LE CÈDRE DU LIBAN

Un géant majestueux

Afin de nous changer un peu du traditionnel sapin, j’aimerais en ce jour de réveillon vous présenter l’un de mes conifères préférés, le sublime cèdre du Liban (Cedrus libani). Ce grand arbre peut devenir un véritable monument végétal et est donc réserver aux jardins de très grandes dimensions. Outre sa magnifique parure d’un beau vert-sombre qu’il conserve toute l’année, le cèdre possède aussi bien d’autres intérêts, notamment son célèbre bois de nature imputrescible, odorant, et répulsif à nuisibles.

1 – Origine et description botanique

Originaire du Liban comme son nom l’indique, le cèdre du Liban est un emblème national, que l’on retrouve notamment sur le drapeau du pays. Parfois appelé Cèdre du mont Liban, c’est une espèce d’arbres conifères de la famille des Pinaceae. Sa principale caractéristique provient de son port conique durant ses trente premières années, devenant tabulaire par la suite.

En effet, son port, d’abord pyramidal, devient très étalé avec l’âge, avec des branches basses presque horizontales et fréquemment imposantes, parfois aussi grosses que les ramifications du tronc.

En culture, ce dernier est rarement simple. Les différentes souches se dressent à la manière de tuyaux d’orgue jusqu’à près de 40 m de haut. Les plus gros des troncs atteignent 4,5 m de diamètre, ce qui correspond à un âge d’environ 2 500 ans.

Cette espèce se distingue des autres espèces de cèdres par la longueur de ses aiguilles, qui mesurent 3 ou 3,5 cm de longueur en moyenne, contre 2 ou 2,5 cm pour Cedrus atlantica et jusqu’à 5 cm pour Cedrus deodara. Ses cônes femelles mesurent 8 à 10 cm de long, soit un peu plus que ceux de Cedrus atlantica, mais un peu moins que les plus grands cônes de Cedrus deodara. Les fleurs mâles sont des chatons de 7 cm de long en moyenne passant du vert clair au jaune lors de la pleine maturité du pollen de même couleur, puis virant au brun lorsqu’ils tombent de l’arbre.

Au Liban, on trouve le cèdre à partir de 1 500 m d’altitude dans l’étage montagnard de végétation du Mont-Liban, étage occupé également par le sapin de Cilicie. Les sapins et les cèdres n’ont pu franchir la crête, trop élevée du Mont-Liban, ce qui explique leur absence sur le versant oriental de la montagne.

Recouvrant autrefois une plus grande partie du territoire libanais les anciennes forêts de cèdres se réduisent aujourd’hui à des îlots discontinus, du fait de la déforestation liée aux influences humaines et aux bouleversements climatiques.

Les zones de peuplement encore significatives aujourd’hui au Liban, sont situées dans la région de Bcharré, au nord, au pied du mont Makmel. Il s’agit de la réserve dites « des Cèdres de Dieu » (Arz er Rab), inscrite en 1998 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco avec la vallée voisine de Qadisha. Cette forêt compterait aujourd’hui deux arbres trimillénaires, une dizaine de millénaires et 363 plusieurs fois centenaires.

Les forêts de Cèdres du Liban, dans l’actuel Liban, ont été largement exploitées depuis l’antiquité pour les constructions des monuments sacrés (premier et second temple de Jérusalem) et des bateaux phéniciens, assyriens, romains et égyptiens. Le bois de cèdre, de par sa nature imputrescible et résistante, a également servi à la confection de sarcophages et de tombeaux.

Certaines sources historiques, attestent que les forêts de cèdres au Liban commençaient à disparaître dès le 6ème siècle à l’époque de Justinien Ier. Au 20ème siècle, il aurait aussi servi à la confection de boîtes à cigares. Plus récemment le bois de Cèdre a également pu servir de matière première pour l’artisanat local.

Le cèdre, symbole du Liban, est considéré comme un arbre sacré, il est mentionné dans les trois grandes religions monothéistes (Islam, judaïsme et christianisme).

