LES OLIVIERS
Un classique de Méditerranée

Photo : Autonomie Jardin
Connu et cultivé depuis la haute antiquité, ce bel arbre originaire du bassin méditerranéen est de plus en plus représenté dans le jardins européens. Tout un symbole dans les régions méridionales, où il produira chaque année des récoltes, on le trouve aussi implanté dans des régions éloignées de sa zone géographique de prédilection. Vallée du Rhône, Alsace, littoraux bretons et côte Atlantique, les possibilités sont nombreuses tant que le sol est drainant, et les hivers pas trop rigoureux. Son bel aspect ornemental, et sa grande longévité, compenseront les maigres récoltes obtenues en région plus fraîche.
1 – Histoire et description botanique
L’olivier est un arbre à feuillage persistant de la famille des Oléacées. Originaire du bassin méditerranéen, il est cultivé depuis l’antiquité, égyptiens, grecs, et romains, tous connaissaient les vertus et propriétés de cet arbre. Le fruit de l’olivier est sans surprise la célèbre olive, et la fameuse huile que l’on en tire. Les grecs de l’antiquité l’utilisaient aussi bien pour un usage culinaire que cosmétique (application sur les plaies, sur la peau comme savon, ou encore sur les cheveux en guise de shampoing). Il est aujourd’hui communément admis que cet arbre a grandement contribué à l’essor des grandes civilisations du passé, au même titre que la vigne, le blé, ou encore le dattier en Afrique du nord.
Caractérisé par un tronc imposant, sculpté par l’âge et sa parure de feuilles vertes argentées, la longévité de cet arbre peut surpasser celle du chêne.
Chargé de légendes, l’olivier millénaire est un arbre symbole et les peuples du pourtour méditerranéen connaissent les gestes ancestraux de sa culture et de nombreux dictons s’y référant. En Provence, on dit ainsi qu’« à 100 ans, un olivier est un jeune homme ».
Cependant, il est difficile de savoir l’âge exact d’un olivier avec certitude. L’étude du bois et des écorces est en effet difficile à réaliser car l’olivier est un bois dur, dense, veiné et de croissance irrégulière, cela rend aléatoire l’individualisation et le comptage des cercles de croissance. L’âge d’un olivier ne peut donc qu’être une estimation basée sur des indices indirects (diamètre, aspect, documents historiques).
Lorsqu’un olivier vieillit, il produit naturellement des rejets appelés « souquets », à partir de sa souche. Ainsi, l’arbre ne meurt effectivement jamais de vieillesse. L’olivier peut cependant mourir par l’effet du gel, de l’humidité du sol…
Les plus vieux troncs que l’on puisse observer sont cependant ceux des arbres cultivés, car les cultivateurs éliminent régulièrement les rejets, s’ils veulent conserver le tronc ancêtre.
La tradition fait remonter certains oliviers italiens à l’époque de l’Empire romain. Cependant, l’âge d’un olivier crétois a pu être estimé à plus de 2 000 ans, et un autre sur l’île de Brijuni en Croatie, donne toujours des fruits malgré son âge estimé à 1 600 ans. Un olivier situé à Santu Baltolu di Carana dans l’île italienne de Sardaigne est réputé être vieux d’au moins trois millénaires selon différentes études. Il existe au Sud-Liban un arbre vieux de 2 700 ans dans le village de Chaqra dénommé l’arbre des Perses. À Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), un vénérable olivier millénaire âgé de plus de 2 000 ans affiche un impressionnant vingt mètres de tour de tronc avec de multiples rejets.

Photo : Gralon.net
Aux abords du pont du Gard, on trouve trois oliviers millénaires, dont l’un a été planté en l’an 938, en Espagne, puis ramené et transplanté près du pont du Gard en 1988. En 2007, il continuait à donner des fruits. Les deux autres oliviers en sont à peu près contemporains.

