REPENSER LE POTAGER

L’ALTERNATIVE PERPÉTUELLE

Photo : Lespritjardin.be

2022 sera dĂ©jĂ  ma 5Ăšme annĂ©e de production potagĂšre en permaculture. C’est l’occasion pour moi d’en tirer les premiers bilans et constats afin de faire Ă©voluer au mieux et avec le maximum de cohĂ©rence mes mĂ©thodes agricoles. Si la permaculture n’impose aucune rĂšgle stricte Ă  proprement parler, elle n’en compte pas moins quelques principes. ConfrontĂ© Ă  diverses rĂ©alitĂ©s, notamment techniques, logistiques, climatiques, et environnementales, j’ai objectivement pris conscience que certaines de mes cultures ne correspondent absolument pas Ă  mes aspirations, ni Ă  une cohĂ©rence permacole, mais davantage Ă  un mimĂ©tisme culturel. Fort de cette constatation, j’envisage aujourd’hui mon potager tout autrement pour les annĂ©es Ă  venir. J’aimerais vous partager ici ces nouvelles perspectives et les raisons qui les animent.

1 – L’exotisme m’a trompĂ©

Poivrons, aubergines, tomates, basilics, courgettes et Cie sont les cultures qui viennent immĂ©diatement Ă  l’esprit lorsque l’on dĂ©marre la belle saison au potager. Ces dĂ©licieux lĂ©gumes-fruits sont depuis bien longtemps implantĂ©s dans nos habitudes culinaires, et du mĂȘme coup ils ont pris une place importante dans nos jardins potagers. Cependant, il Ă©chappe Ă  beaucoup de profanes que ces denrĂ©es proviennent d’autres latitudes, souvent tropicales(AmĂ©rique du sud), ou Ă  hiver trĂšs doux(Afrique du nord), qui n’ont aucun rapport avec nos latitudes plus septentrionales et tempĂ©rĂ©es.

J’ ai un peu honte de reconnaĂźtre que bien que connaissant les origines de ces lĂ©gumes, ainsi que la difficultĂ© de leur offrir des conditions de cultures Ă  peu prĂšs similaires Ă  celles de leur milieu naturel, j’ai toujours fait abstraction, de ce fait. Habitudes alimentaires, mimĂ©tisme culturel, exotisme et jolies couleurs m’ont trompĂ© quant Ă  la pertinence de ma dĂ©marche.

Il m’a donc fallut quelques annĂ©es de pratique en permaculture pour comprendre l’incommensurable complication que je m’impose en cultivant de telles plantes, mais Ă©galement les contraintes que j’impose Ă  ces plantes pour qu’elles poussent lĂ  oĂč cela m’arrange.

Les lĂ©gumes traditionnels de l’étĂ© sont certes beaux et colorĂ©s, mais certains posent de grosses difficultĂ©s de culture
Photo : Panierdenoscampagnes.fr

Lorsque je cultivais auparavant de façon bio ces lĂ©gumes exotiques, les difficultĂ©s Ă©taient moindres notamment « grĂące Â» aux insecticides naturels, engrais organiques Ă  gogo, et la production des semis sous serre en plastique, ou en intĂ©rieur sous lampes LED, ce qui ne m’interpellait pas spĂ©cialement il y a quelques annĂ©es. Avec la permaculture c’est diffĂ©rent, car elle implique un systĂšme de culture soutenable, c’est Ă  dire Ă  priori avec le moins d’entrants possibles, que ce soit en termes d’engrais, de biocides mĂȘme naturels, ou encore de l’usage du plastique (godets, serres
.), et de la consommation d’énergie.

Voici donc les points qui me posent problĂšmes et qui selon moi font tache dans mes plantations.

2 – Des vĂ©gĂ©taux inadaptĂ©s

En premier lieu je reviens sur les origines géographiques de nos légumes fétiches au potager.

LES SOLANACÉES : Tomates, aubergines, piments, poivrons…Ce sont des vĂ©gĂ©taux qui nous viennent des Andes tropicales en AmĂ©rique du sud. Elles y connaissent une ambiance tropicale humide, des pluies frĂ©quentes, un sol fertile et drainant, et des tempĂ©ratures qui oscillent entre 12 et 27°c toute l’annĂ©e. Sous de telles latitudes ce sont des vĂ©gĂ©taux vivaces qui prennent des proportions assez importantes, produisent durant plusieurs annĂ©es, et se ressĂšment volontiers spontanĂ©ment. L’incontournable basilic, frĂ©quemment cultivĂ© en association avec les solanacĂ©es est Ă©galement une plante tropicale qui nĂ©cessite beaucoup de chaleurs pour germer, et des conditions de cultures compliquĂ©es Ă  rĂ©pliquer chez nous, mĂȘme l’étĂ©.

