LE PALMIER DATTIER
(Phoenix dactylifera)

Bien qu’il soit long et difficile d’obtenir des dattes sous nos latitudes, je vous donne ici quelques clés et astuces pour réussir la culture du dattier. Si celui-ci ne donnera pas de fruits sur les 3/4 du territoire français, il n’en reste pas moins une belle plante ornementale qui peut atteindre un e belle hauteur. Dans l’extrême sud du pays, il sera parfois possible de produire quelques régimes de dattes, à condition que l’hiver soit particulièrement doux, et clément.
1 – Origines et description botanique
Le dattier ou palmier-dattier (Phoenix dactylifera ) est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Arécacées (Palmiers) et de la sous-famille des Coryphoideae, largement cultivé avant tout pour ses fruits : les dattes. Dans l’agriculture d’oasis saharienne, c’est la plante (qui n’est pas un arbre à proprement parler) qui domine la strate arborée des arbres fruitiers qui poussent à son ombre et qui, eux-mêmes, couvrent cultures maraîchères, fourragères, voire céréalières. A priori, on ne connaît pas cette espèce à l’état spontané (sauvage), mais sub-spontané (échappée de culture).

Gravure botanique : Pinterest.com
Cette plante monocotylédone n’est pas un arbre, au sens botanique du terme, car elle ne produit pas de vrai bois. C’est donc abusivement que le terme d’arbre est utilisé pour parler d’un dattier. Le palmier s’apparente donc davantage à une graminée géante qu’à un arbre. Toutefois ce palmier constitue souvent une des strates arborées dans son milieu.
Le dattier est un grand palmier de 15 à 30 m de haut, au stipe (pseudo-tronc) cylindrique, portant une couronne de feuilles pennées (les palmes).
Les feuilles sont pennées, finement divisées et longues de 4 à 7 mètres.
L’espèce est dioïque : les fleurs mâles et femelles sont portées par des sujets différents. Les inflorescences mâles ou femelles, appelées spadices, sont enveloppées d’une très grande bractée membraneuse, la spathe. Les fleurs femelles ont trois carpelles indépendants, dont un seul se développe pour former la datte. Du fait de la longueur de la phase végétative du palmier, on ne peut connaître le sexe d’un plant qu’après 6 à 8 ans.
Les fruits sont appelés dattes et sont groupés en régimes : ce sont des baies, à chair sucrée entourant un « noyau » qui constitue la graine.

Le dattier cultivé est connu depuis la plus haute Antiquité. Son origine serait située dans l’Ouest de l’Inde ou dans la région du golfe Persique. Il est répandu dans tous les grands ensembles désertiques chauds du globe situés aux latitudes tropicales et subtropicales, du Sahara en passant par la péninsule Arabique jusque dans la petite vallée de l’Indus en Inde et au Pakistan. Très présent dans toute l’Afrique saharienne, on le retrouve aussi en Afrique subsaharienne : à Djibouti, en Érythrée, au nord de la Somalie ainsi que dans la plupart des oasis en Namibie et en Afrique du Sud voisine. Le dattier est donc très répandu en Afrique et en Asie du Sud-Ouest étant donné la grande superficie des zones arides chaudes qui s’y trouvent en relative abondance, mais il est également cultivé, dans une bien moindre mesure certes, dans les régions les plus arides des États-Unis, et notamment en Arizona et en Californie. La sexualité du dattier était connue des Assyriens et des Chaldéens qui savaient détruire les quelques pieds mâles d’une oasis afin d’affamer leur ennemi. Au niveau des latitudes plus septentrionales, il peut être cultivé, mais ne fructifie que rarement et donne des fruits de moindre qualité (c’est le cas de la palmeraie d’Elche en Espagne, ou de ce qu’il reste de celle de Bordighera près de Sanremo en Italie).
Le dattier est très exigeant du point de vue climatique : il lui faut une grande luminosité ambiante continue, une chaleur importante et prolongée ainsi qu’une sécheresse accrue de l’air et du climat en général, toutes conditions réunies dans les déserts chauds, et particulièrement en milieu saharien ; ce dernier constitue d’ailleurs la terre de prédilection du dattier. D’autre part, l’originalité du dattier est qu’il est capable de supporter des températures nocturnes particulièrement basses, comme elles le sont souvent en période fraîche dans les déserts.

