Les campagnols

Des rongeurs très gourmands

Un campagnol à l’entrée de sa galerie
Photo : Daniellys.fr

Le campagnol est un petit rongeur avec un grand appétit, ses raids nocturnes au potager peuvent vite devenir une calamité si l’on ne prend pas quelques mesures pour protéger les cultures. Son aspect mignon ne nous encourage guère à lui donner la chasse, cependant les années où ceux-ci sont nombreux vous pouvez voir disparaître la quasi totalité de vos récoltes, ce qui peut amener certains jardiniers excédés à en venir aux méthodes pas très catholiques. Pour éviter d ‘en arriver à de telles extrémités, voici un article qui vous permettra de mieux connaître ces petits chapardeurs, et ainsi pouvoir limiter les dégâts sans passer par le statut « assassin de sang froid ».

1 – Description du campagnol

Également appelé rat taupier, le campagnol terrestre vit principalement sous terre, il y creuse des galeries. Contrairement à la taupinière qui est verticale, l’entrée d’une galerie de campagnol est en biais. Il existe quatre espèces de ce rongeur :

Le campagnol terrestre (Arvicola terrestris),très présent dans l’est de la France et en régions montagneuses, il avale, tous les jours, l’équivalent de son poids en végétaux(racines principalement). C’est le célèbre rat taupier.

Le campagnol des champs (Microtus arvalis), long d’une dizaine de centimètres, il se nourrit de pousses d’herbes, de luzernes et de céréales, de graines, de racines et de bulbes en quantité journalière importante : deux fois son poids par jour

Le campagnol provençal (Pitymys duodecimcostatus)

Le campagnol souterrain (Pitymys subterraneus)

L’espèce la plus répandue en France est le campagnol terrestre.

Le campagnol ressemble beaucoup au rat, il mesure entre 12 et 20 cm de long. Doté d’une petite queue, sa silhouette est trapue, il a des petits yeux noirs et de petites oreilles sur un museau arrondi. Attention aux morsures car ses dents sont bien acérées !

Le campagnol est un rongeur gourmand qui peut avaler quotidiennement jusqu’à 2 fois son poids en végétaux
Photo : Coordinationrurale.fr

Le campagnol ne vit pas très longtemps (moins d’un an) mais il prolifère très rapidement. Dès deux mois, le campagnol commence à se reproduire et donne naissance à 4 petits en moyenne. La période de gestation est de 21 jours, ce qui permet à ce rongeur d’avoir 4 à 5 portées au cours de sa vie. Dès que vous percevez les premiers signes de la présence de campagnols, il convient d’agir vite, avant d’être littéralement envahi.

2 – Reconnaître les dégâts du campagnol

Des feuilles de blettes ou de courgettes molles, couchées au sol, des poireaux semblant avoir été aspirés par le sol ou l’absence de feuillage dans les rangées de pommes de terre sont des signes qui trahissent la présence des campagnols. Les bulbes, et les légumes racines tels que navets, carottes, ou betteraves sont souvent les cibles du campagnol. Même les racines des arbres fruitiers peuvent être au menu du rat taupier. D’une manière plus générale, les végétaux qui déclinent sans raison apparente doivent vous alerter quant à la présence éventuelle de ces rongeurs.

Dégâts du campagnol sur carottes
Photo : mapassionduverger.fr

En observant ces dégâts de plus près, vous découvrirez, sous les restes de légumes, un petit tunnel ! En effet, les campagnols se déplacent sous terre en creusant un réseau de galeries complexes plus ou moins profondes. On s’en rend souvent compte lorsque notre pied s’enfonce dans l’une d’elles. Les galeries des campagnols des champs sont parfois à ciel ouvert. Quant à celles des campagnols terrestres, on peut les deviner grâce à la présence de monticules de terre à leur entrée, assez semblables à des taupinières.

Il n’est pas toujours évident de distinguer les galeries des taupes de celles creusées par des campagnols. Le monticule fait par un campagnol est moins régulier qu’une taupinière, qui est plutôt conique. La galerie d’une taupe part du milieu de la taupinière et descend à la verticale, tandis que celle d’un campagnol part de biais, puis continue à l’horizontale. Mais le travail d’observation peut devenir très compliqué, lorsque les rats taupiers empruntent les galeries des taupes !

Un test simple pour confirmer que vous êtes bien en présence de campagnols consiste à creuser précautionneusement dans le monticule. Si le trou se referme en quelques minutes, ou en quelques heures maximum, vous pouvez être certain qu’un campagnol est à l’œuvre dans votre jardin.

3 – Réguler la population de campagnol grâce aux prédateurs

Il existe plusieurs facteurs qui favorisent l’installation des campagnols.