LES CUCURBITACEES : Courgettes, courges, concombres, melons, pastĂšques, kiwanos
 Ce sont des plantes annuelles originaires d’Afrique du nord, parfois du nord de l’Inde et du proche et moyen orient. Dans de telles rĂ©gions la chaleur printaniĂšre survient tĂŽt, et l’étĂ© se prolonge tard, en gĂ©nĂ©ral ces vĂ©gĂ©taux se dĂ©veloppent Ă  proximitĂ© des cours d’eau, oĂč ils trouvent suffisamment d’eau dans le sol pour produire leurs fruits. Les graines s’y ressĂšment spontanĂ©ment suite Ă  la saison hivernale trĂšs douce sous ces latitudes.

Pour nous remettre Ă  prĂ©sent dans le contexte europĂ©en, nous avons chez nous une mĂ©tĂ©o difficile, les Ă©tĂ©s sont chaud (plus de 30°c)et notre hygromĂ©trie est faible, ce qui peut Ă©ventuellement convenir aux cucurbitacĂ©es, mais dĂ©plaĂźt fortement aux solanacĂ©es. Par ailleurs, la belle saison s’achĂšve relativement tĂŽt (septembre-octobre) mĂȘme dans les rĂ©gions du sud, et les hivers sont pour le moins frais, voire particuliĂšrement rĂ©frigĂ©rant par endroit, et se prolongent parfois franchement sur le printemps. Dans ces conditions, le crĂ©neau temporel pour mener de telles cultures Ă  terme est trĂšs rĂ©duit, grosso modo de mi-mai Ă  septembre.

Que de complications et de plastique pour les semis
Photo : Blogspot.com

L’obtention de rĂ©sultats rentables est donc chez nous conditionnĂ©e Ă  plusieurs paramĂštres : Semis prĂ©coces sous abri chauffĂ© voire Ă©clairĂ© par LED, dans des godets et plaques Ă  semis en plastique, rempli de terreau composĂ© Ă  minima de 70 % de tourbe (matiĂšre longue Ă  se rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e), chĂąssis et tunnels de cultures(souvent en plastique eux aussi) nĂ©cessaires en dĂ©but de saison ainsi qu’en rĂ©gion fraĂźche, apport frĂ©quent d’eau et de fertilisants, etc.

Bref, vous comprendrez mon dilemme !

3 – Des cultures gourmandes et chronophages

Je vous passe les problĂšmes logistiques liĂ©s Ă  la place nĂ©cessaire pour produire des dizaines et des dizaines de semis en plaques et godets. Le plus gros soucis c’est le temps passĂ© Ă  rĂ©aliser, entretenir, et repiquer les semis de solanacĂ©es qui s’accumulent jusqu’à ce que, poussĂ©s par ceux des cucurbitacĂ©es, on puisse enfin les sortir Ă  l’extĂ©rieur. C’est long, trĂšs long, il faut souvent un ou deux mois dans de bonnes conditions pour obtenir des plants suffisamment dĂ©veloppĂ©s pour ĂȘtre plantĂ©s au potager. Durant tout ce temps les semis et jeunes plants demandent une attention constante.

Enfin maintenir ces plants en godets des semaines durant implique de pouvoir les nourrir, faute de quoi vos plants s’épuisent et perdent en vigueur. Bien sĂ»r l’utilisation de purins est tout Ă  fait soutenable, et ne nĂ©cessite pas de gros investissements financiers, mais lĂ  encore, le temps, qui manque beaucoup entre nos occupations courantes et les prĂ©paratifs sur le terrain, notamment fauchage des engrais vert, traçage des allĂ©es, prĂ©parations des planches de culture et les premiers semis direct en terre.

Afin de produire de beaux fruits, ces lĂ©gumes du soleil nĂ©cessiteront durant tout leur cycle de vie d’un sol trĂšs riche et fertile, ce qui implique souvent des apports frĂ©quents de fertilisants, et qui m’amĂšne au point suivant : Les problĂ©matiques de production.