Photo : Derbez.fr
Il a été introduit sur les cinq continents, en particulier en Amérique à partir du 16ème siècle et en Australie au 19ème siècle. Il est l’objet de cultures commerciales en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et aux États-Unis (Californie et Arizona principalement).
2 – Plantation et entretien
La culture du dattier est appelée phœniciculture. Le Phoenix dactylifera résiste bien au froid (jusqu’à −12 °C) comme à la sécheresse.
C’est un grand palmier, qui pousse vite s’il est bien arrosé. Idéalement, il prospère en situation désertique aride, à condition d’avoir suffisamment d’eau à disposition. Malgré tout, il est assez présent, pour raison ornementale sur la Côte d’Azur et un peu sur le littoral atlantique français, où il se montre parfaitement rustique. En revanche, il ne faut pas compter sur de fréquentes récoltes de dattes en France, car il faut beaucoup de chaleur et d’ensoleillement jusqu’à l’hiver pour assurer la maturation des fruits. Les palmes fanées sont supprimés chaque année entre mai et septembre. Cette opération dégage le stipe qui s’allonge ainsi d’année en année.
Dans la nature la pollinisation se fait par le vent (anémophilie). En culture, le nombre volontairement réduit (par l’Homme) de palmiers mâles oblige à pratiquer une pollinisation artificielle, à la main. Dans les oasis algériennes ou tunisiennes, les mâles appelés dhkkar (mâle en arabe) sont souvent comptés à un pour 100 pieds femelles.

Plantez votre dattier en situation très ensoleillée, à l’abri si possible des vents dominants, et dans un sol bien drainé. Une cuvette destinée à recueillir l’eau de pluie ou d’arrosage peut être creusée autour du palmier récemment planté. Ce procédé permettra un bon enracinement durant les premières années de croissance.
3 – Semis et multiplication
La propagation des palmiers-dattiers se fait par clonage : soit traditionnellement, par prélèvement de drageons ou rejets (qu’on appelle souvent en arabe djebbar ou ghars en Afrique du Nord), soit plus récemment par culture in vitro, afin de conserver les cultivars choisis. En effet, le simple semis d’un palmier ne permettrait ni de retrouver les qualités gustatives du fruit d’origine, ni d’être certain de son sexe (uniquement les pieds femelles sont choisis pour être multipliés, car porteurs de fruits). Cela dit, le semis est très facile et souvent involontaire et peut, dans de rares cas, être à l’origine d’un dattier femelle intéressant qui sera retenu, et reproduit, devenant ainsi un nouveau cultivar. Les pieds mâles fleurissent 3 à 5 ans après le semis, les femelles 6 à 10 ans après. Dans les oasis traditionnelles en Afrique du Nord, les agriculteurs oasiens continuent à sélectionner à partir des populations de semis qui ont germé au hasard des variétés nouvelles qui seront ensuite multipliées par clonage.
Les noyaux de dattes de Phoenix dactylifera germent facilement dans du terreau, un peu plus facilement s’ils ont été auparavant placés dans de l’eau tiède durant 24 heures. Un pot assez profond, plus haut que large est nécessaire, car la plantule développe une racine pivot avant de produire sa première pousse aérienne. La germination peut être très longue (jusqu’à six mois et plus), mais en général elle se produit deux mois après la mise en terre. Le noyau peut aussi être placé dans un endroit relativement chaud (radiateur, cheminée) sur du coton maintenu humide. Il germe ainsi en quelques semaines. Quand la racine atteint entre 5 et 10 cm de long, il peut être planté dans du terreau, mais cette racine reste fragile. Il faut encore patienter plusieurs semaines avant de voir sortir la première feuille.

Photo : Autonomie Jardin
Initialement, les feuilles ressemblent à de bêtes brins d’herbes, les premières vraies palmes se forment la seconde voire troisième année après le semis. Par la suite la croissance ira en accélérant, mais il faut faire preuve de patience.
4 – Protections hivernales
Hors des zones littorales bénéficiant d’un micro-climat doux, les protections hivernales seront indispensables pour ne pas perdre votre graminée géante.
Si il est cultivé en pot, ou en bac, il sera possible de faire hiberner le dattier dans une pièce très lumineuse, hors-gel, mais non chauffée. En revanche, si vous optez pour une culture en pleine terre, les procédés de protection sont multiples mais plus compliqués à mettre en place.
– Les voiles d’hivernage : Vendus dans toute jardinerie digne de ce nom, ces voilages blancs, et micro-aérés, permettent d’envelopper le stip( tronc) ainsi que la couronne de votre palmier. Cela suffira à préserver votre plante des gelées brèves et pas trop importantes.