Famille : Oleacées
Type : Arbre fruitier et ornemental
Hauteur : 3 à 15 m
Exposition : Ensoleillée
Sol : Bien drainé, calcaire et sec
Feuillage : Persistant
Récolte des olives : Automne
Aux dires des Grecs, l’olivier le plus vieux du monde, 3 000 ans environ, se trouverait dans le village de Voúves dans l’ouest de la Crète.
Deux millénaires de sélection parmi les arbres les plus intéressants, et les plus productifs sont à l’origine des oliviers que nous cultivons de nos jours. De nombreuses souches et variétés différentes ont existé ou existent toujours, mais sont depuis 2002 classées en 6 types différents, tous issus de Oléa europaea :
Olea europaea subsp. europaea, caractéristique du bassin méditerranéen, dont la variété cultivée (var. europaea) est l’olivier et dont les variétés sauvages et férales (var. sylvestris) sont désignées sous le nom d’oléastres,
Olea europaea subsp. cuspidata , la sous-espèce la plus largement répandue dans le monde (sous-espèce ubiquiste), présente dans toute l’Afrique y compris les Mascareignes, et dans de nombreuses régions sèches d’Asie, depuis l’Arabie jusqu’en Chine,
Olea europaea subsp. cerasiformis , endémique de Madère,
Olea europaea subsp. guanchica , endémique des Canaries,
Olea europaea subsp. laperrinei , présente dans les montagnes sahariennes,
Olea europaea subsp. maroccana, représentée par une population isolée du Haut-Atlas marocain.

Les représentants de l’espèce Olea europaea sont des buissons, arbustes ou arbres sempervirents (feuillages persistants) 15 m de hauteur. Les rameaux sont parsemés d’écailles peltées. Le feuillage est persistant se compose de feuilles opposées, entières et elliptiques, coriaces et parsemées de poils écailleux, plus ou moins étroites, longues de 3 à 9 cm.
Les fleurs, blanches ou jaunâtres, sont groupées en panicules axillaires. Les corolles forment des tubes à 4 pétales, et deux étamines sont présentes. Les fruits sont des drupes charnues à noyau dur, longues de 5 mm à 4 cm, suivant les variétés, qui deviennent noires à maturité.
La pollinisation est assurée par le vent. Le pollen est allergisant : dans les régions plantées en oliviers, la forte présence dans l’air de leur pollen pendant la période de floraison (de mai à fin juin) est une cause importante d’allergies chez les sujets sensibles.
2 – Plantation
En pleine terre :
Choisissez un endroit bien ensoleillé et où l’eau ne risque pas de stagner, et idéalement à l’abri des vents dominants. Si vous voulez obtenir une oliveraie, espacez vos arbres de 4 à 5 mètres.
En ce qui concerne le sol, il doit être très bien drainé. On peut mélanger la terre avec du sable et mettre un lit de petits cailloux au fond du trou pour ne pas que l’eau stagne au niveau des racines.
Bien arroser la 1ère année suivant la plantation.

Photo : Huiles-et-olives.fr
En pot :
La culture de l’olivier en pot est tout à fait adaptée.
Optez pour un bac suffisamment grand afin que les racines puissent se développer sans difficultés.
Un mélange de terreau, de terre de jardin, et de sable est idéal pour l’olivier. On peut également utiliser un terreau pour agrumes et plantes méditerranéennes prêt à l’emploi. N’oubliez pas de prévoir un lit de gravier ou de billes d’argile au fond du bac pour assurer un drainage efficace.
Installez votre pot à un endroit ensoleillé et plutôt abrité du vent.
Arrosez copieusement en été lorsque le sol est sec en surface, sans inonder les racines(attention avec les soucoupes).