4 – ProblĂ©matiques de production

Dans un cadre de production en permaculture, plusieurs aspects de ce type de cultures posent problĂšmes. Voici les raisons concernant ceux qui me semblent les plus Ă©vidents :

-ProblĂšme d’espace : Je me suis rapidement rendu compte que pour compenser la faible productivitĂ© de ces lĂ©gumes dans des conditions de cultures inadaptĂ©es, il me fallait planter une quantitĂ© importante de plants. En effet, en plein vent sans serre, avec peu de fertilisations, sans pesticides, mais avec beaucoup de ravageurs et d’escargots sur ma parcelle, autant vous dire qu’il faut prĂ©voir large pour s’assurer une production convenable.

ForcĂ©ment, tout ce petit monde encombre la parcelle, pas moins de 80 % de la surface cultivable se retrouvent couvert de vĂ©gĂ©taux qui sans mes soins constants n’auraient pas l’ombre d’une chance de survie.

Culture de tomates sous serre, une option efficace, mais coûteuse et peu écologique
Photo : Farmlux.biz

-ProblĂšmes de maladies et ravageurs : Ceci est liĂ© au mode de production de ces plants potagers exotiques qui de par leurs besoins spĂ©cifiques nĂ©cessitent chez nous d’ĂȘtre pouponnĂ©s, et biberonnĂ©s de la plantule jusqu’au stade de jeune plant. Dans ces conditions de croissance aseptisĂ©es et en milieu surprotĂ©gĂ©, ces lĂ©gumes dĂ©veloppent difficilement des aptitudes particuliĂšres Ă  se dĂ©fendre des pathogĂšnes et nuisibles. Ils reprĂ©sentent donc une aubaine pour ces derniers qui ne manqueront pas de sĂ©rieusement limiter vos rĂ©coltes, voire dĂ©truire vos cultures adorĂ©es. Encore une fois, dans une logique de prĂ©servation de la biodiversitĂ©, et me refusant Ă  l’utilisation de pesticides et autres produits phytosanitaires mĂȘme naturels, il est peine perdue d’espĂ©rer de francs succĂšs avec ces cultures exotiques.

ConcrĂštement, les gastĂ©ropodes adorent, surtout les jeunes plants tout beaux tout frais, les pucerons rappliquent aussi trĂšs vite aidĂ©s en ce sens par des hordes de fourmis qui empĂȘchent toute intervention des coccinelles, je vous passe les champignons et maladies classiques tels que mildiou, oĂŻdium, cul noir de la tomate, et plus rĂ©cemment le virus du fruit rugueux de la tomate.

-ProblĂšmes Ă©thiques et environnementaux : Au risque de passer pour un fondamentaliste, il s’agit lĂ  du point le plus problĂ©matique Ă  mon sens, bien que je ne reproche Ă  personne de vouloir produire melons, tomates, courgettes et compagnie. Il ne s’agit pas ici de mĂ©juger de ce que font d’autres, et je tiens Ă  prĂ©ciser que si ces cultures vous conviennent et vous font plaisir, je vous encourage Ă  les poursuivre, tout en tĂąchant d’avoir le moins d’impact possible sur l’environnement, mais Ă©galement sur vos autres cultures qui mĂ©ritent aussi vos soins.

J’évoque donc ici des considĂ©rations personnelles et je comprends que les avis et ressentis puissent diverger Ă  ce sujet. Pourtant, je me rĂ©fĂšre aux 12 principes Ă©lĂ©mentaires de la permaculture, et observe quelques incompatibilitĂ©s (9 sur les 12 principes) qu’il me semble important de mettre en lumiĂšre.

Principe n°1 : OBSERVER ET INTERAGIR –

S’obstiner dans la culture de vĂ©gĂ©taux exotiques qui nĂ©cessitent d’autres types de climats dĂ©coule objectivement d’une mauvaise observation, ou d’une abstraction de la rĂ©alitĂ© climatique locale.

