmiers très impressionnante et bien mise en valeur par l’oeil du photographe. Bon week end

    Aimé par 1 personne

    1. Merci pour votre passage Elienad, j’espère que vous vous portez bien. Effectivement beaucoup de palmiers sont très coriaces, et peuvent repartir de plus belle même après de gros dégâts. Il ne faut jamais condamner un palmier trop tôt, il y en a un sur ma commune qui est reparti après avoir été coupé à ras par la municipalité🌴.
      Je vous souhaites un bon week-end

      Benjamin

      J’aime

  3. Je te remet une palme d’or pour cet article très complet une nouvelle fois. Ça ma toujours étonné de les voir pousser en Bretagne. Je sais pourquoi maintenant. Bonne soirée Ben et merci pour ce nouveau « dossier ». Tu es une véritable encyclopédie verte. Bonne fin de semaine. Alan

    Aimé par 3 personnes

    1. Merci Alan, je suis très honoré et touché par la palme d’or que tu décerne à cet article.
      Il est vrai que la Bretagne, bien plus douce qu’on ne l’imagine est un bon spot à palmier.
      Il existe même un chapelet d’île au sud-ouest de l’Angleterre(îles Scilly) ou règne un climat très doux dans lequel les plantes exotiques se développent bien. Mais bon avec la quarantaine😷 On va p’têtre attendre l’an prochain pour visiter, n’est-il pas?🙄😁

      Je te souhaite un excellent week-end
      Ben

      J’aime

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