LA FUSARIOSE

Prévenir plutôt que guérir

La fusariose ou flétrissure fusarienne est une maladie cryptogamique provoquée par divers champignons du genre Fusarium et Microdochium qui peuvent survivre plusieurs années dans le sol. Cette maladie peut atteindre aussi bien les plantes du potager et céréales que les plantes et arbres d’ornements ou les plantes grasses.

Fusariose sur blé
Photo : Unl.edu

1 – Fusarium, et la fusariose

Le genre Fusarium regroupe plusieurs espèces de champignons phytopathogènes susceptibles d’attaquer un grand nombre de plantes, provoquant des maladies appelées fusarioses.

Ces champignons infectent de nombreuses céréales, graminées et autres plantes, et ils survivent dans les graines, dans les résidus de culture et dans le sol. À l’automne, favorisés par les sols humides, ils envahissent le collet, les racines ou les gaines foliaires. À ce stade, ils peuvent provoquer la pourriture des semences et la fonte des semis.

Au printemps, ils sont favorisés par les sols secs et la forte concentration d’engrais. Les lésions continuent de s’étendre, donnant lieu à la pourriture du collet, de la tige et des racines.Les champignons responsables de la fusariose sont présents sous forme de spores dans des débris végétaux ou profondément enfouis dans le sol (jusqu’à 80 cm de profondeur) et développent un mycélium (filament de champignon) en été sous l’effet conjugué d’une chaleur atteignant ou dépassant 30 °C et d’un temps pluvieux ou d’une forte humidité.

Le développement de cette maladie est favorisé par plusieurs facteurs :

– un sol acide et léger ;

– des températures élevées (28 °C pour la flétrissure sur tomates) ;

– une carence de calcium et d’azote ;

– une insuffisance de lumière et de ventilation (cultures trop denses, plants trop serrés).

NB: la fusariose des tomates et autres solanacées se développe dans un sol plutôt frais (18 à 20 °C).

Cycle de développement

Les mycéliums s’attaquent aux collets des plantes aériennes (tomates, haricots, etc.), aux bulbes et tubercules (crocus, dahlias, etc.) ou tiges souterraines et racines (asperges) puis envahir entièrement les végétaux durant l’été. Lorsque les feuilles sèchent, le mycélium produit des spores. Celles-ci sont ensuite disséminées par le vent, et les gouttes de pluie.

Cycle de développement de la fusariose
Infographie : ministaryofhealth

À l’automne, ces spores subsistent dans les débris végétaux et le sol où elles passent l’hiver, en état de dormance, jusqu’au printemps. Tous ces champignons résistent au froid de l’hiver, car ils trouvent refuge dans le sol ou sous les débris végétaux.

Puis, dès le retour de la chaleur et surtout à la faveur des pluies, les mycéliums se développent à nouveau, à partir des spores. Chaque espèce de fusarium ne peut se développer que sur certains types de végétaux qui lui sont spécifiques.

NB : ces spores présentes dans des graines stockées ne pourront pas être utiliser pour un prochain semis, car elles seront détruite par la fonte des semis.

Végétaux concernés

De très nombreuses espèces végétales peuvent être atteintes par la fusariose :

Surtout connue pour ses dégâts sur les céréales (riz, avoine, blé, etc.), la fusariose touche aussi des cultures de fruits et légumes tels que poivrons, courgettes, melons, tomates, pommes de terre, asperges.

Au potager nombreuses sont les espèces concernées, aubergines, haricots, pois, poireaux, betteraves, épinards mais aussi l’ensemble des cucurbitacées et les céréales y sont également sensibles.

La fusariose sur melon
Photo : Ephytia.inra.fr
La fusariose sur tomate
Photo : Plantvillage.psu.edu

Au jardin, les bulbes tels que les narcisses, crocus, lys, dahlias, mais aussi de nombreuses vivaces comme les œillets de poètes, les chrysanthèmes, les œillets et même le gazon peuvent subir des attaques de fusariose.

Attention également en intérieur, avec les plantes grasses et les cactées, mais aussi avec le bananier.

Les cactus et plantes grasses sont aussi sujettes à la fusariose
Photo : Cactusnursery.co.uk
Les plantes à bulbe sont aussi sensible à cette maladie, ici sur cyclamen
Photo : Digitalcollegian

2 – Prévenir l’apparition des fusarioses

Il existe plusieurs solutions peu coûteuses et efficaces vous permettront de prévenir la fusariose ainsi que d’autres maladies cryptogamiques qui peuvent survenir au jardin comme au potager :

Effectuez systématiquement chaque année, de manière préventive, une rotation des cultures, puisque chaque espèce de fusarium est spécifique à une espèce de plante.