Principe n°2 : COLLECTER, STOCKER, ET ÉCONOMISER L’ÉNERGIE –

Qu’il s’agisse de l’énergie Ă©lectrique, hydraulique, ou humaine, il convient en principe de l’économiser au maximum. Dans le contexte des cultures de lĂ©gumes exotiques on notera les importants besoins en eau (surtout cucurbitacĂ©es et maĂŻs), une ressource prĂ©cieuse qui se rarĂ©fie si il est encore utile de le prĂ©ciser. L’énergie Ă©lectrique est Ă©galement souvent mise Ă  contribution pour forcer semis et jeunes plants, ce qui me semble t’il n’est pas une grande preuve de considĂ©ration pour l’environnement. Enfin, les efforts humains Ă  dĂ©ployer pour entretenir, tailler, tuteurer, pailler, nourrir, arroser, et mener Ă  termes ces cultures sont dĂ©raisonnables par rapport aux quantitĂ©s finalement produites.

CompliquĂ© d’ĂȘtre Ă©conome en eau avec des cultures qui boivent beaucoup durant l’étĂ©
Photo : Stock.adobe.com

Principe n°3 : OBTENIR DES RÉCOLTES –

Au vu des points Ă©voquĂ©s prĂ©cĂ©demment vous comprendrez bien que l’obtention de rĂ©coltes des plantes potagĂšres exotiques est Ă  la fois trĂšs alĂ©atoire et compliquĂ©e si l’on s’en tient aux principes clĂ©s de la permaculture.

Principe n°4 : S’AUTO -RÉGULER ET RETRO-AGIR –

Bien qu’il ne s’agisse que de mon point de vue, j’estime que la culture de ces lĂ©gumes ne correspond Ă  aucune nĂ©cessitĂ© absolue, Ă  aucun besoin vital. Ce besoin ne correspond qu’à un plaisir, un lux, et souvent une habitude alimentaire contemporaine qui pose par ailleurs des soucis Ă©cologique (productions intensives, hors saison, voire les deux Ă  la fois). M’asseoir sur les principes permacoles que je dĂ©fend au profit de mon petit plaisir Ă©goĂŻste de la ratatouille du potager ne rentre absolument pas dans le cadre de l’autorĂ©gulation ; Non ! Il me faut Ă  tout prix rĂ©tro-agir sur ce point qui n’engage que ma perception personnelle.

Principe n°6 : NE PAS CRÉER DE DÉCHETS NON ORGANIQUE –

Comme vu plus avant, la production des lĂ©gumes exotiques ne se fait pas sans gĂ©nĂ©rer une quantitĂ© importante de dĂ©chet non recyclable, notamment beaucoup de matiĂšres plastiques. Je sais que ce principe est trĂšs controversĂ© car il est quasi impossible de rĂ©duire Ă  nĂ©ant nos Ă©missions de dĂ©chets non organiques. Cependant, ces cultures dont nous savons qu’elles nĂ©cessitent godets, plaques Ă  semis, serres en plastiques, et souvent le systĂšme d’arrosage goutte-Ă -goutte qui va bien pour s’épargner les nombreux arrosages estivaux nĂ©cessaires, tout ceci, nous pouvons choisir de bonne volontĂ© d’y renoncer, du moins sur les petites parcelles cultivĂ©es Ă  titre familial.

Principe n° 7 : PETITE ÉCHELLE ET PATIENCE –

Toujours en se tenant scrupuleusement aux principes permacoles, nous avons vu qu’il sera compliquĂ© d’obtenir des grosses rĂ©coltes Ă  moins de planter de trĂšs nombreux plants qui prennent Ă©normĂ©ment de place sur la surface cultivable. En fin de compte on peut considĂ©rer que ceci est une mauvaise gestion de l’espace de culture. En effet, lorsque 70 Ă  80 % de notre parcelle est couverte de principalement deux types de vĂ©gĂ©taux (solanacĂ©es et cucurbitacĂ©es), on ne peut plus vraiment parler de petite Ă©chelle, et nous faisons fit du principe de patience qui voudrait que l’on investisse notre temps et Ă©nergie dans des espĂšces locales et pĂ©rennes de lĂ©gumes ainsi que dans la plantation de fruitiers bien de chez nous qui assureront des productions durablement, sur le moyen et long terme.

Principe n°8 : UTILISER ET VALORISER LA BIODIVERSITÉ PRÉSENTE –

Bis repetita ; lorsque 70 Ă  80 % de notre parcelle est couverte de principalement deux types de vĂ©gĂ©taux (solanacĂ©es et cucurbitacĂ©es), on ne peut plus vraiment parler de valorisation de la biodiversitĂ© naturellement prĂ©sente.