Photo : Deavita.fr
Si la température descend durablement en dessous de -5°, rentrez-le dans un endroit frais, lumineux, et aéré ou protégez le avec un voile d’hivernage.
3 – Culture et entretien
L’olivier ne produit naturellement qu’une année sur deux en l’absence de taille, et la production s’installe lentement, progressivement, mais durablement : entre 1 et 7 ans, c’est la période d’installation improductive, dont la durée peut doubler en cas de sécheresse ; jusqu’à 35 ans, l’arbre se développe et connaît une augmentation progressive de la production ; entre 35 ans et 150 ans, l’olivier atteint sa pleine maturité et sa production optimale. Au-delà de 150 ans, il vieillit et ses rendements deviennent aléatoires.
Si vous devez tailler votre olivier, faites-le à l’automne si il ne gèle pas dans votre région et au printemps partout ailleurs.
Attention, ne taillez jamais votre olivier en hiver, pendant ou avant une période de gel, car cela pourrait condamner votre arbre.
- Supprimez les branches qui ont poussé au pied de l’arbre ou le long du tronc.
- Coupez les branches qui tombent vers le sol.
- Aérez le cœur de l’arbre en taillant les branches qui poussent vers l’intérieur et en conservant les branches maîtresses qui forment la charpente.
- Pour les plus grosses branches, prévoyez un mastic de cicatrisation pour éviter les attaques de champignons.
Les oliviers préfèrent recevoir un arrosage conséquent mais espacé dans le temps, plutôt qu’un peu d’eau tous les jours.
Un arrosage copieux une fois par semaine suffit la 1ère année suivant la plantation.
Une fois bien installé, il n’a plus besoin d’être arrosé (sauf si il est en pot).
4 – Multiplication de l’olivier
L’olivier est un arbre qui peut être reproduit par semis du noyau. Les semis s’effectuent au printemps, et les jeunes sujets sont conservés durant la première saison en pot. La plantation de jeunes arbres issus de semis peut être envisagée dès l’automne suivant, mais on peut patienter et décider de procéder à la plantation au tout début du printemps suivant.
Comme je l’indique souvent, le semis est un procédé qui nécessite de la patience, surtout avec de tels arbres. C’est pour cette raison que les oliviers sont habituellement multipliés par bouturage, marcottage, et souvent par greffage en production.
J’ai déjà évoqué ces techniques dans de précédents articles, et je vous invite à suivre les liens ci-dessus pour obtenir les détails de ces méthodes de multiplication.
5 – Ravageurs et maladies
Malgré sa grande robustesse, l’olivier est néanmoins sensible à certaines maladies, et à certains insectes ravageurs. Parmi les soucis fréquemment rencontrés on peut citer :
–La mouche de l’olive, il existe des pièges à phéromones que l’on suspend dans les arbres pour limiter la propagation de ce ravageur,
–L’oeil du paon : Des tâches jaunes se forment sur fond brun ou marron ce qui nécessite un traitement antifongique,
–le chancre, ce dernier apparaît surtout sur des sujets déjà relativement âgés.
6 – Variétés utilisées en fonction de l’usage
Voici une sélection de variétés d’olivier en fonction de leur résistance au froid, de rendement , et de l’usage des olives.

Olivier résistants au froid :
J’indique ici les plus courantes :
Aglandau,
Amellau,
Cipressino , et
Olivère
Olivier pour huile d’olive :
Aglandau (Verdale de Carpentras),
Amillau,
Araban,
Amygdalolia,
Cayet rouge,
Calletier,
Cayon (ou cayanne),
Cipressino,
Colombale,
Corniale,
Grossanne,
Lucques,
Manzanille,
Moufla,
Négrette,
Noirette,
Pardiguier,
Pointue de l’Ardèche,
Poumal rougette de l’Ardèche,
Reyne,
Tanche,
Verdale, et
Zinzala.