Le premier est l’absence d’arbres ou de haies. En effet, sans ces derniers, les prédateurs naturels des campagnols ne peuvent s’approcher de leurs proies. Il faut savoir que les campagnols ne circulent pas seulement sous terre, et c’est en surface que leurs ennemis se trouvent. Parmi les prédateurs, on peut citer les rapaces (buses, hiboux, chouettes…), les pies, les corbeaux, les renards, les chats (domestiques et sauvages), les belettes, les fouines et les hermines, les serpents, et même les hérissons !

Implanter une haie, former un tas de pierres (belettes, fouines), installer des perchoirs et des nichoirs à rapaces en bordure de la zone infestée ou accueillir un chat sont donc les premières actions à mener.

Les rapaces sont d’une efficacité redoutable contre la prolifération des campagnols
Photo : Zoosauvage.org

Un deuxième facteur très favorable aux campagnols est la présence d’une couverture végétale sur le sol, comme un paillage ou des touffes herbeuses denses et hautes, à fortiori l’hiver. Cela gêne la vision des rapaces, favorise les déplacements des campagnols en surface, et leur offre un abri idéal. S’il est facile de contenir le développement de l’herbe dans son jardin, faire le choix entre paillage et rat taupier est un vrai dilemme pour les adeptes de la permaculture. Et si, en plus, le potager est mitoyen de prairies enherbées, le problème n’en sera que plus compliqué.

L’arrivée de prédateurs peut mettre un certain temps. Et en attendant une régulation naturelle des populations, il est nécessaire d’entamer des actions plus offensives.

Photo : Dreamstime

4 – Astuces pour protéger vos légumes

Je vous conseille d’éviter les produits chimiques, dont les effets sur votre sol sont néfastes, et se répercuteront sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Si votre chat s’attaque à un campagnol empoisonné, il sera lui même probablement empoisonné à son tour, les conséquences peuvent lui être fatales.

Les galeries, parfois à ciel ouvert, sont facilement reconnaissables
Photo : Pa.chambre-agriculture.fr

Une des actions consiste à déranger, le plus possible, le campagnol dans ses déplacements, pour le pousser à déménager plus loin. Pour cela, il faut détruire les galeries. Si le jardinier conventionnel retourne une à deux fois par an la terre de son potager, le permaculteur s’en abstient, ce qui favorise, en plus du paillage, l’installation des campagnols.

Dès que vous repérez une galerie, détruisez-là à l’aide d’une grelinette ou d’une fourche-bêche. Si l’opération est délicate au milieu des cultures, faites-le systématiquement dans les allées et autour du potager.

Essayez également de rendre la vie impossible aux taupes. Rappelez-vous que les galeries de ces dernières facilitent grandement le déplacement des campagnols opportunistes.

Ce travail est répétitif, mais tout ce qui gêne le quotidien de ce paisible rongeur contribuera à sa régulation.

Comme les taupes, les campagnols sont dotés d’un odorat et d’une ouïe très développés. Il est donc facile d’utiliser des remèdes de grand-mère qui se révèlent efficaces. Par exemple, les campagnols détestent le clou de girofle, les rameaux de thuya, les poils de chien, de chat, ou encore les feuilles de noyer et d’érable. Autant de substances répulsives que vous pouvez placer à l’entrée des terriers. L’installation de plantes répulsives telles que la fritillaire impériale, l’incarvillée, ou la rue sont aussi des actions qui déplairont à ces gourmands.

Les purins de plantes, sureau, ou euphorbe sont également envisageables. En effet l’odeur nauséabonde de ces purins les indispose.

Fritillaires impériales
Photo : Gardenia.net
Incarvillée rose
Photo : Stauden-gaenge.de

Une autre méthode, aussi radicale que sadique, consiste à poser des pièges. Il en existe différents modèles tous aussi machiavéliques les uns que les autres. Les plus connus sont les pièges à pinces et les pièges à guillotine que je réprouve. Je pense que ce ne sont pas des méthodes pour qui se réclame proche de la nature. Les premiers sont les moins chers, mais demandent à être posés avec soin pour être efficaces (ouverture de la galerie à l’aide d’une bêche, pose du piège et rebouchage méticuleux). Il existe aussi des pièges non létaux qui permettent de capturer le coupable afin de le relâcher plus loin dans la nature. Mais pour que le piégeage ait de réels effets sur la population en place, il faut poser beaucoup de pièges et effectuer plusieurs relevés par jour (4 relevés sont conseillés).