Principe n°10 : UN PÉNIBLE LABEUR EST LE RÉSULTAT D’UN BESOIN NON REMPLI PAR VOTRE SYSTÈME DE PRODUCTION –

Nous l’avons vu le travail Ă  fournir pour obtenir des rĂ©sultats significatifs est important. Ceci est dĂ» au fait que nous devons constamment ĂȘtre dans l’effort afin de maintenir artificiellement les conditions de cultures nĂ©cessaires Ă  ces vĂ©gĂ©taux importĂ©s du bout du monde. Simplement parce que nous forçons notre systĂšme de production Ă  intĂ©grer des Ă©lĂ©ments qui n’y sont pas adaptĂ©s. En l’occurrence c’est chez nous le climat tempĂ©rĂ© qui compose notre systĂšme de production qui fait obstacle Ă  des rĂ©coltes abondantes et sans trop d’efforts. Ce ci me mĂšne directement au dernier principe Ă©cornĂ© par ces cultures estivales ;

Principe n°11 : ƒUVRER DANS LE SENS DE LA NATURE, NON CONTRE CELLE-CI –

Encore une fois, si les rĂ©gions europĂ©ennes s’apparentaient aux rĂ©gions tropicales andines, ou Ă  des pays chauds africains nous serions bien avisĂ©s de cultiver ces dĂ©licieuses denrĂ©es, mais dans les faits cela revient clairement Ă  aller contre la nature locale, qui de par ses spĂ©cificitĂ©s climatiques refuse ces cultures trop frileuses, soiffardes et fragiles.

Photo : Debroussaillez.fr

5 – L’alternative perpĂ©tuelle

Toutes ces considĂ©rations faites, voici l’alternative prĂ©vue pour la saison 2022 et les suivantes. J’envisage de cultiver uniquement fruitiers, lĂ©gumes annuels adaptĂ©s Ă  la rĂ©gion, lĂ©gumes vivaces, engrais verts, et une belle place laissĂ© aux vĂ©gĂ©taux spontanĂ©s qui participent Ă  la bonne diversitĂ© du terrain.

Loin d’ĂȘtre un appauvrissement du potager ou de mon alimentation, je vois au contraire cette nouvelle configuration comme une Ă©volution vers un mode d’existence et de culture correspondant davantage Ă  mes aspirations. De nouvelles saveurs en perspective viendront s’ajouter Ă  de nombreux lĂ©gumes « traditionnels » que je continuerai Ă  cultiver avec amour.

Pour rĂ©sumer cette nouvelle structuration du potager devrait permettre pĂ©rennitĂ© des cultures d’une annĂ©e Ă  l’autre, des rĂ©coltes toute l’annĂ©e, et moins de labeur. Plus concrĂštement, voici ce qui va rester, ce qui sera banni, et ce qui viendra assurer une digne relĂšve aux lĂ©gumes Ă©vincĂ©s.

Les bannis : Tomates, poivrons, piments, aubergines, courges, courgettes, kiwanos, melons, pastĂšques, concombres, maĂŻs, et basilics.

Les valeurs sĂ»res : Carottes, navets, choux, choux fleurs, roquettes, laitues, artichauts, romarin, thym, Ă©pinards, oignons, dracocĂ©phallum, panais, verveines, poireaux, ail, blettes, cĂ©leri, menthes, sauges, persil, betteraves, et fĂšves.

Les fruitiers : NĂ©fliers du japon, agrumes, framboisiers, fraisiers, vigne, et baie de mai.

Les lĂ©gumes perpĂ©tuels (vivaces) : Chou Daubenton, chou maritime, ciboulettes, oignons rocambole, poireaux perpĂ©tuels, livĂšche, ciboulail, poire de terre, ail des ours, cive rouge vivace, oignon patate, persil tubĂ©reux, chervis, chĂątaigne de terre, ail rocambole, et capucine tubĂ©reuse entre autres…

Le poireau perpétuel
Photo : Fabre-graines.com
Le chou Daubenton
Photo : Pinterest.com
La poire de terre
Photo : Gammvert.fr
L’oignon rocambole
Photo : Jardiner-malin.fr
La cive rouge vivace
Photo : Alsagarden.com
L’oignon patate
Photo : Davesgarden.com

Ainsi commence cette nouvelle rubrique concernant la culture des lĂ©gumes vivaces(dit perpĂ©tuels). Je vous prĂ©senterai donc rĂ©guliĂšrement l’un d’eux, et vous dĂ©crirai ses intĂ©rĂȘts, mais aussi tous les bons conseils pour en rĂ©ussir la culture.