Photo : Gregorypalms.blogspot.com
Pour optimiser l’efficacité du voile sur la couronne de palmes, il est conseillé de regrouper et lier les palmes autour du cœur du dattier. Cela fera bénéficier le cœur de quelques degrés supplémentaires, qui peuvent faire la différence en cas d’hiver long et froids.
– Les guirlandes électriques : Il s’agit d’un habile procédé de protection imaginé par un passionné belge, qui a eu l’idée d’utiliser ces guirlandes de décorations de Noël afin d’apporter de la chaleur autour de ses palmiers. Il suffit d’entourer le stipe, et la couronne de palmes préalablement attachée autour du cœur, avec des guirlandes électriques lumineuses. En plus d’être utile, cette méthode permettra de protéger efficacement vos palmiers même en cas d’hiver rigoureux.
Il faut aussi savoir qu’un palmier en pleine terre sera toujours plus vaillant face au froid qu’un sujet cultivé en bac. Tout simplement car son système racinaire sera plus développé, et surtout à l’abri du gel sous la terre.
– Un épais paillage : Dans les régions ou le gel est sévère et prolongé, il est important de pailler le pieds du palmier avec un épais mulch de feuilles ou de paille.
5 – Ravageurs et maladies
Dans la plupart des régions, les principales difficultés rencontrées par un dattier seront cochenilles, et araignées rouges. Des maladies fongiques peuvent également se manifester si le palmier reçoit trop d’eau et que la terre n’est pas suffisamment drainante.
Sur le littoral méditerranéen, d’autres plaies peuvent venir mettre à mal un dattier. Le papillon palmivore est à surveiller car il creuse des galeries dans le stipe, le fragilisant, et finissant par provoquer sa chute au sens propre, ce qui peut être très dangereux pour les riverains. Ce papillon est toutefois en déclin depuis quelques années car les palmiers ont été abondamment traités.
Le charançon rouge, de triste réputation, a failli avoir raison des populations de palmiers de la côte d’azur. Importé accidentellement du proche orient, le charançon s’est développé rapidement à la faveur de l’absence de prédateur. Il pond et se développe dans le cœur et la couronne qu’il dévore allègrement. Les palmes commencent par s’affaisser, puis à faner. Si aucun traitement n’est appliqué rapidement, le palmier passera de vie à trépas en quelques mois. Les pertes sont très regrettables car les vieux sujets, hauts sur pied sont attaqués en premier. Il convient donc d’être vigilant et d’intervenir dès les premiers signes.


Il est à noter que le seul traitement actuellement efficace ne peut être appliqué que par un professionnel du jardin. Il s’agit d’un produit très chimique que l’on injecte par haute pression dans le stipe.
Il existe également des pièges à phéromones mais ces méthodes sont coûteuses, et ne sont pas forcément suivi d’un effet concluant.
Ceci dit, j’observe depuis quelques années un déclin du charançon rouge, sans doute mis à mal par des hivers plus frais qu’à l’habitude, mais je soupçonne également que certains oiseaux ont adopté le charançon rouge à leur menu.
6 – Quelques espèces de dattiers
Il existe des milliers de cultivars, communément qualifiés de variétés. Comme le palmier-dattier est multiplié végétativement, ses cultivars sont des clones ou des groupes de clones.
Les différents cultivars sont généralement classés selon la texture et la consistance des fruits à maturité en deux grands groupes : les dattes sèches et les dattes molles.
Je vous présente ici quelques variétés originales.
Dattier de Crète :

Le dattier de Crête est parfois considéré comme l’ancêtre des palmiers dattiers. Il a en effet quelques traits en commun avec Phoenix dactylifera. En revanche, il est de croissance plus rapide. Phoenix theoprasti possède un feuillage vert-bleuté caractéristique des dattiers, avec la base des palmes orange clair. Les premiers rejets se forment au pied plus tôt que chez le vrai dattier. Un dattier de Crête peut avoir des rejets dès l’âge de dix ans, avant d’avoir commencé à former du stipe, ou juste après.
De croissance plus rapide que le palmier des Canaries (Phoenix canariensis), il est aussi plus résistant à certains ravageurs. Dans les régions concernées par le charançon du palmier, il semble en effet avoir une meilleure résistance naturelle à ces ravageurs des palmiers que le palmier des Canaries. Rusticité : Jusqu’à -13°c.
Dattier du Sénégal :

Ce dattier à couronne évasée mesure jusqu’à 15 mètres de haut. Il possède plusieurs stipes élancés, fins et qui forment ensemble une touffe relativement dense entourée de rejets plus courts. Son feuillage, persistant et vert brillant, est doté de feuilles pennées longues de 2 à 3 mètres, courbées et piquantes. Les pétioles sont bordés d’épines coriaces jaune orangé. Les fleurs s’épanouissent dans la couronne en panicules d’un mètre de long. L’espèce Phoenix reclinata est dioïque, c’est-à-dire que les individus produisent soit des fleurs mâles (crème ou jaune pâle), soit des fleurs femelles (jaune-orangé). Les fruits sont petits, ovoïdes, orange à maturité et ne contiennent qu’une seule graine. Rusticité : -6°c.
Dattier des Canaries :