Les pièges pyrotechniques (pétards et fumigènes) sont également efficaces pour se débarrasser des campagnols. Faciles à poser, ils sont cependant très onéreux et il est donc difficile d’envisager la lutte par ce moyen lorsque les rongeurs sont nombreux.

Photo : Taupier-sur-la-france.fr

Conseils :

Pour un piégeage efficace, il faut repérer une galerie récente. Les plus anciennes sont moins fréquentées, voire abandonnées.

Les bulbes et rhizomes peuvent êtres protégés par un grillage avec lequel on enveloppe soigneusement le bulbe à protéger.

Le commerce propose aussi des appareils qui éloignent les campagnols à l’aide d’ultrasons ou de vibrations. Ces dispositifs se révèlent efficaces, et ne sont pas très onéreux.

Enfin, quelles que soient les actions effectuées, pour limiter la prolifération des campagnols, il faudra y consacrer du temps et agir sur plusieurs fronts .

Pour vous donner du courage, il y a une une statistique rassurante à retenir : les populations de campagnols suivent un cycle ( 5 à 6 ans pour le rat taupier). Elles atteignent peu à peu un pic démographique avant de s’effondrer, pour remonter, ensuite, progressivement.

Excellent week-end à tous, et bonnes vacances pour ceux qui en ont la chance.

Ben. MASON

Publié par Ben. Mason

Jardinier autonome, spécialisé en éco-jardinage, et en permaculture.

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16 commentaires

  1. Et coucou,
    Excellent article, Billie Jolie valide tout, même si elle sait encore peu de choses de la vie au jardin…
    Du coup je viens d’aller sur ton article des chats au jardin, j’apprends comme d’habitude beaucoup de choses.
    Je ne savais pas quoi faire de mes coquilles de noisettes, maintenant je sais, parce que les/mes chats aiment un peu trop mon potager…
    Je ne savais pas que les campagnols étaient aussi industrieux au potager, merci pour toutes tes informations.
    Belle journée Ben

    Aimé par 1 personne

    1. 🙏Merci pour ta visite et ton mot,
      ça me fait plaisir que mon blog puisse contribuer à reconnecter les gens à la terre et à la nature. Ton commentaire est donc une belle récompense et un gros encouragement pour la poursuite de mes publications.
      Je te souhaite une belle fin de semaine
      Ben

      Aimé par 1 personne

  2. Bel article sur la vie au jardin ! Que d’activités parmi tous ces petites bêtes qui cherchent à vivre.
    dans un potager, c’est pour elles les rayons du supermarché à domicile. j’ai , une fois de plus appris des choses intéressantes Bon week end à vous.

    Aimé par 1 personne

    1. Merci Elienad,
      Il est vrai que le potager fait office de garde-manger à bien des animaux, l’essentiel est de s’assurer que les populations de ravageurs ne soient pas trop importantes.
      Je suis content que cet article vous ait été instructif.
      Je vous souhaite un bon week-end

      Benjamin

      J’aime

  3. Cher Ben, je confirme, ces jolies petites bêtes sont redoutables. Je ne compte plus les plantes qu’ils ont fait disparaître. Des ultrasons au ricin, rien n’y fait. La lutte la plus efficace reste celle de notre petite chatte Nikita qui nous en élimine un ou deux par jour. Et nous avons le plaisir d’héberger une autre espèce, de grande envergure : le campagnol amphibie qui, lui, est même capable de condamner des arbustes !
    Mais je tout de même essayer les fritillaires et, merci pour cette découverte, les incarvillées !
    Beau week-end ! Danielle

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour Danielle,
      effectivement il existe également un « modèle amphibie », dernier cris de la nature pour dessoucher les arbustes récalcitrants😄. Apparemment il est peu fréquent (sauf en foret de Darnay), raison pour laquelle je ne l’ai pas évoqué.
      Je pense que les fritillaires peuvent être efficaces, j’ai eu le cas d’un ami qui cultivait entre une friche, et un potager voisin qui étaient envahis de campagnols et de mulots, lui n’avait aucun soucis et ne posait pas de pièges. Je réalise maintenant qu’il avait fait de beaux massifs de fritillaires, et possédait plusieurs pieds de ricins sur sa parcelle.
      Nikkita restera sans doute le meilleur atout dans la lutte contre ces gourmands.

      Je te souhaites un bon week-end
      Ben

      Aimé par 1 personne

    1. Coucou Alan, c’est sûr que pour faire face plus sereinement à ce type d’animaux assez destructeurs, mieux vaux privilégier l’embauche d’un chat. Cependant, il ne faut surtout jamais titulariser le chat, autrement ils se relâche, comme tout bon fonctionnaire qui se respecte😀.
      Passes un beau week-end

      Ben

      J’aime

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