Excellent week-end Ă  tous !

Ben. MASON

LE DICTON DU JARDINIER :

« Mois de janvier laisse la terre se reposer. »

â„đŸ‚đŸŒŸđŸ‚â„

Publié par Ben. Mason

Jardinier autonome, spécialisé en éco-jardinage, et en permaculture.

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17 commentaires

    1. Merci beaucoup pour cet aimable message,
      Je verrai prochainement si la pratique confirme mes réflexions théoriques à ce sujet. Je tiendrai mes lecteurs informés des succÚs et déconvenues que je rencontrerai au gré de mes nouvelles expériences en la matiÚre.
      Je vous souhaite une belle semaine

      Ben

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  1. Salut Ben !!
    Ben ça c’est de la rĂ©flexion et c’est tout en ton honneur d’avoir eu tous ces discernements afin de rester dans les principes de la permaculture.
    Tu parlais de dur labeur en citant la taille et l’arrosage des solanacĂ©es et des cucurbitacĂ©es uniquement pour les apports d’eau. Ce sont des taches que je n’effectue plus depuis longtemps.
    J’arrose Ă  la plantation et ensuite je paille sur une vingtaine de centimĂštres. J’oblige les plantes Ă  aller chercher la fraicheur en profondeur. Et pour ce qui est des tomates, je ne les taille plus. Je laisse faire la nature mais dans ce cas, je les espace d’avantage et effectivement ça me prend d’avantage d’espace Ă  cultiver.
    Tu as entiĂšrement raison sur le plastique et sur les lampes led pour les semis que malheureusement j’utilise.
    Maintenant je suis un peu trop ùgé pour me lancer dans cette direction. Mais tu as entiÚrement raison de bifurquer.
    En tout cas, bravo à toi pour ces différentes réflexions trÚs pointues !!

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    1. Salut Jean-Claude,
      je te remercie pour tes observations et encouragements, en principe je ne taille pas les tomates non plus, en revanche je dois les tuteurer un peu car je suis exposĂ© Ă  beaucoup de vent. Il est vrai que le paillage nous fait Ă©conomiser bien des missions d’arrosage, mais dans mon cas, je n’ai pas suffisamment de matiĂšre organique pour pailler l’ensemble de mes planches de culture. Alors avec les Ă©tĂ© chauds et prolongĂ©s que nous avons ici dans le Var, c’est compliquĂ© de s’abstenir d’arroser.

      J’espĂšre avoir de bons rĂ©sultats en optant pour cette nouvelle alternative, le temps me dira si ce choix aura Ă©tĂ© judicieux. Je ne manquerais pas de tenir les lecteurs informĂ©s de l’avancĂ© de mes observations et de mon expĂ©rience avec ces nouvelles cultures.
      Je te souhaite une excellente fin de journée, et une belle semaine

      Ben

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      1. Tu n’as pas de taille d’arbustes, d’arbres,d’ arbres fruitiers, de pelouse Ă  tondre ? ça te ferait de la matiĂšre. Je ne vais jamais Ă  la dĂ©chĂšterie. Je recycle tout dans le jardin. J’ai de la chance que je suis Ă  cotĂ© d’une forĂȘt. Alors de la matiĂšre il y en a. Quasiment sans sortir de chez moi je n’ai qu’Ă  me baisser pour ramasser des branches mortes.. Etc.. Aux alentours il n’y a aucun produit chique. J’ai deux voisins, quand ils taillent ou qu’ils nettoient leur jardin, il m’amĂšnent les dĂ©chets. De ce cotĂ© lĂ  j’ai ce qu’il faut. Bonne soirĂ©e Ben et bon dĂ©but de semaine !!