Vous pouvez vous référer à l’article au sujets des rotations pour plus de détails, mais par exemple, ne replantez pas avant 3 à 5 ans une même espèce au même endroit si elle a été contaminée une première fois. En revanche, vous pourrez y cultiver sans risque une autre espèce de plante issue d’ une famille botanique différente.

Enrichissez votre sol avec un bon compost avant d’installer vos cultures, il apportera d’autres micro-organismes qui aideront à limiter le développement des fusariums.

Si votre sol n’est pas humifère, enrichissez-le en azote favorisant la croissance végétale et racinaire. Procédez à des apports d’engrais organiques azotés (tels que du fumier, compost, purin d’ortie ou autre),durant le printemps et l’automne.

Fusariose dans un champ de blé
Photo : Wikipedia.org

Il est aussi possible d’atténuer l’acidité excessive de votre sol en le chaulant avant la plantation, en faisant un apport de chaux éteinte ou d’autres amendements calcaires.

N’oubliez pas le paillage, en effet, en paillant correctement votre sol, vous éviterez la dissémination des spores.

Espacez suffisamment les plants de plantes sensibles pour assurer une bonne ventilation aux cultures et laisser pénétrer la lumière.

Évitez de maintenir le sol mouillé en permanence, avec un épais paillage on évitera d’abuser avec des arrosages trop fréquents.

Pour les bulbes, les tubercules ou les griffes de plantes sensibles, plongez-les dans une solution fongicide comme le purin de prêle avant leur plantation. Installez-les assez tôt dans la saison. En automne, vous pouvez les poudrer au soufre.

Si vous en avez la possibilité, cultivez essentiellement des plants sélectionnés comme résistants à la fusariose.

3 – Reconnaître une attaque de fusariose

En fonction du type de végétal attaqué, vous pouvez constater un flétrissement des plantes herbacées similaire à un manque d’eau, mais le symptôme persiste après l’arrosage.

Les tissus vasculaires peuvent se colorer en noir ou en brun.

Chez une plante à bulbe, celui-ci se décolore et pourrit, et le feuillage jaunit.

Chez la tomate et les solanacées, le collet brunit et des lésions brun rose avec un chancre d’un seul côté en forme de flamme se développent dessus.

Les plants se flétrissent avant la première récolte.

Les feuilles les plus hautes sont les premières à faner et à jaunir.

Les fruits sont ternes.

Les symptômes sur les cucurbitacées sont semblables à ceux observés sur les tomates.

En arrachant un plant, vous pourrez constater un pourrissement du système racinaire qui aura pris une couleur brune.

En arrachant un pied vous constaterez un pourrissement du système racinaire, celui-ci vire au brun
Photo : Ephytia.inra.fr

Pour une asperge, les griffes des plants atteints présentent des nécroses éparses souvent accompagnées de pourritures importantes. Le plant dépérit rapidement.

Le gazon peut également être atteint par la fusariose froide du gazon entraînant des dessèchements des pelouses en divers endroits. Ces taches brunes peuvent se recouvrir d’une teinte rosée par temps humide.

Le gazon peut également être atteint par la fusariose froide du gazon
Photo : Dreamstime.com

4 – Traitements curatifs de la fusariose

D’une façon générale, lorsque la fusariose se manifeste, il est trop tard pour traiter. Tous les traitements sont à appliquer préventivement.

Mesures curatives d’urgence

Outre les mesures préventives simples, efficaces et faciles à appliquer, il existe des traitements physiques naturels du sol infesté, comme la stérilisation par traitement à la vapeur, mais ils sont très destructeurs pour la vie du sol, et souvent trop lourds à mettre en œuvre pour un jardinier amateur.

Cependant, dès que les premières signes de maladie apparaissent :

Supprimez les parties touchées ou les plantes entières si elles sont trop atteintes.

Supprimez également les premiers fruits s’il y en a, pour tenter de réduire les surfaces infestées par la maladie et ainsi ralentir son développement.

Enfin, si vous cultivez en bac, ou carré de potager, remplacez au plus tôt la terre où poussaient les plants arrachés pour éradiquer les spores qui s’y trouveraient encore.