Le Phoenix canariensis est endémique des îles Canaries est le symbole naturel végétal de cet archipel. Il a été importé à Nice en 1864 et il est de nos jours très fréquemment planté pour ses qualités ornementales dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Sa silhouette est bien reconnaissable parmi les dattiers car plus dense et touffue, est devenue emblématique des paysages méditerranéens. Il donne des fruits comestibles mais peu consommés du fait qu’il soient peu charnus et un peu âpres. Autrefois on tirait une huile de ces petites dattes.
Il existe aussi une variété de Phoenix canariensis à fruits rouges.
Rusticité : -10°c.
Dattier du Laos :

Le Phoenix roebelinii est répandu sur le rives du Mékong, du Laos à la Thaïlande, où il croît dans des zones ponctuellement inondées, mais aussi plus sèches. Sa résistance au froid est limitée, la plante supporte tout de même de brèves gelées à -6 ou -7°C. Ce Dattier est une plante arborescente qui atteint 4 m de hauteur dans son biotope. Cultivé en pleine terre, il ne dépassera pas 3 m de hauteur, et 2 m de haut en bac.
Son stipe, est solitaire, mince et ne dépasse pas 10 à 15 cm de diamètre. Il est couvert de vestiges des anciens pétioles entourés de fibres brunes. Avec l’âge, il se dénude et devient plus ou moins lisse. À son sommet se développe une couronne gracieusement arrondie mais légère, toute en transparence, composée de grandes feuilles fines et arquées, mesurant 1 à 2 m de longueur. Chacune est découpée en de nombreuses folioles étroites, coriaces, plissées et portée par un long pétiole épineux. La couleur du feuillage est un vert vif. La floraison a lieu en été, sous forme de grappes denses et blanches qui naissent entre les feuilles. Aux fleurs des sujets femelles succèdent des fruits comestibles, en forme de petites dattes de 1 cm.
Dattier du Cap-Vert :

Le Phoenix atlantica est un cousin du Phoenix dactylifera. Ce palmier du Cap-Vert , est endémique des Îles du Cap Vert, il a été, à tort, caractérisé comme la version sauvage du Phoenix dactylifera.
Son apparence est très similaire à Phoenix dactylifera, étant plus semblable à la forme de P. dactylifera que Phoenix canariensis, mais il possède des caractères des deux espèces. Les vieux sujets forment un regroupement cespiteux de 2 à 6 stipes de 5 à 15 m de hauteur , plusieurs tiges sont générées sur le même pied, avec des feuilles vert foncé de 2 à 3 m de longueur. Phoenix atlantica peut être distingué très facilement de P. canariensis par sa forme de croissance regroupant plusieurs troncs et de par ses feuilles plus courtes, et plus étroites.
Le fruit est une drupe ovale et rose de 2 cm de long et 1 cm de diamètre et contenant une seule grosse graine, la pulpe du fruit est comestible, mais très fine.
Rusticité : -10°c.
En conclusion, pensez bien à conserver quelques noyaux des dattes consommées durant les prochaines fêtes de fin d’année, et offrez vous l’opportunité de cultiver cette superbe plante.
Excellent week-end à tous !

Ben. MASON
LE DICTON DU JARDINIER :
« Qui veut l’hiver avant la fin de l’an, en aura ensuite deux fois autant.«
🌬❄🌴❄🌨
Toujours autant de découverte dans ce riche billet
Bon week-end
J’aimeAimé par 1 personne
🙏Merci pour votre aimable appréciation.
Beau dimanche à vous☀
Ben
J’aimeJ’aime
j’apprend beaucoup en lisant votre exposé sur le palmier dattier : origine , évolution de l’espèce , implantation autres, mais j’ai surtout engrangé pas mal de vocabulaire spécifique que je ne connaissais pas. Beau billet, très riche ,,en effet,.
Par ailleurs, j’aime bien le palmier du Laos que vous montrez en fin d’article. Je le trouve harmonieux et apparemment bien adaptable à nos régions. Bonne semaine à vous.
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour Elienad,
Je suis enchanté que ce dossier vous ait intéressé. Il est vrai que le jargon du jardinier n’est pas toujours aisé à appréhender, je tâcherai d’établir un lexique afin que chacun puisse s’y retrouver dans la jungle des termes botaniques et horticoles barbares 😉
🌴Le dattier du Laos est effectivement une espèce très gracieuse et ornementale, que je recommande cependant pour les climats très doux. Ailleurs, on peut cependant le cultiver en véranda ou en intérieur très lumineux, il est l’un des palmiers les plus courants en intérieur et s’y développe très bien.🌴
Je vous souhaite un bon dimanche
Ben
J’aimeJ’aime