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      2. 🙏Bonsoir cher Jean-Claude,
        Je te rĂ©ponds un peu tardivement car j’ai eu du mal Ă  trouver du temps cette semaine pour le faire.
        Point de vue biomasse disponible, je jongle avec plusieurs « quilles »đŸŽł.
        D’une part je sĂšmes des engrais verts que je fauche au moment opportun, mais j’apporte Ă©galement du BRF aimablement offert par une sympathique abonnĂ©e de ma rĂ©gion, cependant tout cela ne suffit pas Ă  pailler suffisamment mes nombreuses planches de culture. MalgrĂ© le compostage de surface que je pratique assidument, qui amĂ©liore effectivement la structure et la qualitĂ© biologique du sol, je m’Ă©chine Ă©galement chaque annĂ©e Ă  enlever les grosses caillasses afin de les dĂ©gager dans les allĂ©es du potager, ou pour former des rocailles et ainsi casser un peu l’effet du vent au niveau du sol. J’essai donc d’utiliser judicieusement les matiĂšres prĂ©sentes au jardin.🍀
        Le vent frĂ©quent et violent (mistral)🌬 s’ajoutant Ă  des Ă©tĂ©s de plus en plus chauds et secs (parfois pas une goutte de pluie durant 6 mois entre mars et septembre)đŸ˜Č💧đŸ˜Č, m’oblige tout de mĂȘme Ă  devoir beaucoup arroser entre juin et septembre. Comme j’ai coutume de le dire, dans l’agriculture varoise le soleil est le meilleur atout, mais Ă©galement la pire des plaies (notamment pour rĂ©aliser certains semis).🌞
        Aussi mes voisins de parcelles ne produisent guĂšre plus de biomasse pour pouvoir m’en distribuer ne serait-ce qu’une lichette.😱 Dommage! 😉
        Je continue donc de prospecter afin de pouvoir ĂȘtre plus autonome en terme de matiĂšre organique, et divers matiĂšres qui pourraient m’aider Ă  obtenir des paillages plus efficaces dans ma situation locale et mĂ©tĂ©orologique un peu particuliĂšre.
        Je te souhaite une bonne soirée et un beau week-end.

        Ben

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    1. 🙏Merci beaucoup pour ces mots encourageants, j’espĂšre que je rĂ©ussirais Ă  faire aussi bien que vos grands-parents. Il est vrai que les « anciens » savaient faire pousser toutes sortes de plantes utiles Ă  leur quotidien, ils avaient le sens pratique, ainsi que celui de l’observation, et une connaissance incroyable de la nature.

      Je vous souhaite moi aussi une excellente semaine.
      Ben

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  2. Je crois qu’on peut faire de tout, en tout cas pour ma part, je tente tout ! J’ai de la place, ça aide. Mes oignons rocambole pointent leur nez, j’ai aussi du chĂ©nopode, de l’oseille, de la rhubarbe, de la canneberge, des artichauts, des boutures de yacons (poires de terre) et prĂ©vois de l’ail rocambole , diverses menthes, des choux, j’espĂšre trouver du brocoli perpĂ©tuel, bref : plein de projets !
    Et je n’achĂšte pas de pots (je les rĂ©cupĂšre tous Ă  la dĂ©chĂšterie), pas de terreau (je tamise ma terre de forĂȘt), je ne chauffe pas mes plants.

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    1. Salut Sandrine, merci pour ce retour d’expĂ©rience encourageant, et bravo pour tes efforts en matiĂšre de prĂ©servation de l’environnement. J’espĂšre que ton exemple parlera Ă  d’autres jardiniers, et que nous serons de plus en plus nombreux Ă  faire plus attention Ă  nos pratiques de jardinage. Les lĂ©gumes perpĂ©tuels sont encore un peu mĂ©connus du grand public, mais je suis certains que bien des gens y viendront progressivement.
      Je te souhaite une bonne soirée et une belle semaine

      Ben

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  3. Votre nouvelle rubrique s’annonce trĂšs intĂ©ressante et vos rĂ©flexions sur le sujet sont trĂšs pensĂ©es comme d’habitude. Vous vous ne contentez pas de prĂ©senter des parcs , des fleurs, des lĂ©gumes et la maniĂšre de cultiver; vous pensez Ă  l’avenir, vous pensez environnement et adaptation au climat, Ă  la rĂ©gion adĂ©quate et cela me plait. Je vous souhaite pleine rĂ©ussite pour ce nouveau jardin. Bonne semaine