Traitements biologiques contre la fusariose

Si malgré toutes les mesures de prévention vos cultures sont atteintes, vous pouvez traiter biologiquement, avant de nouvelles plantations, en inoculant vos semences ou votre terrain d’un autre micro-organisme : un trichoderma adapté à l’espèce à cultiver (Trichoderma harzanium pour les tomates et d’autres espèces). Celui-ci protègera les racines de vos cultures, permettant aux plants de pousser malgré la présence de fusarium. Plus efficace qu’un traitement fongicide et sans effets secondaires, il vous permet d’accroître le rendement de vos cultures malgré l’infestation. Mais attention, le prix est élevé même pour de petits conditionnements.

Par ailleurs, la pulvérisation de bouillie bordelaise préconisée par certains n’a pas encore fait la preuve de son efficacité contre les fusarioses.

Conseil : évitez de consommer régulièrement vos légumes ou fruits atteints, car les champignons microscopiques du genre Fusarium sécrètent des mycotoxines qui sont toxiques au-dessus d’un certain seuil que l’on contrôle en agriculture.

5 – Cas et exemples particuliers

En Languedoc-Roussillon, un fusarium s’est attaqué à l’asperge et a rendu la terre des parcelles touchées impropres à sa culture durant plusieurs années.

Au Maghreb, le Fusarium est responsable du bayoud, maladie du palmier dattier qui a détruit les deux tiers des palmeraies du Maroc. Elle se propage actuellement en Mauritanie, en Égypte, en Israël, en Grèce et en Turquie. Cette maladie est due au champignon Fusarium oxysporum f. sp. albedinis, qui s’insinue par les racines et par les vaisseaux pour gagner toutes les parties de la plante, provoquant sa destruction totale.

Cette maladie est connue en Algérie depuis 1898. Depuis son apparition, ce seul pays a subi une perte de plus de trois millions d’arbres.

Les moyens de lutte curatifs contre ce fléau sont peu efficaces. Les seules méthodes préconisées sont:

– la prévention consistant à limiter les échanges de matériel végétal entre palmeraies,

– la lutte chimique (traitement à l’iprodione coûteux mais à effet immédiat),

– la lutte génétique par la sélection de variétés résistantes (en entretenant une diversité génétique de manière à ne pas faciliter les mutations adaptatives et expansions géographiques du champignon).

Des Fusariums s’attaquent aussi au blé, à l’orge, au maïs, à l’avoine, au concombre, à la courgette, au topinambour, au piment, à la pomme de terre, à la patate douce, à la pastèque, au céleri, à l’ail, à l’oignon, au chou, au gingembre, à la banane, au manioc, aux fleurs d’ornement et à beaucoup d’arbres fruitiers.

À Madagascar, la fusariose détruit chaque année, des centaines d’hectares de plantation de vanille.

Les bananeraies sont victimes du fusarium oxysporum
Photo : Ephytia.inra.fr

La maladie de Panama ou fusariose du bananier est due à Fusarium oxysporum. Cette maladie tue les bananiers plus ou moins rapidement.

🌄 Prenez bien soins de vos cultures en ce début d’automne 🍂🍁

🌞 et passez un beau week-end. 🍀

Ben. MASON

Publié par Ben. Mason

Jardinier autonome, spécialisé en éco-jardinage, et en permaculture.

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3 commentaires

  1. Dur dur d’avoir des plantes en bonne santé !! Apres avoir combattu la cochenille (à coque ou farineuse) notamment sur un dipladenia, , je sens que je vais me battre contre la fusariose car on vient de m’offrir un très beau cactus. Je vais suivre vos conseils pour déceler les premières apparitions de cette maladie.
    Très bon Week End

    Aimé par 1 personne

  2. Encore un article complet et qui difére des autres.
    T’assure grave avec ton blog, continue de nous régaler comme ça !
    200% avec Autonomie Jardin !
    Encore merci mon pote tu nous apporte tellement d’informations et de connaissances !
    Bon week-end à toi et à tous les lecteurs et lectrices !

    Aimé par 3 personnes

    1. Merci Holmes,
      Le sujet maladie est souvent moins apprécié. C’est sûr, c’est moins vendeur qu’une plante ou un jardin, mais je m’dit que quand les gens ont des maladies sur leurs végétaux ça peut les aider d’avoir quelques conseils sur la question.
      J’espère que les gens s’y retrouvent dans la masse d’articles publiés. Je rappelle qu’il existe un onglet où sont répertoriés tous les articles classés par sujets.
      Je te souhaite un bon week-end
      Ben

      J’aime

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