Olivier autofertile :
Les variétés autofertiles les plus courantes sont :
Aglandau, Amygdalolia, Cipressino, Cayanne, Grossanne ou encore Rougette de l’Ardèche
Je vous souhaite un excellent week-end, et par avance une belle fête à toutes les mamans.
Ben. MASON
LE DICTON DU JARDINIER :
« Le jour de la Saint-Maximin,
S’embaume le jasmin. »
🌞🌎🌞
Merci pour ce bel article sur l’olivier, autant historique que botanique. C’est très intéressant et j’ai appris beaucoup de choses. Par ailleurs, on m’a expliqué une fois que les oliviers du Mont du même nom à Jérusalem auraient connus Jésus et ses apôtres ce qui ferait , dans ce cas plus de 2500 ans.
Je vous souhaite un bon week end et pour ma part, j’attends avec impatience votre prochain article.
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Bonjour Elienad, il existe effectivement des oliviers d’un âge plus que respectable. Le Mont des oliviers est il est vrai un endroit où l’histoire de l’humanité croise celle des arbres plurimilénaires. Pourvu que ce lieu soit conservé, et que les oliviers témoins de ce lointain passé soient préservés et respectés par toutes les communautés présentes sur place.
Je vous souhaite une belle journée
Benjamin
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Effectivement, Ben, il y a des oliviers en Alsace. J’en ai vus au tronc tortueux d’un âge respectable… mais en pots ! J’imagine qu’il faut un fameux équipement pour les mettre à l’abri en hiver. Mais cet arbre est tellement beau qu’il mérite bien des efforts.
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Coucou Danielle,j’ espère que toi et ton jardin vous remettez bien de votre épisode « grêleux ».
Je pense que par chez toi, tu pourrais tenter l’olivier en ornemental(avec parfois quelques olives à droite à gauche), sans attirail particulier pour lui faire passer l’hiver vosgien.
En effet, si il te reste un coin de jardin bien ensoleillé, même l’hiver ((plein sud), et que le terrain ne présente pas de rétention d’eau particulière, saches qu’un olivier bien enraciné, tolèrera sans sourciller des pointes de gel allant jusqu’à -20°c sur certaines souches. Si le cœur t’en dit, sélectionnes alors une variété qui tolère bien le froid parmi les cultivars indiqués dans l’article.
Je te souhaite un agréable week-end,
Ben
PS: Bises aux colverts, et sus aux limaces opportunistes d’un printemps qui les avantage grandement. Un grand merci pour le lien gentiment glissé dans ton billet.
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Tu es une encyclopédie verte ;). Si les oliviers parlaient, ils nous en diraient des choses sur nous les humains. J’ai un souvenir précis avec mon père à propos de cet arbre. Je lui avais offert un olivier à planter pour son anniversaire et nous avions fait une photo que je garde précieusement. Aujourd’hui mon père est mort mais le jeune olivier a 25 ans et en pleine forme. Il y aussi beaucoup d’oliviers aux » jardins de mémoire » du Bono . Les gens choisissent un arbre pour déposer au pied l’urne funéraire et c’est souvent l’olivier qui est choisi pour sa durée légendaire mais aussi des chênes. Ce cimetière « vivant » est magnifique et permet aux visiteurs de se promener dans un endroit ou la vie est toujours présente.
Merci pour cet article bien complet et à bientôt.
Alan
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Salut Alan, merci pour le partage de ce souvenir familial. J’aime beaucoup la symbolique de l’arbre qui reste et continue de représenter l’être disparu. J’espère un jour avoir l’occasion de visiter les jardins de la mémoire du Bono, l’ambiance doit y être particulière et paisible.
Je te souhaite une excellente semaine
Ben
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merci pour cette double approche historique/botanique. Bientôt un article sur la confection de l’huile d’olive?
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Salut Thib, merci pour ton mot, je ferais sûrement prochainement quelques articles concernant les différentes méthodes de préparation de l’olive (huile, et saumures). Je reste pour l’instant sur l’aspect botanique et descriptif mais je retiens l’idée de présentation de diverses recettes.
Je te souhaite une belle semaine
Ben
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Coucou Benjamin, Merci pour tes beaux partages… Ouiiiiii, de belles olives et de beaux oliviers. 😉
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