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    1. Merci Elienad,
      vos encouragements me font plaisir, je pense qu’il est toujours bon de remettre en cause nos mĂ©thodes de culture, cela nous permet d’ĂȘtre plus efficace, et nous donne l’occasion d’essayer de nouvelles approches qui souvent s’avĂšrent pertinentes. J’espĂšre que ces nouveaux choix de cultures et de façon de faire me donneront raison, et pleine satisfaction. Je tiendrais les abonnĂ©s et visiteurs informĂ©s de mes expĂ©riences successives avec ces cultures originales et prometteuses.
      Bonne fin de dimanche

      Ben

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  4. TrĂšs solide rĂ©flexion ! A cĂŽtĂ© de chez moi, ils ont créé il y 3 ans une petite forĂȘt nourriciĂšre. Je ne sais pas si en terme de travail, cela va changer qqch pour eux mais la biodiversitĂ© est la et peut-ĂȘtre que les diffĂ©rentes hauteurs de vĂ©gĂ©taux vont permettre Ă  certains de se mettre Ă  l’abri.
    Mes grands parents n’avaient pas de godets ou de serres en plastique. Les vĂ©gĂ©taux prĂ©sents Ă©taient trĂšs proches de ta future sĂ©lection.
    Ta rĂ©flexion est trĂšs intĂ©ressante car elle pose des questions fondamentales sur l’adaptation des vĂ©gĂ©taux au terrain et au climat.
    Je prĂ©pare un dossier sur la sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique car les mĂȘmes interrogations sur la façon dont nous allons nous sortir de cette đŸ’©.

    Merci Ben pour ce post.

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    1. Salut Alan,
      🙏Merci pour ton message qui vĂ©hicule des points trĂšs intĂ©ressants.
      Je suis complĂštement partisan du concept de jardin forĂȘt, que l’on appelle aussi forĂȘt nourriciĂšre, ou encore forĂȘt comestible. Je pense que de tels projets seront, s’ils se dĂ©mocratisent, une grande avancĂ©e et une chance pour la planĂšte, et pour l’humanitĂ©đŸ‘. Cependant, tu sais sans doute comme moi que les mauvaises habitudes ont la vie dure, et qu’il sera difficile de fĂ©dĂ©rer les paysans de ce pays, et d’autres dans cette aventure pourtant prometteuse.đŸŒŸ
      J’ai moi mĂȘme planter plusieurs fruitiers afin de pouvoir produire ombre aux cultures potagĂšres, support pour vigne ou autres lianes Ă  fruits, biomasse, et bonne structuration du sol. Il faudra toutefois quelques annĂ©es avant que ma mini forĂȘt prenne fiĂšre allure.đŸ€”đŸ˜ą

      Enfin, tes grands parents devaient effectivement bien connaĂźtre les lĂ©gumes et vĂ©gĂ©taux locaux, adaptĂ©s Ă  leur rĂ©gion, avec lesquels ils ont grandis. C’Ă©tait aussi le cas de mes grands parents, et de tant d’autres, puisse ce noble savoir ancestral se transmettre et se perpĂ©tuer.
      J’attends avec intĂ©rĂȘt ton prochain dossier concernant la sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique, et ne t’inquiĂštes pas nous finirons par finir de cette m…đŸ’©!

      Amitiés
      Ben

      Aimé par 1 personne

      1. Je pense comme toi qu’il s’agit d’une aventure prometteuse. C’est un juste retour aux sources finalement. Nous Ă©tions cueilleurs de forĂȘt autrefois. Aujourd’hui nous pouvons faire un mix entre cette nature ancestrale et nos connaissances de paysans et de jardiniers. L’avantage de cette pratique est l’interaction entre les vĂ©gĂ©taux, la biodiversitĂ© retrouvĂ©e , la densitĂ© de production vĂ©gĂ©tale au m2, une protection du sol contre la sĂ©cheresse et Ă  moyen terme sans doute aussi moins d’efforts pour les humains. Que certains paysans ne le comprennent pas aujourd’hui est normal car il faut du temps pour Ă©voluer et se sortir des enseignements des Ă©coles d’agriculture.
        J’ai hĂąte que tu fasses un dossier lĂ -dessus. Tes connaissances et tes recherches pourraient aider des gens Ă  amorcer ce type de projet.
        Bon week-end Ben et bon courage pour ton boulot.
        Alan

        Aimé par 1 personne

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