2 – Culture et entretien

Le cèdre du Liban préfère les climats tempérés et résiste à des gelées de l’ordre de -15, -16°C. Il se plante de septembre à novembre et de février à juin en sol ordinaire, mais profond. Il est peu exigeant sur la nature du sol, et s’accommode aussi bien d’un sol légèrement acide que neutre à légèrement calcaire, pour peu qu’il soit parfaitement drainé et que l’eau n’y stagne pas. Choisissez un endroit très ensoleillé, bien dégagé, et anticipez le développement futur de cet arbre qui sera important. Ne le dérangez pas, son système racinaire a besoin de s’ancrer fermement dans le sol pour lutter contre la sécheresse et contre le vent. Bassinez bien les mottes avant la plantation. Tuteurez votre jeune cèdre, arrosez-le régulièrement pour l’aider à s’implanter, en particulier l’été, durant les 2 ou 3 premières années. Apportez un amendement organique à la plantation (corne broyée, compost, fumier…) Apportez éventuellement, tous les ans, en avril, un engrais spécial conifère et binez le sol en été. La taille n’est pas nécessaire, si ce n’est pour former l’arbre ou éliminer les branches qui meurent à la base du tronc, au fur et à mesure de sa croissance.

3 – Intérêts paysagers

Le cèdre du Liban est un conifère majestueux de taille imposante qu’il vaut mieux planter en isolé sur une vaste surface engazonnée afin de profiter au mieux de sa silhouette unique. On peut aussi, dans un très grand jardin, planter plusieurs sujets pour border une grande allée. Ce cheminement prendra alors une superbe dimension et un style à la fois original, exotique, et ombragé. Espacez suffisamment les arbres pour qu’ils ne se fassent pas concurrence par la suite. Le cèdre du Liban se prêtera aussi sans soucis à la culture en bonsaï.

C’est un arbre caractérisé par un port pyramidal durant ses trente premières années, se développant par la suite à l’horizontale, et présentant une cime aplatie. Son feuillage, d’un vert très sombre, lui permet de se détacher de façon admirable dans le paysage. Avec le temps il peut devenir un véritable monument, il est donc souvent utilisé en isolé dans les parcs. Il trouve sa place dans les grands domaines et vastes jardins, auxquels il conférera un cachet particulier.

4 – Quelques espèces de cèdres

Les autres espèces de cèdres sont les suivantes :

Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica

Anciennement considérée comme une sous-espèce du cèdre du Liban. Il est originaire de l’Atlas, massif montagneux d’Afrique du Nord. Dans son aire naturelle, au Maroc et en Algérie, il est considéré comme en danger par l’UICN. Arbre majestueux, il a été planté dans de nombreux parcs.

Aussi appelé cèdre bleu ou cèdre argenté, en raison de sa parure d’un vert-bleuté, le cèdre de l’Atlas est un arbre d’allure majestueuse et imposante pouvant atteindre une hauteur de 30 à 40 mètres ; son port, bien que présentant souvent une cime tabulaire à l’âge adulte, est plus longiligne que celui de Cedrus libani ; sa longévité est importante (500-600 ans).

Cèdre de Chypre, Cedrus brevifolia

Le cèdre de Chypre, Cedrus brevifolia, parfois considéré comme une sous-espèce du cèdre du Liban, il est en fait une espèce endémique des monts Troodos dans l’île de Chypre. Il possède une silhouette plus effilée que son cousin libanais.

Cèdre de l’Himalaya ou Cèdre déodar

Le cèdre de l’Himalaya (Cedrus deodara), aussi appelé cèdre sacré ou cèdre déodar, est un grand arbre qui peut mesurer jusqu’à 50 m de haut. Il est originaire des forêts tempérées d’altitude sur les contreforts méridionaux de l’Himalaya. Il présente un port plutôt pleureur.

Souhaitons que cette merveille du règne végétal puisse se régénérer et que les forêts libanaises de cèdres seront dans les années à venir l’objet de grandes campagnes de replantation.

Je vous souhaite de belles et joyeuses fêtes, et vous retrouverai avec plaisir en 2022.

Ben. MASON

LE DICTON DU JARDINIER :

« Beau temps à la Noël est un présent du ciel. »

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